Manifestation à Sainte-Soline le 29 octobre 2022 - PHOTOPQR/LE COURRIER DE L'OUEST/MAXPPP
Le débat sur la construction des réserves d'eau agricoles enflamme la scène politique depuis quelques jours. Derrière ce sujet, un autre débat, par Hugo Clément, journaliste et présentateur de l’émission « Sur le front » sur France 5.
Ces immenses réservoirs, destinées à l’irrigation, sont soutenues par le gouvernement et combattues par les écologistes. Ce matin Hugo, vous nous dites qu'un sujet se cache derrière ce débat…
Oui, car il y a un éléphant au milieu de la pièce et personne ou presque ne semble le voir
On entend d’un côté les hydrologues, qui doutent de l’efficacité de ces bassines pour lutter contre la sécheresse.
De l’autre, des élus et certains agriculteurs, qui estiment qu’elles sont la solution pour ne pas manquer d’eau.
Mais on ne se pose pas assez la question suivante : comment est utilisée l’eau stockée dans ces réservoirs ? Qui en profite ? Ou plutôt, quelle culture en profite ?
La réponse, je vous la donne : c’est surtout le maïs.
Cette plante est très gourmande en eau pendant l’été, au moment où il fait le plus chaud, et a donc besoin d’être arrosée pour pousser correctement dans certaines régions.
A tel point que le maïs représente à lui tout seul près de la moitié de toutes les surfaces irriguées dans notre pays.
C’est colossal : on arrose CINQ FOIS plus de terres pour cultiver du maïs que pour faire pousser TOUS les légumes frais que nous consommons.
A-t-on besoin de ce maïs ?
C’est ça la question centrale ! En a-t-on vraiment besoin ?
Pour cela, il faut savoir ce que devient ce maïs qui pompe nos ressources en eau.
Si vous pensez qu’on le mange en salade, vous êtes très loin de la réalité.
Moins de 2% des cultures de maïs en France sont du maïs doux, destiné à l’alimentation humaine.
98% sont soit du maïs fourrage soit du maïs grain, qui servent en très grande majorité à nourrir les animaux d’élevage.
Ces animaux nourris au maïs sont principalement issus d’élevages intensifs de porcs et de volailles, mais aussi d’exploitations laitières.
Eh oui, derrière la question de l’irrigation et des méga-bassines se cache en fait l’industrie de la viande et du lait.
Construire de grands réservoirs agricoles permet, à court terme, de perpétuer le règne du maïs et de nourrir les trois millions d’animaux que nous envoyons à l’abattoir chaque jour en France.
Mais à long terme, cela nous conduit dans le mur.
Car la surproduction de viande, rendue possible grâce au maïs, aggrave le changement climatique, qui lui-même aggrave et multiplie les sécheresses… ce qui nous conduit à manquer toujours plus d’eau.
Bref, c’est un cercle vicieux !
Si l’on veut s’adapter efficacement aux sécheresses à venir, la priorité c’est surtout de réduire la part des cultures nécessitant d’être irriguées en plein été, notamment le maïs.
Sauf si on est prêt à fragiliser nos ressources en eau pour soutenir l’élevage intensif…
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Découverte d'une pratique agricole vertueuse en Lorraine, aux côtés des éleveurs Stéphane et sa fille Clémentine Naudé : dans cette ferme, les vaches ne mangent que de l'herbe !
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Le GAEC Romé est une exploitation agricole familiale, située dans le Nord-Toulois, à 25min de Nancy.
Les 170 hectares, en grande majorité attenants autour de la ferme, sont cerclés par la Forêt de la Reine, au sein du Parc Naturel Régional de Lorraine, gage d’un environnement préservé et d’un écosystème protégé.
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son fils Charly maraîcher qui nourrit ses terres avec le bon fumier des vaches, sont les gardiens heureux d’un grand écosystème qui fonctionne, qui est viable économiquement et permet de s’affranchir du système dominant à base d’engrais, de pesticides, de pétrole.
Une philosophie, une éthique, un bien être, une biocohérence pour les animaux, les humains et les paysages.
Tr.: ... polyculture-élevage ... biodiversité ... Meurthe-et-Moselle ... la variété florale fait médicaments de prévention pour les vaches ... l'arbre, la haie sont indispensables ... restauration des mares avec le parc ... observer les vaches ... il faut 4/5 ans de formation ... le coût de la mise en place est un investissement pour 25/30 ans ... que la ration de base d'herbe séchée soit la plus simple possible ...
Taillecavat (Gironde), reportage
Au cœur de la campagne bordelaise, une famille d’éleveurs laitiers a décidé de ne plus fournir l’industrie agroalimentaire et de nourrir les vaches intégralement à l’herbe. Ce changement de modèle de production vaut au Château Le Pis de produire aujourd’hui un lait d’exception.
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Dans les années 1980, il y avait 2.500 éleveurs laitiers en Gironde, il n’en reste que 63 aujourd’hui. ... la famille Mazière fait reproduire une race ancienne, la bordelaise, autrefois réputée pour les qualités gustatives de son lait. Dans les années 1890, elle est élue meilleure laitière de son époque. ... seule exploitation du département à pratiquer la monotraite, c’est-à-dire une seule traite par jour contre trois ailleurs. Nos vaches n’en ont pas besoin. On ne les pousse pas. On ne leur donne pas d’ensilage, ni de soja, pour qu’elles produisent plus », explique Lysiane Mazière. Les premières années, l’exploitation a vu ses chiffres chuter. La production moyenne par vache en Aquitaine est de 8.000 L par an et par vache , au Château Le Pis, c’est 3.600 L. « Si on parle quantité, on est les plus mauvais élèves d’Aquitaine ; en qualité, on est les meilleurs ! » assume fièrement Lysiane Mazière. Pour s’en sortir économiquement, la famille est passée à la vente directe et valorise par ailleurs son lait en fabricant des desserts. ... lait dit « cru » est en effet un lait simplement réfrigéré à 4 °C après la traite. Il ne se conserve que trois jours ... L’ensilage acidifie le lait. Quand les éleveurs ont commencé à nourrir leurs bêtes avec cet aliment (ici, c’était dans les années 1980), le lait est devenu imbuvable ... selon le docteur Dominique Angèle Vuitton, de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), le risque de contracter ces maladies est aujourd’hui quasi nul en raison des nombreux contrôles vétérinaires et de l’amélioration des conditions d’hygiène dans les élevages. La présence d’une flore lactique est en revanche nécessaire pour la santé. Par ailleurs, c’est aussi elle qui donne au lait ses qualités gustatives. ... L’exploitation est en conversion bio. Les résultats d’analyse sont tellement bons que l’organisme de certification leur a permis de gagner une année ...
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Comment acheter de façon responsable ? Lancée fin 2016, la marque C'est qui le patron ?! a pour ambition de réconcilier producteurs et consommateurs, les seconds s'assurant que le prix qu'ils paient permettent aux premiers de vivre de leur métier. Son fondateur, Nicolas Chabanne, est ce samedi l'invité d'Yves Decaens.
Nicolas Chabanne, co-fondateur de la marque C'est qui le patron ?! © C'est qui le patron
Depuis son lancement fin 2016, la marque C'est qui le patron ?!, imaginée par des consommateurs, a séduit quelque 11 millions de clients avec une vingtaine d'articles en vente : du lait, du beurre, de la farine, de la compote, du chocolat, du jus de pommes... Un succès fulgurant qui s'explique par son principe éthique : un prix décidé par le consommateur qui puisse, en bout de chaîne, assurer au producteur un revenu suffisant et décent pour vivre.
La saga de cette coopérative se raconte dans un livre, paru en mai, aux éditions Marabout : C'est qui le patron ?! Une histoire qui pourraient révolutionner notre façon de consommer, écrit avec la collaboration de Françoise-Marie Santucci.
Le fondateur de C'est qui le patron ?!, Nicolas Chabanne, répond aux questions d'Yves Decaens.