Le pamphlétaire Juan Branco a présenté sur Twitter l'enregistrement d'une conversation datant de 2016 entre François Ruffin et Emmanuel Macron comme une preuve inédite de la duplicité du député de la France insoumise. Une accusation qui ne résiste pas à l'épreuve des faits…
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François Ruffin aurait-il instrumentalisé des employés en difficulté pour, de connivence avec Emmanuel Macron, servir ses ambitions politiques avec cynisme ? C'est la thèse appuyée par Juan Branco, qui estime que le journaliste a "écumé les médias" grâce à cette affaire avant d'être élu député, et dresse un parallèle avec les face-à-face tendus qui se sont produits depuis lors, à deux reprises, entre Ruffin et Macron au siège de Whirlpool à Amiens. "Ils ne sont pas corrompus. Ils sont la corruption", martèle l'auteur de Crépuscule dans son style grandiloquent.
Ruffin assume
Une thèse accusatrice qu'une analyse plus froide vient pourtant vite démentir… Tout d'abord, l'enregistrement sonore n'a rien d'un scoop, puisqu'il avait déjà été publié en octobre 2016 par Radio Nova à l'occasion d'une émission intitulée "QG de campagne". Surtout, l'écoute intégrale fait lire la scène sous un jour différent : François Ruffin et Emmanuel Macron tiennent en effet ce dialogue... sous les yeux des représentants d'Ecopla, qui se sont rendus au QG de l'ancien ministre sur les conseils du fondateur de Fakir.
Donc le "scoop" sur la stratégie Ruffin-Macron pour aider les salariés d'Ecopla est un extrait d'une émission de @laRadioNova diffusée en 2016 qui, avec le contexte, prend tout son sens https://t.co/B1lfBAcPEW pic.twitter.com/ER2RfKBp9d
— Thomas Vampouille (@tomvampouille) November 26, 2019
C'est donc bien avec l'accord des salariés d'Ecopla, et non dans leur dos, que François Ruffin a "dealé" avec Emmanuel Macron cette stratégie, revendiquée comme telle dans l'émission puisque François Ruffin déclare à la journaliste de Radio Nova : "Là, celui qui est la clef du dossier, c'est Macron, parce que Macron, il est en pleine lumière donc il faut lui bouffer un peu de sa lumière pour les faire exister [les salariés d'Ecopla, ndlr]". Une subtilité qui n'apparaît pas dans le montage de Juan Branco... Le député picard répète au Figaro, qui a consacré un article à l'affaire : "Je n’ai pas envie de me cacher sur ce truc-là. Je n’ai pas honte. J’étais dans un combat pour sauver des salariés d’une boîte située au fin fond de l’Isère. J’avais une carte Macron à jouer, je l’ai jouée. Et j’ai d’ailleurs joué d’autres cartes avec d’autres candidats à la présidentielle au même moment". Ruffin précise qu'à cet instant, "le but n’était pas d’enfoncer Emmanuel Macron mais d’aider les salariés dans leur bataille". Un coup de communication savamment calculé, assurément. Mais assumé, et depuis trois ans.