Parce qu’il n’est plus possible que seuls “les milieux autorisés” soient autorisés à penser notre monde, ses réalités et ses combats. Cette émission se veut le carrefour des intellectuels, penseurs et acteurs des luttes sociales dissidents et/ou invisibilisés.
Depuis plus d'un an, à la faveur de la crise sanitaire, le racisme anti-Asiatiques a atteint des paroxysmes. Avec Ya-Han Chuang, autrice de "Une minorité modèle ?", nous revenons sur l'histoire de ce phénomène aux origines anciennes.
L’assassinat, en 2016, de Chaolin Zhang a rappelé un sujet trop longtemps réduit au silence : le racisme anti-Asiatiques. Le contexte lié au COVID, qui a vu les agressions contre les communautés asiatiques augmenter, a permis de remettre le sujet sur le devant de la scène. Néanmoins, le traitement du racisme anti-Asiatiques dans les médias reste encore trop parcimonieux et approximatif. Ce silence médiatique pourrait laisser croire qu’il s’agirait d’un phénomène récent, voir qu’il n’existerait pas du tout.
Il n’en est rien. Le racisme anti-Asiatiques est un phénomène qu’on peut aisément historiciser. Au XIXème siècle, lorsque les puissances occidentales forçaient la Chine et le Japon à ouvrir leurs frontières commerciales et que la France colonisait l’Indochine, le racisme anti-Asiatiques était déjà très présent dans l’espace public. A cet époque, on parlait ouvertement de « péril jaune » ; un concept pointant du doigt une Chine jugée arriérée et à la civilisation décadente, civilisation également jugée « dangereuse » pour la civilisation occidentale. Dans l’histoire plus récente, les stéréotypes visant les communautés asiatiques ont continué d’être alimentés par les médias, le cinéma et l’opinion publique.
« Sournois » ou « envahisseur » pour les uns, « immigrés modèles et dociles » pour les autres ; les stéréotypes racistes et xénophobes n’ont jamais manqué pour qualifier les communautés asiatiques.
Ces clichés servent d’ailleurs de titre à l’ouvrage de Ya-Han Chuang : « Une minorité modèle ? », paru chez les éditions La Découverte. Ya-Han Chuang est sociologue à l’Ined et est l’auteure de cet ouvrage, qui est le fruit d’une longue enquête sociologique sur la communauté chinoise et le racisme systémique qu’elle subit, elle aussi.