7 novembre 2024 par Emma Bougerol
Les journalistes Pierre Plottu et Maxime Macé enquêtent depuis des années sur l’extrême droite radicale. Leur premier livre s’intitule Pop fascisme. Comment l’extrême droite a gagné la bataille culturelle sur Internet. Entretien avec Pierre Plottu.
Démocratie Temps de lecture : 11 minutes #entretiens #comprendre le vote #droites extrêmes
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Internet a cet avantage indispensable pour eux : la désintermédiation. C’est-à-dire le fait d’enlever le filtre du journalisme, notamment, entre l’émetteur et le récepteur. Ils ont un crédo précis : le lifestyle. Ils vont parler de sport, du physique, du bien-être… En surfant sur la fable que le bien-être physique apporte le bien-être mental, mais aussi sur « l’ambiance entre copains »
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présenter l’image non pas de quelqu’un qui va vous parler de politique, mais de quelqu’un qui va vous dire « les vraies choses » ... commencent leurs vidéos en appelant leur communauté « les amis ». C’est un gimmick qui revient énormément parce qu’appartenir à une communauté, c’est appartenir à un entre-soi
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Le racisme, l’anti-progressisme, le masculinisme, l’anti-« wokisme »… Une vision réactionnaire qui transparaît très vite à travers le discours
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en termes de communautés, ce sont des millions et des millions de gens abonnés. Selon moi, il faut prendre le problème à l’envers. Plutôt que de savoir quel poids pèse untel ou untel, puisqu’on parle de personnes qui prônent des idées et mènent un combat culturel et politique, il faut analyser comment infusent leurs idées racistes, y compris antisémites, et anti-progressistes.
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élargit à grands coups de pieds la fenêtre d’Overton [les discours considérés comme acceptables ou non choquants par une majorité de l’opinion publique, ndlr] ... L’absence du journaliste, l’absence de questions qui fâchent, l’absence de mise en perspective, l’absence du moindre obstacle qui permettrait d’éviter de sortir des insanités ou de se contredire d’une phrase à l’autre pendant une vidéo de deux heures… Tout ça, c’est du pain béni pour des gens dont le combat ne réside pas dans le travail, mais dans le discours.
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appâter les gens sans parler de politique, mais en leur parlant in fine de politique ... caricaturer pour ne surtout pas avoir à débattre et créer une figure repoussoir ... des stratégies. La première, c’est le featuring. Par exemple, quand Alain Soral était ultra dominant, c’était important de s’y référer. Et sinon, il y a la stratégie du clash. Le but, c’est de faire parler de soi, en bien ou en mal.
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le renversement sémantique, le fait d’user de codes – la pilule rouge [qui représente l’éveil à une prétendue vérité, ndlr], le « qui ? » [sous-entendu antisémite qui fait référence à un « complot juif »], les golems [créatures de la mythologie juive utilisée par l’extrême droite antisémite en ligne pour désigner des personnes obéissantes et dociles]… Utiliser des périphrases pour ne pas se faire toper par les algorithmes
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chercher d’autres plateformes. Désormais, ils sont tous sur Telegram, sur Twitter, sur Instagram, sur Deezer et Spotify pour leurs podcasts…
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Ces élections législatives ont tout bousculé ... il y a eu une espèce de 21 avril 2002 sur Internet. Pour la première fois, la brique principale de la contestation a été en ligne. C’est là qu’on a vu des influenceurs se mobiliser – dont il faut saluer le courage – et des collectifs se créer pour dire « non » au RN et prendre position, malgré le fait que leurs contenus sont pour beaucoup très éloignés de la politique. On s’est rendu compte que ça marchait, que les jeunes qui suivent ces influenceurs de gauche ont répondu à l’appel.
La fachosphère, c’est un objet presque physique. Ce sont des réseaux, une stratégie, des personnalités-clés, des événements physiques, des objets, des business, etc. La sphère de gauche n’existe pas vraiment. Malgré cela, elle est quand même plus puissante que la fachosphère. Si, en vue d’une prochaine élection présidentielle, la gauche arrive déjà à comprendre sa force de frappe, sa puissance, son potentiel de force de frappe et qu’elle essaye de mettre en musique, de créer une sphère équivalente pour contrecarrer l’extrême droite, alors, elle peut gagner.
D’abord il y a eu Greta venant de Suède en train pour ne plus avoir à prendre l’avion. Puis les Gilets Jaunes en France ont réclamé plus de justice fiscale dans la mobilité, s’en prenant ouvertement à l’aérien. Et enfin des discussions au plus haut niveau gouvernemental (aux Pays-Bas, en Allemagne, en France, etc.) ont émergé pour remettre sur la table le vieux serpent de mer de la fiscalité sur le kérosène. Ce qui a notamment débouché en France sur une proposition d’écotaxe aérienne.
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Dans ce contexte pour le moins agité, la directrice générale d’Air France, Anne Rigail, a annoncé que la compagnie nationale allait compenser, à partir du 1er janvier 2020, 100 % des émissions de CO2 de ses vols domestiques [1][2]. Cela représente 500 vols par jour… et environ 3,5 millions de tonnes de CO2 chaque année (combustion seule).
Selon la DG, « [Air France va] financer des projets de plantation d'arbres, de protection de forêts, de transition énergétique ou encore de sauvegarde de la biodiversité. Cela pourrait correspondre, par exemple, à planter l'équivalent de 70 millions d'arbres. ».
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rien ne contraint Air France à s’engager dans ce dispositif. Ni la réglementation, ni même le prochain mécanisme de marché CORSIA s’appliquant au secteur au 1er janvier 2021… pour les vols internationaux uniquement. En ce sens, cette décision mérite donc d’être saluée, d’autant plus qu’Air France ne fait assurément pas partie des compagnies les plus rentables sur le marché.
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au regard de l’enjeu de neutralité carbone globale de l’activité humaine d’ici 30 à 40 ans, seuls deux leviers constituent notre salut : la réduction drastique de nos émissions d’une part et l’accroissement de la séquestration physique et pérenne du carbone résiduel d’autre part. L’un n’allant pas sans l’autre, comme le GIEC le rappelle avec insistance.
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La compagnie devrait à cet égard ne se sourcer qu’en crédits issus de projets de puits réels et additionnels de carbone, tels que des plantations de forêts sur terres dégradées ou de développement de systèmes agroforestiers (toujours sur terres dégradées), par exemple. Bien que ces projets n’apporteront jamais de compensation littérale des émissions au sens physique du terme (à cause du temps que les arbres mettent à pousser, du fait des incendies, des maladies : voir l’excellent article d’Alain Karsenty, du CIRAD, au sujet de Total et des forêts [4], ils contribueront à séquestrer du carbone en plus, tout en améliorant les conditions de vie localement.
En tous cas, oubliés les crédits REDD+ à l’intégrité climatique insuffisante !
Le secteur n'a pas de stratégie à la hauteur de l'enjeu
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la compensation ne doit en aucun cas occulter la question fondamentale qui ne concerne d’ailleurs pas qu’Air France, mais tout le secteur aérien : comment réduire par 2 en absolu les émissions de CO2 de l’aviation entre 2005 et 2050 ? C’est non seulement un engagement collectif (supporté par ICAO et IATA), mais aussi le bon ordre de grandeur pour que la trajectoire des émissions du secteur soit compatible avec la neutralité carbone de nos activités à l’échelle globale.
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cette contradiction portée par la croissance n’est pas l’apanage de l’aviation, mais traverse à peu près tous les secteurs économiques
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intégrer toute tentative de neutralité dans une approche qui dépasse l’entreprise, à l’échelle territoriale par exemple. Dans le cas d’Air France, la bonne question à se poser devrait plutôt être : « comment je fais pour être un contributeur actif à la neutralité de la France à l’horizon 2050 ? ». Et la réponse ne serait pas forcément la même que celle apportée aujourd’hui par la compagnie.
C’est pourquoi nous recommandons à Air France d’adopter dès maintenant une sémantique différente, en passant de « compensation carbone » (synonyme d’annulation des émissions, ce qui est inexact) à « contribution à la neutralité ».
Le projet nous a permis de développer des innovations technologiques majeure en open source
Le bus sémantique : cet outils d’agrégation permet une réactualisation automatique des données pour chaque initiative (agenda, annuaire, situation géographique…) dès la source mise à jour en les transformant en web sémantique¹
GoGoCartoJs : est une application web gratuite et open source pour visualiser des données sous forme cartographique. Elle est optimisée pour de large jeux de données, et propose un système de filtres avancé. N’hésitez pas à consulter la documentation pour la réutiliser !
SemViz : SemViz est une architecture d’interfaces web sur navigateur qui permet de faciliter la conception et la réalisation de celles-ci. L’objectif est de pouvoir obtenir l’interface en déclarant uniquement les composants de visualisation et les sources de donnée sémantiques.
POLITIQUE
Castaner parle des proviseurs comme de "patrons", tollé sur Twitter
En déplacement à Marseille, le ministre de l'Intérieur s'est fait remarquer par un glissement sémantique malvenu. ...
Connu / https://framasphere.org/posts/6715932
Posté par AlbertFR le 08/07/13 à 21:57. Édité par 4 contributeurs. Modéré par Xavier Claude
Système de billets courts (« short-blogging »), sans limitation de caractères, mais avec un intérêt tout aussi important (et vous pouvez le déployer/gérer chez vous en ces périodes de #PRISM). La barrière des 140 caractères est ainsi franchie.
Basé sur SPIP 2.1 (mais à aucun moment vous n'aurez à l'utiliser dans son coté spipien), Seenthis vous permet à la manière d'un Twitter ou d'un Google+ de taguer, partager, insérer des images, documents ou vidéos directement dans votre contenu.
Facilite le travail de veille, grâce aux hashtags utilisés dans vos contenus en les regroupant par thèmes, classifie vos liens en les hiérarchisant…
On y trouve d'ailleurs des noms connus de la toile francophone : dont Le monde diplomatique, reflets.info, feu owni.fr, etc. qu'il est d'ailleurs très facile de suivre.
Seenthis est toujours en cours de développement et s'améliore chaque jour.