Les associations de protection de l'environnement estiment que le chantier de construction de 16 réservoirs d'eau dans le département a pris un mauvais départ pour atteindre ses objectifs environnementaux.
Une mégabassine, à Mauzé-sur-le-Mignon dans les Deux-Sèvres, le 22 septembre 2021. (DELPHINE LEFEBVRE / HANS LUCAS / AFP)
Haro sur les mégabassines. Environ 4 000 personnes se sont mobilisées, samedi 29 octobre, contre la construction à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) d'une immense réserve d'eau artificielle de 720 000 m3, un volume équivalent à 288 piscines olympiques. Le rassemblement s'est soldé par des dizaines de blessés parmi les manifestants et les gendarmes.
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Le collectif Bassines Non Merci dénonce le risque d'assèchement des cours d'eau, d'évaporation accélérée, ou encore de pompage non contrôlé des nappes phréatiques. Les opposants accusent aussi les agriculteurs de ne pas respecter les engagements environnementaux qu'ils ont contractés en contrepartie de leur droit d'accès à l'eau des bassines.
Un protocole d'accord signé en 2018
"Ces agriculteurs réunis en coopérative dans les Deux-Sèvres (...) devaient s'engager à interdire les pesticides, à sortir d'un certain nombre de cultures destructrices. Aucun engagement n'a été tenu, nous sommes dans une supercherie", a ainsi déclaré le député EELV du Val-d'Oise Aurélien Taché, mercredi 2 novembre, sur Public Sénat.
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plusieurs formes. "La conversion à l'agriculture biologique, l'utilisation de technique de désherbage mécanique, l'augmentation de la rotation de la culture, la diversification des plantations, la réduction de l'utilisation des pesticides", énumère François Pétorin, administrateur de la Coop de l'Eau 79, une société privée qui gère l'infrastructure des réservoirs.
Un objectif de réduction de 50% l'usage de pesticides
... Patrick Picaud, président de l'association Nature Environnement 17
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Dans un bilan présenté le 9 février 2022 (document PDF), la préfecture des Deux-Sèvres relève une diminution de 10% de l'usage des pesticides sur la première phase du projet. Une baisse due à la conversion au bio d'un seul exploitant, "aucun des agriculteurs conventionnels n'ayant pris l'engagement de réduire les pesticides", souligne Michel Buntz, président du Collectif de citoyens pour le respect de l'environnement sur leur territoire Val-du-Mignon (CCRET). ... le porte-parole du collectif Bassines Non Merci, Jean-Jacques Guillet
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l'objectif de plantation de haies a été dépassé, avec près de 18 km plantés, soit plus du double de la longueur initiale envisagée. "On ne peut rien tirer" de ces chiffres, juge toutefois Patrick Picaud, président de Nature Environnement 17. Pour lui, l'efficacité écologique de ces haies ne peut être évaluée qu'au regard de la taille des parcelles aménagées, qui n'est "pas connue", faute de "transparence".
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"Le protocole prévoit la mise en place d'un observatoire chargé de suivre tous les ans les engagements, mais notamment à cause du Covid-19, il n'est pas encore opérationnel", souligne François-Marie Pellerin, vice-président de la Coordination pour la défense du Marais poitevin
Agriculture - Pêche - Cramchaban
Après 14 ans de combat judiciaire, la cour administrative d'appel de Bordeaux a confirmé mardi l'annulation de l'autorisation pour cinq réserves de substitution à Cram-Chaban, La Laigne et La Grève-sur-Mignon (Charente-Maritime). Les irrigants devront sans doute reprendre le dossier de zéro.
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L'une des cinq bassines du secteur de Cram-Chaban. Si les agriculteurs peuvent les remplir, c'est uniquement comme réserve "tampon", car leurs systèmes d'irrigation partent de là. En revanche, pas le droit de "stocker" l'eau l'hiver. © Radio France - Julien Fleury
Clap de fin pour 14 ans de bataille judiciaire à Cram-Chaban (Charente-Maritime), aux confins du Marais poitevin et de la plaine d'Aunis. Mardi 17 mai, la cour administrative de Bordeaux a confirmé l'annulation de l'autorisation d'exploiter cinq bassines accordée par la préfecture sur les communes de Cram-Chaban, La Laigne et La Grève sur Mignon. Des réserves de substitution dont l'étude d'impact sur les milieux est toujours jugée défaillante, malgré les compléments apportés l'an dernier à l'occasion d'une nouvelle enquête publique.
L'an dernier, deux de ces cinq ouvrages avaient par ailleurs fait l'objet de dégradations dans le cadre de la mobilisation citoyenne contre d'autres projets de bassines dans le Marais poitevin. Si la justice confirme que ces bassines sont bien illégales, les irrigants eux soulignent que leur construction s'est déroulée dans les clous, avec un permis d'aménager délivré en 2009 par le préfet malgré une première décision négative de la justice pour leur exploitation.
Pendant ce temps, la sécheresse fait des ravages
"On perd sur des détails !", fulmine Thierry Boucard, l'agriculteur de La Laigne qui porte ce projet depuis une vingtaine d'années, et qui hésite encore à porter l'affaire devant le Conseil d'État.
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Pour Nature Environnement 17 qui a porté le combat contre ces bassines durant plus d'une décennie, c'est surtout le résultat d'un modèle agricole inadapté à l'eau disponible dans notre région. "Nous étions en cellule sécheresse lundi, et on a découvert que les agriculteurs ont encore planté énormément de maïs", soupire Patrick Picaud de NE17, habitant lui aussi le secteur, et pourfendeur impitoyable de ce projet démesuré selon lui. Patrick Picaud qui ne se fait pourtant pas trop d'illusions pour la suite : "l'Etat a renouvelé son soutien aux bassines en général, la réglementation est en train de changer pour les faciliter". Et même si ce projet de Cram-Chaban repart de zéro et que la procédure prend des années, ces géants de terre qui barrent l'entrée du Marais poitevin finiront sans doute un jour par entrer en fonction.
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