Clés : Démocratie ; Écologie
Lundi 29 juin 2020, Emmanuel Macron a reçu les 150 citoyens tirés au sort de la Convention Citoyenne pour le Climat dans le jardin de l’Élysée pour donner sa réponse tant attendue à leur rapport final – comprenant 149 mesures - rendu une semaine plus tôt à l’exécutif. Durant cette séquence, il a pris des engagements forts sur une modification de l’article 1 de la Constitution ou encore un moratoire sur les zones commerciales MAIS il a aussi dégainé 3 jokers, écarté certaines mesures, et laissé un flou sur bon nombre d’entre elles… Si bien que certaines ONGs, comme le Réseau Action Climat, dénombrent au final près de 7 jokers au total.
Paloma Moritz, journaliste indépendante, qui a suivi pour Onestpret les coulisses de la Convention depuis ses débuts en octobre 2019, décrypte ce moment politique et explique pourquoi le combat pour faire appliquer ces mesures est encore loin d’être gagné tant les « jokers » semblent se multiplier au fil des annonces des ministres, et ce dans la plus grande confusion.
Pour rappel, la Convention Citoyenne pour le Climat ce sont 150 citoyens tirés au sort, une sorte de France en miniature, qui après avoir pris une immense claque en entendant le diagnostic scientifique sur l’état de notre planète ont travaillé durant 9 mois pour proposer des mesures afin de réduire nos émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40% (par rapport à 1990) d’ici à 2030, dans un esprit de justice sociale. Ils ont auditionné des experts, des ONGs, des entreprises...ont débattu, ont travaillé les soirs, les week ends, tout cela pour proposer des solutions pour faire face à l’urgence climatique sans mettre personne de côté.
Emmanuel Macron a accepté de mettre en place cette Convention Citoyenne après des semaines de négociations avec notamment le collectif Gilets Citoyens qui l’avait demandée pour proposer une réponse au mouvement des Gilets Jaunes et manifestations climat.
La promesse de base du président était de transmettre sans filtre les propositions des 150 citoyens tirés au sort à application directe, au parlement ou via un référendum.
Les 150 citoyens avaient initialement demandé que deux sujets soient soumis à référendum : la réforme du préambule de la constitution, qui en l’état a été rejeté par Emmanuel Macron, et l’intégration de la notion d’écocide dans la loi qui a aussi été écartée. Finalement, deux “nouveaux” référendums sont annoncés et choisis par Emmanuel Macron :
L'introduction des notions de “biodiversité, d’environnement et de lutte contre le réchauffement climatique “ dans l’article premier de la constitution d’ici fin 2021.
Un second à questions multiples sur plusieurs projets de lois (qui seront précisés cet été).
Lors de son discours, le président a donné aux 150 un droit d’alerte sur le suivi de leurs propositions. Une arme dont ils sont prêts à se saisir à tout moment comme il l’ont expliqué dans un récent communiqué émis par leur association. À l’image des Français, les 150 citoyens ne sont donc pas dupes des annonces du Président et le jugeront sur des actes, des lois et des décrets plutôt que sur un beau discours.
En septembre, les 150 se réuniront à nouveau pour une dernière session : une réponse à la réponse de Emmanuel Macron, un moment très important pour la suite de la Convention… Car dans ce dispositif ce sont les citoyens qui ont le dernier mot et ils pourront alors dire s’ils sont satisfaits de la réponse et des actes du chef de l’État ou au contraire s’ils se sentent trahis ce qui serait un sacré coût politique pour un président qui peine à convaincre d’un vrai virage vert. D’ici là, nous devons toutes et tous être en soutien des 150 et de leurs propositions et surtout rester vigilants pour que leurs mesures votées démocratiquement au travers d’un processus inédit - que les Gilets jaunes avaient eux-mêmes poussé- ne soient pas dénaturées et mises de côté par un exécutif aveugle à l’urgence environnementale.
Connu / https://twitter.com/PalomaMoritz/status/1279453723224391680
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Paloma Moritz @PalomaMoritz Pour @LeMediaTV, je décrypte les jokers qui se multiplient face à la #ConventionCitoyenne, alors que les rencontres et travaux avec @les150ccc
n'ont même pas encore commencé ! Restons http://mobilisé.es pour que la promesse démocratique soit respectée. #Imagineonlefait
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Le Média @LeMediaTV · 18h
CONVENTION POUR LE CLIMAT : MACRON ARNAQUE LES CITOYENS
"Ils ont été 150 à formuler ces mesures et nous devrions désormais être 67 millions à garantir qu’elles seront débattues, prises en considération, chacune sans exception et sans nouveaux jokers." #ConventionCitoyenne
9:59 - 7,7 k vues - 22 Mo - 6:35 PM · 4 juil. 2020·Twitter Web App - 51 Retweets 81 J'aime
Nasdine Hodja @NasdineH · 15h En réponse à @PalomaMoritz @LeMediaTV et @les150ccc
Aucune crédibilité ni pour Macron, ni pour ces « bon français » qui se sont prêtés à cette bouffonnerie où tout était planifié d’avance par le Monarque.
Warhol parlait de 1/4 d’heure de gloire pour chacun ; ceux-là auront eu leur 6 mois de honte.
Christophe Albertini☀️☀️☀️@christalbe·2h En réponse à @PalomaMoritz @LeMediaTV et @les150ccc
Très bon reportage ,calme et lucide merci Minerve20395602 @Minerve20395602 · 16h
En réponse à @PalomaMoritz @LeMediaTV et @les150ccc
Je n'ai aucun contrat moral avec un type qui ne sait même pas ce qu'est la morale.
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4 952 vues - 200 - 13 - 256 k abonnés
150 citoyen·ne·s sont actuellement tiré·e·s pour rejoindre la convention citoyenne pour le climat. Mais un gouvernement obsédé par la réduction des déficits peut-il accepter de dépenser plus pour le climat ? L’exécutif est-il prêt à lâcher ses prérogatives de décisions ? Et quel crédit accorder à cette initiative face à un pouvoir qui mutile et terrorise les manifestants ? Débat.
Catégorie Actualités et politique 100 commentaires
Transcription :
... Mr Maxime Chénin chélin ? j'identifie une brèche positive et deux points qui sont vraiment problématiques. La + c'est l'esquisse de l'introduction d'une démocratie du tirage au sort. C'est nouveau et on peut s'en saisir pour pousser les feux, alimenter cette dynamique et pousser plus loin, généraliser cette démocratie du tirage au sort à l'exigence d'un tirage au sort universel de tous les élus par ex. En tout cas, commencer à installer ces questions dans le débat public avec des mandats uniques non renouvelables, des mandats impératifs. Et rappeler de ce point de vue là il faut absolument contredire l'iidéologie dominante selon laquelle l'élection serait seule démocratique alors que historiquement, l'élection, c'est une procédure aristocratique, pas démocratique. La vraie procédure de la démocratie, ça a toujours été le tirage au sort, sauf depuis qu'on a inventé la démocratie représentative ya 2 siècles. Comment agrandir cette brèche ?
Ya 2 pb potentiellement graves : Le 1er c'est le rétrécissement autoritaire du champ de délibération de l'assemblée à la seule question des émissions de gaz à effet de serre qui est une q purement technique. La démocratie délibérative, c'est de décider des questions qu'on va délibérer. Là, on reçoit un pb tombé du ciel sans doute important. Mais ya plein de manières de réduire nos ém de ges sans toucher à d'autres désastres écologiques qui sont aussi importants. Passer de la voiture à essence à la voiture électrique, ça a dû se faire en fr pourtant c'est pas du tout une solution écolo. Pareil pour un certain nbre d'énergies renouvelables industrielles. Donc le pb c'est que il faut que les citoyens qui participent à cette convention et ceux qui veulent la soutenir refusent d'être traités comme des mineurs qu'on va former avec des experts prétendus neutres parce que ya pas de neutralité du savoir scientifique.
C'est pas du tout la même chose d'aborder la q du climat et de la réduction des ges avec un ingé physicien comme jeau-Marc Jancovici ou un historien de l'environnement comme Jean-Baptiste Fressoz. ILs ne vous diront pas du tout les mêmes choses, ils n'aboutiront pas du tout aux mêmes conclusions ni préconisations. Là on a déjà un pb fort qui est que on peut pas considérer que l'assemblée est constituée de citoyens vierges de toutes convictions qui doivent être formés par des experts extérieurs. Et 2è pb : la mise sous tutelle de cette convention citoyenne par le comité de gouvernance qui est composé de 15 personnes, en gros 15 experts de la démocratie, du changement climatique, etc. Et dans la lettre de mission, ce comité doit assurer le pilotage de cette convention, superviser la mise en oeuvre de son programme de travail, définir son règlement intérieur et ses méthodes de travail. C'est quand même lourd, ça veut dire que on a un comité qui lui n'est pas du tout tiré au sort qui est constitué d'experts plutôt proches du pouvoir ou des universitaires, des savants, qui sont là pour piloter, superviser et définir les méthodes de travail de l'assemblée. Où est la démocratie ? La dém délibér c'est la liberté de déterminer par soi-même, de façon autonome ce dont on veut parler et ce qui importe.
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terminer ACT
Le comité La Bouscule répond aux écolo-macronistes
L’An Zéro, saison 1, épisode 4. Après l’annonce de la tenue fin août d’un festival écolo macron-compatible sur la commune de Gentioux-Pigerolles, sur le plateau de Millevaches, diverses oppositions s’étant manifestées, dont celle du Comité La Bouscule, des bénévoles de la Bascule, le ’lobby citoyen’ porteur du projet, ont appelé en catastrophe à une rencontre avec les habitants du plateau sur la commune de Faux-la-Montagne (Creuse). Après cette rencontre, la Bascule a annoncé annuler la tenue du festival sur le lieu prévu, et son leader (absent ce jour-là comme toujours) s’est plaint que ses bénévoles se soient fait « insulter, menacer et violenter ». M. de Rostolan ayant eu tout loisir de faire avaliser son récit par la presse locale et nationale (La Montagne, Le Populaire, France Bleu, France 3, l’Opinion, "quotidien pro-business", etc.), lundimatin, fidèle à son souci d’impartialité, donne la parole ci-dessous au Comité La Bouscule qui, contrairement à M. de Rostolan, se trouvait sur place. D’ores et déjà, une question nous intrigue, à laquelle nous aimerions que les bénévoles répondent eux-mêmes : s’ils ont été brutalisés comme le raconte leur leader, comment se fait-il qu’ils soient après la réunion allés boire des bières avec leurs contradicteurs ? Ont-ils été pris du syndrome de Stockholm ?
Mais quand cesserez-vous de prendre les gens pour des cons ? Le grand ennemi d’un langage clair est l’insincérité… Notre temps est tel qu’il n’y a plus nulle part où l’on puisse se prétendre « hors politique ». Toutes les questions sont devenues politiques. Quand le climat général est mauvais, le langage aussi doit souffrir. George Orwell, Politique et langue anglaise, 1946
Nous nous sommes ainsi trouvés une soixantaine face à huit jeunes bénévoles de La Bascule plus ou moins perchés et à la chargée de com’, Lena Abbou, qui l’était beaucoup moins. Cette professionnelle des relations publiques a beau avoir exercé ses talents pour le compte du ministère israélien des Affaires étrangères autant qu’au Conseil régional Jeunes d’Ile-de-France, ... Avant de sortir de leur « écosystème », les basculeurs croyaient que leur invraisemblable sabir managérial à peine digéré de l’école constituait une façon de parler comme une autre, et non une insulte à l’intelligence. Que tous ces gens qui tentent de construire et d’expérimenter des sorties de la catastrophe qu’est cette civilisation, font cela bêtement dans leur coin en attendant que des basculeurs qui ne savent rien faire viennent les « relier entre eux » et « médiatiser leur expérience ». Que le « combat idéologique » à mener pour en finir avec le désastre pourrait se faire dans le langage de l’innovation, du management et des entrepreneurs, bref : de l’économie. Que déclarer « l’idée de gouvernance partagée, ça a changé ma vie », ou « les gilets jaunes, c’est la co-définition » va vous attirer autre chose que des sarcasmes bien mérités. Ou que concéder au final « c’est vrai qu’on a des points communs avec Macron » n’équivaut pas à clore la discussion en concédant la victoire à ses contradicteurs. ... Pour tout observateur sincère, ce qui s’est passé lundi 1er juillet autour du lavoir municipal de Faux la Montagne, au terme de deux heures d’argumentation vivace et serrée entre deux positions opposées - l’une qui soutient que c’est avec les catégories, les moyens et le personnel du capitalisme que l’on échappera au désastre où il nous a mené, et l’autre que ce n’est pas avec ceux qui ont détruit le monde qu’on va le réparer – c’est une victoire à plate couture de la seconde. ... le combat a été mené à la loyale, sans quoi les basculeurs ne nous auraient pas suivis au bar du village pour continuer le débat, ni ne se seraient réunis presque joyeux devant l’église, une fois le bar fermé, pour se dire « on annule ! ». C’est peut-être inadmissible pour Maxime de Rostolan, le député LREM, la préfète et les plumitifs aux ordres, mais le fait est que nos arguments ont porté. Ils ont touché juste parce qu’ils sont logiques, évidents, indéniables, bref : vrais. Au fur et à mesure de la discussion de Faux-la-Montagne, les basculeurs ont compris qu’il n’était tout simplement pas malin pour une entreprise qui doit cacher sa visée macroniste derrière un écran de bonne volonté et de confusion de faire sa mégateuf chez l’agriculteur le plus furieusement macroniste du coin. Et quand, en conclusion de la réunion, le propre frère de l’agriculteur, habitant du même hameau que lui, fait état de ce que personne n’a pris la peine de lui annoncer ce qui se profilait à deux pas de chez lui, ils ont soudain compris ce que veut dire le mot « hors-sol ». ... de Rostolan lui-même plutôt qu’avec ses seconds couteaux. Malheureusement, il ne pouvait pas : il devait préparer sa conférence du lendemain dans le VIIIe arrondissement de Paris, au siège de Arp-Astrance, une société de « conseil en immobilier, management de projet et programmation, aménagement d’espace, ingénierie environnementale et biodiversité ». Comme nous l’apprend le magazine Up, « le magazine d’actualité de l’innovation et des temps qui changent », il devait présenter la Bascule et l’An zéro à ses amis d’Ekodev, « le développement durable en action » et We4SDG, qui travaille tout de même à « helping the multitude to put in action the Sustainable Development Goals ». En même temps, pour une fois qu’il ne conseillait pas le groupe Carrefour…
Nous ne nous faisons aucune illusion : même si les défections ne font que commencer avec celle d’Extinction Rébellion, les intérêts tant politiques qu’économiques et idéologiques qui se cachent derrière Maxime de Rostolan sont si massifs que le festival doit avoir lieu, quitte à ce que ce soit ailleurs. Macron et LREM ne chantent pas par hasard sur tous les toits qu’ils sont en voie de verdissement accéléré. Le chaos climatique, le désastre écologique et l’irresponsabilité des responsables deviennent si patents que les gouvernants doivent absolument feindre de pouvoir et de vouloir y faire quelque chose. Les mises en scène grotesques de l’État-qui-nous-protège-de-la-canicule, de la police-qui-nous-prévient-contre-la-noyade (et bientôt contre les puces de lit), des multinationales-en-lutte-contre-le-réchauffement-climatique, du Président-au-côté-des-femmes-battues, etc., ... Le verdissement opportun des macronistes répond à l’aide effective que les « gilets citoyens » de Dion, Cotillard, Tubiana, Imer, etc. ont apporté à Macron pour « sortir de la crise des gilets jaunes ». Dion & Co. ont passé leur temps, ces derniers mois, à l’Élysée et dans les ministères, et ils s’en cachent à peine. Que Dion ait réagi de manière purement symbolique, en un pur geste de com’, au gazage des activistes d’Extinction Rébellion, souligne surtout son silence, des mois durant alors que partout, chaque semaine, des manifestants se faisaient mutiler par le pouvoir dont il fréquentait les salons. Cette écologie-là, celle des gouvernements, des partis, des indices statistiques et des grandes conférences, est le fourrier, sinon la cause, de la catastrophe en cours. Tout ce qui nous tombe dessus à présent était déjà prévisible, et prévu, dans les années 1970 – lisez Le jugement dernier de Taylor ou Apocalypse et révolution de Cesarano. C’est parce que cette écologie de malheur l’a emporté sur les tendances plus lucides, plus courageuses et plus révolutionnaires, que nous en sommes arrivés là – à redouter l’arrivée de l’été plutôt qu’à nous en réjouir.
L’arnaque de la Bascule et de l’An zéro est vraiment l’arnaque de trop.
...
Il n’y a jamais eu, il n’y aura jamais de transition. Il n’y a que des ruptures historiques. Élaborons ensemble le programme de démantèlement technique, existentiel et politique de toute cette société. Tout va devoir être bouleversé. Soyons impitoyables avec une civilisation qui entend nous emporter dans son naufrage. Abattons le système en place avant qu’il ne s’effondre sur nous. Hâtons le départ des maîtres pour leurs gated communities en Nouvelle-Zélande ou ailleurs.
Comité « La Bouscule », le 8 juillet 2019 (pour nous écrire : labouscule at riseup.net)