Mis à jour le 27 janvier 2024 à 11h09
Durée de lecture : 10 minutes - Agriculture Alternatives Politique
Prix planchers, audit sur les dettes agricoles, moratoire sur le libre-échange, Sécurité sociale de l’alimentation… Les écologistes fourmillent d’idées pour répondre à la crise agricole. Seront-ils entendus ?
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Climat - Mis à jour le 30 juin 2023 à 16h07 - Durée de lecture : 7 minutes - Clés Climat Politique
Baisse non significative des émissions de gaz à effet de serre, absence d’une réelle politique fiscale pour l’écologie... L’État est mis à mal dans le dernier rapport du Haut Conseil pour le climat.
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« On a dépassé la politique des petits pas, mais on n’est pas encore au pas de course. » La métaphore sportive choisie par Corinne Le Quéré, présidente du Haut Conseil pour le climat (HCC) depuis sa création en 2018, résume à elle seule les années qui viennent de s’écouler.
Devant la presse, la climatologue a présenté avec ces mots le cinquième rapport annuel du HCC, publié dans la nuit du 28 juin, qui vise à évaluer l’action climatique du gouvernement français. Principale conclusion : après avoir traîné des pieds pendant cinq ans, Emmanuel Macron et ses ministres ont enfin commencé à se saisir de la question du climat. Sans toutefois être à la hauteur des enjeux. https://reporterre.net/IMG/pdf/hcc_ra_2023_-_27_06_vf.pdf
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En France, en 2022, les émissions de gaz à effet de serre n’ont diminué que de 2,7 % — soit une baisse de 11 millions de tonnes équivalent CO2 (Mt éqCO2) pour les émissions brutes. Certes, cette réduction est supérieure à celle observée en moyenne sur la période 2019-2021 (8,1 Mt éqCO2). Mais lorsqu’on la rapporte à la période 2019-2022, cela donne, selon des chiffres provisoires, une baisse annuelle moyenne de 9,1 Mt éqCO2. Soit beaucoup moins que les 17 Mt éqCO2 attendues pour la période 2023-2030 afin d’atteindre les -55 % de l’UE. « Le rythme de réduction d’émissions brutes de la France doit presque doubler », résument les auteurs du rapport.
Des baisses trop lentes
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augmentation des émissions dans les secteurs de l’énergie (+4,9 %, à cause d’un recours plus important au gaz pour compenser la réduction des productions nucléaire et hydroélectrique) et des transports (+2,3 %, dans la poursuite de son rebond post-Covid-19). ... les puits de carbone naturels, qui permettent de capturer du CO2 dans l’atmosphère et de le stocker (les forêts, les haies, les sols agricoles…), ont réduit leur absorption de 21,1 % en 2021, par rapport à 2020. Cette baisse s’explique principalement par la mortalité des arbres, le ralentissement de leur croissance, des prélèvements forestiers plus importants ou encore le stress hydrique (le manque d’eau) des écosystèmes. « Nous n’avons pas encore les chiffres pour 2022, mais il est vraisemblable que ce sera plus bas encore », prévoit Jean-François Soussana, membre du HCC, citant les feux de forêt et les sécheresses agricoles de l’année dernière. Sans plan de sauvegarde, ces puits de carbone pourraient avoir disparu en 2050.
De « fortes baisses » ... dans les secteurs du bâtiment (-14,7 %) et de l’industrie (-6,4 %) ... facteurs conjoncturels mesures de sobriété ... pas de politique économique claire ... devra être « juste »
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L’urgence à agir est désormais palpable. Le HCC dresse un terrible bilan de l’année 2022 : elle a été « exceptionnellement chaude », avec une température moyenne à +2,9 °C par rapport à 1900-1930, selon les données de Météo-France, et très sèche (déficit de précipitations de 25 % par rapport à 1991-2020). Les vagues de chaleur estivales ont induit 2 816 décès en excès, plus de 2 000 communes ont connu de fortes tensions dans leur approvisionnement en eau potable, 72 000 hectares de forêts ont brûlé… Et la situation va empirer
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Comme l’avaient révélé nos confrères du Monde et de Mediapart, « l’organisme a été désorganisé par son nouveau directeur exécutif, proche d’Emmanuel Macron et des sphères pro-business ». Le rapport publié en 2022 avait été édulcoré, des passages avaient été modifiés, voire supprimés, pour être plus complaisants envers le travail du gouvernement. Mais Corinne Le Quéré l’assure : les treize membres du HCC ont préparé ce nouveau rapport « en toute indépendance ». ... « on peut vraiment y arriver en 2030 ». Avant d’ajouter : « De toute façon, il le faut. C’est un point de passage nécessaire pour arriver à la neutralité carbone en 2050. Et ainsi réduire les risques climatiques qui pèsent sur nous. »
Durée de lecture : 7 minutes - Séries d’été Quotidien
Prendre part à un chantier collectif quand on n’a aucune compétence de bricolage, est-ce vraiment possible ? Notre journaliste a tenté l’expérience, et a été agréablement surprise. [SÉRIE 2/4]
Vous lisez la seconde partie de notre série « Le chemin de l’autonomie ». La première est ici https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?0nNeVA, la troisième ici https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?wvwQEg et la dernière là https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?e93PxQ.
Au programme : du bricolage entre femmes, un chantier participatif, une cueillette sauvage et l’éloge de la lenteur.
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il existe des chantiers partout en France https://fr.twiza.org/, qu’ils sont gratuits, et qu’un hébergement est souvent mis à disposition des bénévoles. Cet été, un « appel pour des reprises de savoirs » a même été lancé https://www.reprisesdesavoirs.org/lappel/ par des activistes, des chercheurs et des enseignants (entre autres) pour organiser un maximum de chantiers collectifs et retrouver « une autonomie politique et matérielle »
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Frédéric, architecte et animateur du chantier participatif, m’accueille et m’emmène dans le quartier des docks découvrir le fameux Hangar Zéro [1]. Là, le grand entrepôt aux briques rouges fait face au canal. Quelques goélands le survolent.
Frédéric m’explique qu’en 2016, des habitants se sont réunis pour fonder l’association LH-Ø (devenue une coopérative en 2019) et investir cet ancien hangar de stockage. Le but : le transformer en un lieu ouvert à tous, « un laboratoire citoyen de la rupture écologique ». « À terme, il y aura une ressourcerie, des ateliers partagés pour aider les gens à réparer leurs objets du quotidien », développe Frédéric. Ainsi qu’un potager, une salle de documentation, un restaurant, une boutique et des bureaux. « On veut que les gens du quartier s’approprient le lieu, on ne veut pas faire un truc de bobos hors-sol », précise Brice, ingénieur impliqué dans le projet.
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Notes
[1] Pour Hangar « zéro déchet, zéro énergie carbonée et zéro exclusion ».
[2] Avec du polystyrène et des dalles de faux plafond de réemploi, recouvertes de toiles de jute enduites de terre.
Connu / https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?1rIA-g
Durée de lecture : 7 minutes - Alternatives Luttes
Désormais, elle vit dans une caravane et documente les luttes écologistes. Finie, la vie d’ingénieure « mortifère ». Via le collectif Désert’heureuses, elle accompagne celles et ceux qui veulent, à leur tour, bifurquer. [2/5]
« Ce n’était pas une bifurcation, mais vraiment une désertion. » Victoria Berni, 31 ans, a quitté son poste d’ingénieure en génie urbain et environnemental pour se consacrer aux luttes écologistes
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« Nous, Désert’heureuses, refusons de continuer à robotiser, accélérer, déshumaniser le monde »
Au début de l’année 2022, déclic : elle a rencontré plusieurs personnes avec un parcours similaire au sien, pas seulement « des ingénieurs qui se reconvertissaient pour faire des fresques du climat dans des entreprises, ce qui ne sert à rien ». Être avec des gens avec qui elle était enfin « raccord politiquement » lui a fait du bien. Un collectif, les « Désert’heureuses », est né peu de temps après. Elle y a tout de suite adhéré. « En étant entourée, je me suis sentie plus légitime à croire en ce que je crois », confie-t-elle. Elle n’était plus seule. « Nous, Désert’heureuses, refusons de continuer à robotiser, mécaniser, optimiser, informatiser, accélérer, déshumaniser le monde », peut-on lire dans leur manifeste https://desertheureuses.noblogs.org/manifeste/.
De là, sont nées des réflexions. Victoria Berni le reconnaît, certaines sont encore « balbutiantes ». Tous les ingénieurs et ingénieuses du pays ne vont pas démissionner demain, il y a d’ailleurs d’autres métiers « mortifères » à cibler, et la « désertion » n’est accessible qu’à une poignée de personnes qui ont les ressources financières pour le faire. Mais le collectif existe pour, déjà, montrer qu’il existe d’autres façons de vivre.
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« Déserter ne signifie pas seulement tout quitter individuellement, poursuit le manifeste. Les Désert’heureuses ont vocation à rendre cet acte collectif et politique. De le rendre désirable et plus accessible. » Et visible. Aujourd’hui, entre deux trajets pour aller manifester contre les mégabassines dans les Deux-Sèvres, ou contre le projet de stockage nucléaire dans la Meuse, Victoria Berni continue de « se raconter » sur les réseaux sociaux. De documenter les milieux militants qu’elle fréquente.
« C’est un travail d’information très important, se réjouit Johanna, membre des Désert’heureuses. Ça crée des ponts entre le monde des ingénieurs et celui des luttes, deux mondes qui communiquent très peu. »
« La médiatisation du militantisme et de leur radicalité, c’est ça qui m’a poussée à l’action, rappelle Victoria Berni. C’est ce que j’essaie de reproduire aujourd’hui. » Pour qu’en 2023, les Désert’heureuses soient encore plus nombreuses.