Reportage — Alternatives - Mis à jour le 28 août 2023 à 16h29 - Durée de lecture : 9 minutes
Alimentaire, bien-être, écoconstruction... La culture du chanvre est remise au goût du jour sur le plateau de Millevaches, en Nouvelle-Aquitaine, par une poignée de paysans.
Peyrelevade (Corrèze), reportage
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Sur les trois départements du Limousin, ils sont pourtant une quarantaine de producteurs à avoir misé sur cette plante pour se diversifier. Organisés au sein de l’association Lo Sanabao — la chanvrière en occitan —, et soutenus par l’antenne locale des Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural (Civam), ils exploitent un peu plus de 40 hectares.
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« Grâce à son système racinaire pivotant, il va chercher l’eau jusqu’à plusieurs mètres de profondeur, ce qui en fait une culture très résistante à la sécheresse et permet de restructurer le sol et de l’oxygéner. » © Lilian Cazabet / Reporterre
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On l’intègre dans notre rotation, une fois tous les sept ans, quand une prairie ne donne plus et avant une année de céréale. On s’aperçoit alors qu’on a des rendements bien supérieurs. » En langage agronomique, on dirait que le chanvre, culture de printemps récoltée fin août, constitue une très bonne « tête d’assolement » — soit la première culture d’une rotation.
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Louis-Marie Allard, spécialiste du chanvre pour l’institut technique Terres Inovia https://www.terresinovia.fr/
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Couche supérieure en terre-chanvre. Couche inférieure en chaux-chanvre. Ces deux mélanges sont utilisés pour renforcer l’isolation thermique. © Lilian Cazabet / Reporterre
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« C’est une plante qui n’a besoin de rien, si ce n’est d’un peu de fumier pour les apports en azote. C’est très simple d’en faire une culture bio », résume Geoffroy Broussouloux, dont les parents ont converti l’exploitation dès 2002. Dans ces conditions, « la culture du chanvre fait aussi office de réservoir de biodiversité », observe Louis-Marie Allard. En particulier pour les araignées et les carabidés — des coléoptères terrestres de grande taille — qui viennent trouver refuge, humidité et nourriture dans l’épaisse litière de feuilles au pied des tiges.
Une culture historique en France
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À son apogée, au milieu du XIXe, le chanvre occupait 176 000 hectares. Jusque dans les années 1940, il était encore cultivé sur tout le territoire pour alimenter les filières textiles et papetières
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En Limousin, la culture doit son réveil à Didier Lorioux ... « Dans les années 1990, j’ai rencontré La Chanvrière de l’Aube https://lachanvriere.com/ qui était la seule du pays à produire à l’échelle industrielle pour l’industrie papetière, se souvient ce retraité dont le ton calme tranche avec l’hyperactivité. À l’époque, je savais juste que c’était bon pour le sol et que ça pouvait s’implanter partout. Avec une poignée de camarades, on s’est motivés à, nous aussi, faire du chanvre, mais paysan, en bio et en circuit court. » ... de la chènevotte — de la paille de chanvre ...
Un matériau biosourcé
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Grâce un cribleur autoconstruit spécialement pour le chanvre, il récupère les fibres pour en faire de la laine et la partie ligneuse, la chènevotte, qui servira à produire du béton ... développer notre activité terre-chanvre ... plusieurs atouts. « C’est un bon isolant qui a une capacité à bien réguler l’humidité. Il est très adapté pour la rénovation de bâti ancien... » ... à l’instar d’autres matériaux biosourcés comme la paille ou la ouate de cellulose, le chanvre a un impact carbone quasi nul contrairement au ciment. Et si la production de la chaux — largement utilisée pour faire du béton de chanvre — est émettrice de CO2, elle peut être remplacée par de la terre argileuse, bien plus écologique.
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« La France est le premier pays producteur de chanvre au monde avec 22 000 hectares cultivés et les besoins des clients des chanvrières nécessitent un doublement des surfaces d’ici à cinq ans », vante Nathalie Fichaux, directrice d’Interchanvre, l’association de l’interprofession.
Aux débouchés traditionnels comme le bâtiment ou la papeterie s’en ajoutent de nouveaux, plus surprenants. Le chanvre est transformé en « bioplastique » ou bien utilisé par le secteur de l’automobile, notamment pour les panneaux de porte ou les tableaux de bord.
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Si des signaux interpellent comme la faible part du chanvre bio en France – 15 % alors que la plante l’est quasiment par nature — Nathalie Fichaux se veut rassurante. « Où qu’il soit produit, le chanvre n’est viable qu’au sein d’une rotation de culture. Il ne remplace rien et il n’y a pas de raisons pour que ça change. » ... « Si chacun de nous plante quelques hectares et monte de petites unités locales de transformation, on gardera le côté écolo du chanvre ! »
connu : https://twitter.com/Reporterre/status/1697127161465897152
L'usine Cycle Terre fabrique des blocs de terre crue. Elle est basée à Sevran, en Seine-Saint-Denis - Schnepp Renou
Si la terre crue a été délaissée peu à peu, au fil des ans, au profit du béton dans la construction, ce matériau ancestral est remis au goût du jour. Il est de plus en plus utilisé. Pourquoi ?
Parce qu’il répond aux enjeux environnementaux. Parce qu’il est 100 % naturel. Écologique, recyclable, durable. En phase avec nouvelle réglementation environnementale, la RE 2020. On voit sortir des sols, de plus en plus de constructions en terre crue. Bâtiments pour des logements, des écoles, des bureaux. C’est vrai que l’utilisation de la terre crue ne date pas d’hier : plutôt depuis des millénaires - muraille de Chine, villes impériales au Maroc, quelques centre villes, des maisons... en France, le béton est passé par là. On a dessiné béton, on a construit béton... Et pourtant, dans la construction, la terre crue a des qualités indéniables. Elodie Wallers, architecte, spécialiste de la terre crue :
« La terre crue apporte un confort d’été. C’est-à-dire qu’elle a la capacité d’avoir un déphasage thermique, donc elle n’est pas isolante. Elle a une inertie thermique, elle vient capturer de la chaleur pour la restituer ensuite. »
Elle régule l’humidité de l’air ambiant, pas de résonance acoustique, une très bonne résistance au feu... et elle est aussi esthétique voire sensuelle, à la vue et au toucher, la terre crue a de nombreux atouts.
La terre crue qui pourrait représenter une solution d’avenir pour la construction. Une initiative récente a été mise en place en région parisienne ?
C’est une première. Une usine fabrique des blocs de terre crue. L’usine s’appelle Cycle terre. Elle est basée à Sevran, en Seine-Saint-Denis. La matière première constituée de gravier, de sable, vient du chantier du futur métro du Grand Paris.
Le développeur urbain Quartus, (qui est impliqué avec de nombreux partenaires dans Cycle Terre) croit fortement au développement – en filière courte - de ce matériau pour bâtir autrement. Géraldine Ajax directrice de la marque Quartus :
« C’est aussi un projet qui répond au désir de trouver des solutions nouvelles aux enjeux climatiques et de bien-être. On est tous conscient qu’il faut construire différemment. Nous, notre rôle c’est d’apporter des solutions et de ne pas être dans le constat des enjeux de réchauffement climatiques. De ce point de vue là, la fabrique Cycle Terre répond à cet enjeu de pouvoir proposer de nouvelles solutions. »
Qu’est-ce qui est produit dans cette usine Cycle Terre ?
Des blocs de terre comprimés de 10 kilos qui ressemblent à de grosses briques. Pour faire des murs dans des logements, des bureaux, des collèges, des équipements publics. On peut mixer avec du bois, du chanvre, de la paille. A l’usine Cycle Terre, l’objectif est de produire 600.000 blocs chaque année. Et recycler jusqu’à 10 000 tonnes de terres par an. Fabriquer du mortier, de l’enduit. Pour bâtir des milliers de logements en Ile-de-France. Il y a aussi des commandes pour la future Arena de Paris (Porte de la Chapelle). Des projets à Rosny-sous-Bois, Montfermeil, Meulan, Tremblay... ce modèle de filière locale pourrait être dupliqué.
Quels sont les freins, les désavantages ?
C’est son coût. Environ 30 % plus cher à produire que le béton. A cause du prix de sa main d’œuvre. Son savoir-faire s’est perdu depuis des dizaines de décennies. Pour relancer la filière, il y a des centres dédiés comme en région lyonnaise qui forme, des artisans, des maçons mais également des architectes à apprendre ces techniques. Il faudrait multiplier ce type de centre. Voir aussi amaco
Il faudrait produire à grande échelle ?
On pourrait déjà transformer en ressources ce qui est considéré comme des déchets. En réemployant des terres de chantiers au lieu de les stocker, on pourrait construire des millions de mètres carrés. Les enjeux sont à la fois politiques, économiques. Reste donc à impulser un dynamique, accélérer le développement de la filière et donc produire ce matériau à grande échelle.
A ce moment, on pourrait envisager, qu’il est possible – aussi - de faire la ville de demain, avec les matériaux d’hier.
Clés : Société Arts – Divertissements Arts visuels Architecture Urbanisme Logement - Habitation
L'équipe Olivier Marin Production et Journaliste
AFAS @AfasParis · 30 nov.
Le béton de chanvre, les matériaux fibres-ciment et le béton d’argile sont des alternatives possibles au #béton classique. Leur emploi permettrait de diminuer l’#empreintecarbone du secteur du bâtiment.
via @actu_ETI
techniques-ingenieur.fr
Trois alternatives durables au béton | Techniques de l'Ingénieur
À l’échelle mondiale, le secteur du bâtiment et de la construction est l’un des principaux responsables des émissions de gaz à effet de serre liées aux activités humaines. Cette empreinte carbone est... - 0 - 0 - 1
Ndlr : fibro-ciment idem que fibres-ciment ? questionner ACT
AFAS : sérieux ? ACT
Non classé [ Article Charente Libre du 18/10/11 ]
Le projet de Pôle d’excellence rurale en pays aigrinois retoqué, l’unité de transformation du chanvre n’a pu se réaliser. Nicole Bonnefoy lance un appel aux agriculteurs et aux industriels. On a étudié toutes les problématiques. On a trouvé des réponses. On aurait pu passer à l’acte.
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La production et la commercialisation du cannabidiol (CBD), un produit non psychotrope issu du chanvre devraient être prochainement légalisées en France. Le cannabidiol est souvent confondu avec le Tétrahydrocannabinol (THC), substance aux effets psychotropes, classée comme stupéfiant, également issu d'une variété spécifique de chanvre, le cannabis, mais elle totalement interdite.
Le CBD n'est lui pas spécifiquement interdit en France, mais il n'est pas non plus autorisé... Cette brèche juridique a commencé à être exploitée par différents distributeurs dont Kanavape dès 2018
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un groupe de travail piloté par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) doit remettre un rapport «dans les prochaines semaines» aux ministres concernés afin de mettre le droit français en conformité avec l'arrêt européen