Notre proposition
... intervenir de manière brève sur des situations jugées urgentes, accompagner des organisations dans une démarche de recherche-action sur des processus plus longs. ... analyser collectivement une ou des situations-problèmes en vue de les dépasser.
Principes d’intervention
- Principe d'agora : ... réunion de toutes les personnes ayant des savoirs ou du pouvoir sur la situation à travailler ;
- Principes de non-savoir et d'implication : ... travail permanent de détachement de nos représentations, de vigilance à rester fidèles aux analyses produites par les participants eux-mêmes ...
- Principe clinique : ... première demande confuse ou approximative ... cahier des charges dynamique ... enrichies, complexifiées, précisées au cours même de l'intervention ... privilégier en permanence le vécu sur le prévu, ne pas s’imposer, ni imposer, un programme a priori ni un ordre d’un jour, si pertinents soient-ils ...
- Principe de multi-partialité : Nous assurons l'expression et la compréhension de tous les points de vue, dans une vision dialectique, éloignée de toute morale ...
- Principe de dérangement : ... Une organisation s'arrange continuellement avec le réel pour poursuivre son œuvre ... scléroser petit à petit l’organisation et lui font perdre son sens. Interroger ces arrangements, pour transformer l’organisation, c’est donc produire du dérangement.
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La socianalyse (et non la socio-analyse, qui vient de la sociologie) est la pratique d’intervention ayant engendrée l’analyse institutionnelle. Pratiquer l’analyse institutionnelle, c’est mettre à jour les dynamiques de fonctionnement d’une institution.
Fondée dans les années 1970 par René Lourau et Georges Lapassade
Activités de recherche
- Chantiers à venir Recherche : "Analyse approfondie des liens et antagonismes entre pratiques managériales, éducation populaire, et outils d’intelligence collective" - décembre 2020 et janvier 2021
Nous contacter contact@boitenoire.net
Magali Arnould +32 486 83 38 35 magali.art.nould@gmail.com
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Anthony Brault +33 6 33 56 66 62 anthonybrault@gmail.com
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Ces gilets jaunes qui se trompent de populisme - 1 janv. 2019 Par Gwenn Rigal | Le Club de Mediapart
Blog : Ce qui me meut - 6 commentaires 1 recommandé
Si les mouvements sociaux qui secouent la France depuis plusieurs semaines montrent une déconnexion de plus en plus nette entre le pays et ses élites, tous les partis populistes n'en profitent pas dans les mêmes proportions. Car les élites sont coupables, c'est entendu. Mais de quels maux au juste ?
Etre populiste, c'est reconnaître l'existence d'antagonismes irréductibles dans la société, reconnaître que pour que certains gagnent, il faut que d'autres perdent. D'où la mise en évidence d'un "nous" (le peuple) contre "eux" (les élites, l'adversaire qu'il s'agit de faire reculer).
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Dans le cadre d'une stratégie politique assumée visant à mobiliser un électorat plus large que la gauche traditionnelle, les populistes de gauche ont donc pensé que nommer cet adversaire pourrait servir de catalyseur à l'expression démocratique d'une colère populaire. Or, une grande partie des revendications entendues ces dernières semaines sur les ronds-points tournent justement autour de ce thème des élites prédatrices et du creusement des inégalités. Le populisme de gauche théorisé par Ernesto Laclau et Chantal Mouffe, puis notamment mis en pratique par Podemos en Espagne, par le Labour au Royaume-Uni et par la France Insoumise dans notre pays, constitue donc une réponse politique déjà disponible au mouvement transnational des gilets jaunes.
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les gens comprennent que les règles de la mondialisation limitent nos choix et souhaitent en conséquence retrouver une plus grande autonomie politique dans un cadre national. Ce thème de la Nation étant pour l'heure préempté par la droite, la gauche serait bien avisée de se le réapproprier et de l'amender dans un sens plus inclusif. Certains gilets jaunes faiblement politisés sont sans doute aussi en quête de bouc-émissaires d'autant plus facilement identifiables que la pensée unique les leur sert sur un plateau, si bien qu'ils en arrivent à confondre immigration et mondialisation. Pourtant, qui a jeté les peuples les uns contre les autres sur le grand marché européen sans les protéger du dumping, sans leur permettre de dévaluer et en imposant partout la diète allemande en matière de politique budgétaire ? Les promoteurs du plombier polonais ont sans doute plus à y voir que le malheureux réfugié malien.
Au-delà de la chute de Mélenchon ... les partis populistes totaliseraient, si les gens étaient appelés à voter aujourd'hui, une majorité des suffrages. Pour l'heure, ces partis se trouvent sur les deux bords de l'échiquier politique, sans aucune possibilité d'alliance, ce qui accorde un léger répit aux partisans de la mondialisation heureuse. Mais la marée monte, prête à déborder. Et c'est bien l'extrême-droite qui risque de tirer les marrons du feu.
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L'auteur Gwenn Rigal Journaliste, Auteur - Montignac - France 14 billets 1 favori 25 contacts
Ndlr : l'oligarchie, ce n'est pas l'ensemble des élites !
Connu / https://my.framasoft.org/u/ind1ju/?n00QZg
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P26 "Ceux qui parlent d’écologie sans aborder frontalement la question de la vie quotidienne sous tous ses aspects, ceux qui n’ont à la bouche que les mots « compensation », « bilan carbone », « développement durable », « green tech », « transition », « empreinte écologique », ceux-là parlent une langue morte, celle de la comptabilité du désastre.
Pour esquisser les fondements d’une écologie communale et révolutionnaire, ancrée dans la vie quotidienne, peut être faudrait-il repartir de la notion d’écosophie de Félix Guattari. Pour lui, la question écologique se situe à la lisière de trois registres : « celui de l’environnement, celui des rapports sociaux, et celui de la subjectivité humaine ». Dans le bocage de Notre-Dame-des-Landes s’expérimentent des formes de vie commune à même de tenir inséparés ces trois registres de l’écologie, comme en témoigne notre relation à la forêt."
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un bien commun dont les habitants jouissent simultanément, apprenant laborieusement à concilier, à superposer et à ménager leurs multiples usages, apprenant aussi à prendre soin du bocage comme s’ils prenaient soin d’eux mêmes, à réparer le monde pour les prochaines générations d’habitants. Cette expérience
vécue est à rapprocher de la définition du communisme que donnait Karl Marx dans « l’idéologie allemande » comme le dépassement « de l’antagonisme entre l’homme et la nature, entre l’homme et l’homme. »
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p30 ... seule une forme de propriété collective peut garantir une dimension intergénérationnelle qui dépasse l’espérance de vie des usagers actuels. Tant que nous n’aurons pas renversé la propriété privée de la terre et des moyens de productions pour y substituer une propriété d’usage ... C’est dans cette tentative d’invention coutumière, plus que les stratégies de détournement d’outils juridiques existants (bail de fermage, fonds de dotation) que réside tout l’intérêt de ce qui se vit dans le bocage de Notre-Dame-des-Landes ... Pour que l’absence de l’État ne reconduise ni le règne libéral du chacun fait ce qu’il veut, ni la loi du plus fort, ni la guerre de tous contre tous, encore faut-il constituer les germes d’une autonomie communale ... L’État se pose comme le garant de l’absence de guerre civile tout en s’adonnant bel et bien à des formes plus ou moins euphémisées de guerre civile contre sa population. La dimension la plus explicitement visible de ce double-jeu est la militarisation du maintien de l’ordre. Aurait-on seulement imaginé il y quelques années, qu’un tank puisse faire face à des manifestants sur lesquels il est devenu banal de tirer avec des armes de guerre ?
Jusqu’où nous mènera l’extension illimitée de l’état d’exception dans les démocraties occidentales ? ... Renverser le pouvoir en place est absolument nécessaire mais notoirement insuffisant. Pour que la destitution signifie plus qu’un simple renversement du régime, voire même pour qu’un tel renversement soit possible, encore faut-il constituer, ou plutôt faire consister autre chose localement.
La ZAD nous a confronté de plein fouet à l’extrême difficulté de retisser de la communauté politique, de réinventer des us et coutumes, de substituer à la loi républicaine des règles communes élaborées par et pour une communauté d’habitants suffisamment soudée, solide et puissante pour les faire appliquer.
Pendant cinq années entre 2013 et 2018, l’apparente absence du pouvoir institué nous a cruellement mis face à tout ce qu’il reste en nous de pouvoir incorporé : libéralisme existentiel, individualisme, recroquevillement dans les identités et les idéologies, incapacité à faire communauté sans tradition. ... Ou pour le dire plus subtilement : d’une communauté d’abord fondée sur un refus (même si elle portait en elle une positivité), à une communauté avant tout soudée autour d’une affirmation, d’un devenir ... L’une de nos erreurs, c’est d’avoir laissé dire que la diversité de la communauté négative était une force en soi et pour soi. C’est aussi d’avoir eu besoin du mythe de l’unité dans la diversité au point de faire passer les six points pour l’avenir de la ZAD comme la position du mouvement anti-aéroport. Or si toutes les composantes du mouvement ont validé le texte, c’est au forceps. En réalité, les six points incarnaient plutôt la position d’une frange active de chaque composante.
Trop longtemps, nous avons occulté les violents conflits qui ont toujours traversé le mouvement afin de donner à l’ennemi l’apparence d’une indéfectible unité. Nous nous sommes efforcés de ne rien laisser transparaître des batailles internes qui nous ont traversées entre 2013 et l’abandon du projet. Celles-ci venaient toucher des questions extrêmement sensibles : les conséquences pratiques de la vie sans police; l’accès aux champs et aux parcelles agricoles; l’usage des routes, chemins et sentiers; la cohabitation de rapports antagonistes à la nature et à l’agriculture; certains comportements individualistes et actes de malveillance envers nos voisins des bourgs alentours ou envers d’autres habitants de la ZAD, etc ... Ce que nous apprend l’expérience de la ZAD, c’est que si la communauté négative recèle une considérable puissance de destitution, construire une commune depuis une simple juxtaposition de différences, une addition d’identités antagonistes est en revanche impossible. La commune exige un liant bien plus consistant que la diversité tactique face à l’ennemi commun. ... En l’absence de tradition séculaire comme au Chiapas, c’est dans l’avènement de nouvelles formes contemporaines de créolisation que se situe l’assise culturelle des nouvelles communalités à venir. ... Ce que la créolisation recèle de magique et de sublime, c’est qu’elle relie ensemble des identités absolument hétérogènes. Elle leur offre un langage commun, sans pour autant les fondre et les confondre. ... une forme de créolisation politique qui reste à inventer.
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XI COMMUNISATION ? ... la communisation des terres ne peut être octroyée par l’État. La communisation est un processus. Elle ne se décrète pas. C’est une mise en partage en acte par et pour les habitants de chaque localité. La communisation se construit. ... Le temps que l’inconséquence libérale-libertaire ne fragmente absolument tous les liens. ... Que l’on se penche par contraste sur les communes rurales aragonaises de 1936, ou sur le mouvement révolutionnaire zapatiste, alors on découvrira des tentatives de communisation des terres. Un processus qui commence par une prise et répartition des terres à l’échelle de chaque localité, et qui ménage toujours de l’espace pour une multiplicité d’usages collectifs, individuels et familiaux. Le commun ne s’impose pas mais s’appose à des expériences et des solidarités qui se tissent au long cours. On pourrait même dire qu’il s’apprend. ... nous avons la naïveté de nous réjouir que le bocage de Notre-Dame-des-Landes abrite de telles expériences de communisation des terres plutôt que des parkings, une tour de contrôle et un duty-free. Là réside notre victoire. ... souligner comment la ZAD, du 22 Février 2014 aux émeutes de 2016 contre la loi travail en passant par celles pour Rémi Fraisse, a contribué à sa mesure au retour de l’offensivité dans les rues de Nantes. Elle a apporté une pierre à l’émergence du contexte politique agité que nous connaissons aujourd’hui, comme en témoignent les cabanes de palettes qui ont fleuri l’année dernière sur tous les ronds-points de France. ... situation insurrectionnelle » une situation dans laquelle il y a une vacance du pouvoir en un lieu et un temps donné ... Depuis le mouvement contre la loi travail jusqu’au surgissement des gilets jaunes, la combativité dans la rue est remontée d’un cran, renouant avec des formes de conflictualité dont tout laissait à croire qu’elles appartenaient à un passé historique révolu.
Mais si nous ne voulons pas que ces insurrections en puissance continuent de « s’étrangler au stade de l’émeute », si nous désirons qu’elles accouchent d’un moment révolutionnaire, il s’agit de commencer partout à préfigurer localement le monde que nous voulons voir advenir. Nul besoin d’attendre le renversement total de l’économie ou la destitution de l’État républicain pour s’auto-organiser dans et contre le monde capitaliste. ... Aucun village, aucune ville moyenne n’a été épargné par la fièvre jaune ... stratégie d’encerclement qui débute aux portes des hypercentres métropolitains. ... Si notre époque n’est pas pré-révolutionnaire, alors elle est sans avenir.
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Prendre de la hauteur, du recul. Sortir de la médiocrité sentencieuse du commentaire