Plutôt que de criminaliser les actions de désobéissance civile, les responsables politiques doivent contribuer à l’apaisement en créant des espaces de dialogue avec les nouvelles générations qui s’insurgent contre la destruction des écosystèmes et l’inégal accès aux biens communs, estime dans une tribune au « Monde » un collectif d’universitaires et de responsables d’associations.
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La condamnation sans nuance des actions dites « de désobéissance civile » à laquelle nous avons assisté procède d’une indignation en partie jouée et comme souvent sélective. Portée par un spectre politique qui va de la majorité gouvernementale jusqu’à l’extrême droite, elle se présente en garante d’un ordre social figé.
Pour autant, ces réactions révèlent aussi une incompréhension, plus ou moins forte, parfois sincère, des enjeux actuels de la lutte contre les changements climatiques et pour la préservation des écosystèmes. Il y a urgence à s’abstraire des outrances, de celles qu’affectionne notamment le ministre de l’Intérieur, dont la préoccupation principale semble de cliver toujours plus dangereusement.
La fabrication d’un nouveau vocable disqualifiant, l ’« écoterrorisme », est à cet égard éclairante. Un tel terme aurait pu naître comme d’autres avant lui dans les médias d’extrême droite, mais c’est un membre du gouvernement qui s’y est essayé, accolant le spectre du terrorisme – dont il n’est nul besoin de souligner la peur qu’il entraîne par nature – aux mobilisations écologiques.
Les biens communs : les sols, l’eau, l’air, les semences, etc.
Les nouvelles générations engagées pour le climat, jeunes ou moins jeunes, mais aussi les scientifiques font face depuis des années à l’attentisme et aux postures invocatoires des responsables politiques sur les enjeux écologiques. Ces expressions citoyennes diverses se sont organisées pour faire reconnaître par la justice l’inaction climatique de la France et y sont parvenues notamment avec « L’affaire du siècle ».
Elles ont constaté l’instrumentalisation dont la convention citoyenne pour le climat a fait l’objet. Cet objet novateur mais fragile du fait de son absence d’existence constitutionnelle ou d’assise démocratique a en effet vu ses conclusions dévoyées sitôt rendues.
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Au lieu que soient tirées les leçons de la pandémie sur la nécessité de concevoir l’être humain imbriqué dans la biosphère, nous assistons à la relégation de l’équilibre des écosystèmes bien loin derrière les impératifs économiques productivistes organisant la captation de ressources qui devraient être protégées comme autant de biens communs : les sols, l’eau, l’air, les semences, etc.
Des transgressions de normes symboliques
Décrochages de portraits présidentiels, occupation ponctuelle de lieux de passage, peinturlurages bon enfant… Dans l’immense majorité des cas, la désobéissance civile passe par des actions pacifiques et vise à dénoncer l’absence ou l’insuffisance de règlementation pour faire face aux obligations internationales de l’Etat en matière environnementale, ou de leur non-mise en œuvre quand cette règlementation existe.
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Connu / TG le 4/01/22 à 18:25