Clés : EDF, Etat, Faillite
L’Etat vient de ponctionner EDF de quelque 8 milliards d’euros, accélérant sa descente aux enfers. Le groupe est étranglé par ses dettes, la conséquence de sa mauvaise gestion depuis plus de vingt ans.
Si l’année 2021 s’est terminée en fanfare pour EDF grâce à des prix de marché astronomiques lui permettant d’engranger de grosses marges sur ses ventes d’électricité, 2022 commence mal. Très mal. A cause de ces mêmes prix de marché qui font flamber la facture des professionnels et entreprises (qui ne sont plus protégés par des tarifs garantis) et celles des particuliers qui ont quitté l’ex-monopole public pour la concurrence, l’Etat a décidé de ponctionner l’électricien public pour sauver ses concurrents privés, contraints d’acheter sur les marchés le volume d'électricité consommé par leurs clients, en augmentant de 20 TWh le volume obligatoire d’électricité que doit vendre EDF à prix garanti à ses concurrents.
C’est ce qu’on appelle l’Arenh, l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique : 100 TWh par an, vendus au tarif de 42 euros par MWh. Seul petit geste fait par le gouvernement : le tarif sera porté à 46,2 euros par MWh pour les 20 TWh supplémentaires.
Un impact quasi-mortel
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Pour comprendre l’impact quasi-mortel de la décision du gouvernement, ... décrypter le jargon financier utilisé par l’entreprise. L’EBITDA, notion comptable anglo-saxonne évoquée par le communiqué de presse, est plus ou moins l’équivalent de l’excédent brut d’exploitation (EBE), notion comptable bien franchouillarde : elle correspond à ce qui reste dans les caisses de l’entreprise après avoir payé ses charges annuelles (comme les salaires) et ce qui lui permet de financer les investissements, rembourser les dettes ou payer des dividendes à ses actionnaires.
En 2020 (les comptes 2021 d’EDF doivent être publiés en février prochain), l’EBE du groupe ressortait à 16,174 milliards d’euros. On comprend donc que si l’Etat lui pique 8 milliards pour sauver les électriciens privés, ça va mal finir pour EDF : ça représente la moitié de son EBE.
Des réacteurs à l'arrêt
... son parc nucléaire en exploitation est dans un piteux état. Depuis la fin de l’année dernière, ses quatre plus gros réacteurs de 1450 MW de puissance (ceux de Chooz et de Civaux) sont à l’arrêt en raison de la découverte d’une fissure sur une tuyauterie de sécurité (RIS, circuit d’injection de sécurité) qui permet de fournir le réacteur en eau en cas de rupture du circuit primaire. Et EDF a déjà annoncé que pour les deux de la centrale ardennaise, la mise à l’arrêt se prolongerait une bonne partie de l’année.
Conséquence directe de cet incident, EDF a été obligé de revoir à la baisse sa prévision de production d’électricité nucléaire pour l’année en cours. L’entreprise vise maintenant entre 300 et 330 TWh, bien loin de ses niveaux historiques : en 2011, l’électricien avait ainsi produit 421,1 TWh d’électricité nucléaire. Forcément, moins de production va signifier moins de ventes, donc moins d’excédent brut d’exploitation ...
Plus grave, le même problème technique (la fissure sur le RIS) a également été découvert sur un réacteur de 1300 MW à Penly. Cette fois, ce sont 20 réacteurs du même type qui ont été construits en France et qui sont donc potentiellement concernés
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En fait, c’est juste la goutte d’eau de trop.
Histoire de la dette
... Dès le milieu des années 2000, juste après son introduction en bourse, l’entreprise a été obligée d’emprunter tous les ans pour verser des dividendes à ses actionnaires (entre 1,5 et 3 milliards selon les années). Le plus gros : l’Etat qui détient 85 % du capital. Depuis 2016, l’Etat a d’ailleurs accepté de ne plus toucher ses dividendes en cash mais en actions pour soulager un peu la pression sur la trésorerie de l’entreprise.
Mais l’avidité des actionnaires n’est pas la seule cause des difficultés. Depuis la fin des années 1990, EDF n’a pas été correctement gérée : l’entreprise a perdu des dizaines de milliards d’euros dans des opérations d’acquisition à l’étranger, souvent inutiles et surpayées
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En 1998, au moment où la construction du parc nucléaire se termine, la dette financière d’EDF s’élevait à 22 milliards d’euros. En 2020, elle ressort à plus de 61 milliards d’euros (hors dette locative). ... Toujours en 1998, le chiffre d’affaires du groupe s’élevait à 29,5 milliards d’euros. Il a atteint 69 milliards en 2020. Soit une augmentation de 134 %. Sur cette même période, l’EBE passait de 12 milliards à 16 milliards : +33 % seulement ! Evidemment un niveau insuffisant pour permettre un véritable désendettement
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De plus, depuis le milieu des années 2010, les performances opérationnelles des centrales nucléaires ne cessent de se dégrader. Alors qu’au début de cette décennie, la production nucléaire couvrait autour de 75 % de la consommation d’électricité du pays, ce taux est tombé à 69 % en 2020. ... succession de problèmes génériques ... problèmes de maintenance qui obligent à rallonger les durées des arrêts de tranche ... la durée moyenne d’indisponibilité des réacteurs est maintenant supérieure à 90 jours par an selon le dernier rapport indépendant World Nuclear Report https://www.worldnuclearreport.org/IMG/pdf/25._figure_25_nuke_france_dailyunavailabilities2020.pdf. Sans oublier l’impact des périodes de confinement provoquées par la Covid-19
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nouveau report dans le calendrier de l’EPR de Flamanville, et une augmentation de 300 millions d’euros de sa facture finale à 12,7 milliards (hors frais financiers et coûts de démarrage). L’électricien prévoit maintenant le chargement du combustible au cours du deuxième trimestre 2023.
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Sauf subvention publique massive de la part de l’Etat, il parait impossible qu’EDF puisse financer un tel investissement
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Connue / tg 19/01/22 à 23:55
Ndlr :
- enquête sourcée, sérieuse +
- mesures caricaturales du néolibéralisme : mettre l'état au service du marché et/ou des entreprises privées ! DÉNONCER ACT