La grande conversation 2022
La guerre en Ukraine, les tensions avec la Chine ont brutalement fait prendre conscience aux Européens que l’économie numérique ne relevait pas seulement de la politique commerciale mais soulevait des enjeux de puissance, de souveraineté et d’autonomie stratégique. Dans cette économie, la question du Cloud européen et de la réglementation qu’on lui applique, est devenue cruciale. Il est urgent que la Commission européenne élabore une politique de souveraineté cohérente et efficace. Cet article propose quelques pistes de réflexion. L’Europe a besoin dans ce domaine d’un « Buy European Act », miroir du « Buy American Act », qui structure la politique américaine depuis longtemps.
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mutualisation des capacités de calcul de serveurs répartis dans des data centers, eux-mêmes interconnectés par des réseaux Télécoms. Quand on parle de Cloud, on parle donc d’une accumulation de couches technologiques, aussi bien des câbles, des satellites, des centres de données, des serveurs, que des briques logicielles. Ce sont d’ailleurs ces briques logicielles qui créent aujourd’hui l’essentiel de l’intelligence, les économies d’échelle et les gains de productivité incroyables associés au Cloud.
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l’Europe doit être capable de proposer des alternatives industrielles face à la montée en puissance des fournisseurs de Cloud américains ou encore chinois, qui connaissent aujourd’hui la progression la plus rapide à l’échelle mondiale[1].
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trois menaces :
- Une dépendance accrue à des solutions techniques non-européennes,
- Une exposition des citoyens et des sociétés européennes à des législations extraterritoriales,
- La difficulté face à cette situation de dépendance industrielle et réglementaire, de continuer à défendre des valeurs européennes dans la sphère numérique.
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Depuis 2015, la Cour de Justice de l’Union Européenne a invalidé de façon répétée les mécanismes mis en place pour permettre le transfert de données vers les Etats-Unis (invalidation du Safe Harbor en 2015, du Privacy Shield en 2020 via l’arrêt Schrems II[2]), estimant que le régime de protection des données personnelles outre-Atlantique n’est pas équivalent aux protections offertes par le droit européen.
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LES DATA CENTERS NE SUFFISENT PAS
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Dans son rapport Bilan approfondi des dépendances stratégiques de l'Europe[3], publié en février dernier, la Commission européenne a souligné combien notre continent était dépendant des technologies logicielles Cloud américaines
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LA FRANCE S’EST ATTAQUÉE AU SUJET EN CRÉANT LE PRINCIPE DE CLOUD DE CONFIANCE ET LA CERTIFICATION SECNUM CLOUD, DÉLIVRÉE PAR L’ANSSI (AGENCE NATIONALE DE LA SÉCURITÉ DES SYSTÈMES D’INFORMATION)
La qualification SecNumCloud, conduite par l’ANSSI, permet d’apporter, pour certains cas d’usage, des garanties de mise en œuvre de techniques de cybersécurité indispensables
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simple position de revendeurs : Microsoft associé à Orange et Capgemini, sous le nom
BLEU, ou encore Google épaulé par Thalès, dénommé S3NS.
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le « Cloud de confiance » crée une illusion de souveraineté ... contrôle des exportations aux États-Unis en matière de licences, avec par exemple la réglementation ITAR dans le domaine de l’armement. L’administration américaine, sous Donald Trump, a ainsi instrumentalisé à plusieurs reprises cette clause ITAR pour compliquer l’exportation du Rafale.
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une étude commandée par le ministère de la Justice des Pays Bas[4] interroge sur l’immunité réelle à la portée extraterritoriale du droit américain ... « le Cloud Act peut accéder aux
données via des sous-traitants/fournisseurs de matériel et de logiciels, de/vers les fournisseurs de Cloud » . Du fait de l’exposition de ces offres au FISA, l’étude pointe aussi le risque accru lié à l’installation de portes dérobées dans les logiciels d’infrastructures Cloud, sans que leur code source ne soit accessible, ou auditable par l’ANSSI.
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UN CLOUD EUROPÉEN EST-IL ENCORE POSSIBLE ?
... non seulement possible, mais terriblement nécessaire. Il n’y a pas de fatalité technologique qui nous condamnerait à n’être que des revendeurs européens de solutions logicielles américaines ou chinoises, car la bataille du Cloud n’est pas perdue !
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Rattrapage puis d’un rééquilibrage par rapport aux offres américaine et chinoise est donc réaliste. Mais à trois conditions.
... une plus grande confiance dans l’initiative privée ... une volonté politique forte, à l’échelle européenne ... troisième condition. Chaque grande puissance (Etats-Unis, Chine, Inde, Brésil,
Corée du Sud) a mis en place des réglementations en matière de localisation des données. Ces règles souvent liées à des problématiques de sécurité nationale, rendent «compliquée», c’est un euphémisme, une concurrence libre et non-faussée entre acteurs locaux et Européens. Elles structurent de fait des marchés captifs. Seul le marché européen n’est pas protégé.
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l’Europe, ses entreprises, ses administrations sont en retard dans l’adoption du Cloud : seulement 30% des capacités informatiques et 42%[5] des entreprises européennes ont basculé vers ces solutions contre 94%[6] aux Etats-Unis. Les prochaines années seront donc riches d’opportunités pour les industriels européens
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renforcer le Buy American Act, pour y intégrer l’achat de produits liés aux technologies de l’information, autant sur la couche matérielle que logicielle[7].
Accélérer l’adoption du Cloud et renforcer notre indépendance technologique : tel est le « en même temps » qui doit rythmer l’action collective européenne. A cet égard, on ne peut que regretter les promesses non-tenues de GAIA-X[8], initiative qui, à son lancement en juin 2020, visait à « garantir la souveraineté, la disponibilité, l’interopérabilité et la portabilité des données » et, « promouvoir la transparence » dans le Cloud en Europe. Deux ans et demi plus tard, l’impact de cette initiative est nul
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créer une doctrine de l’achat numérique responsable, qui irait bien au-delà des considérations de cybersécurité. La question environnementale doit y occuper une place essentielle. Seul un Cloud européen souverain permettrait de concilier deux exigences : d’un côté, le développement technologique – qui est indispensable – et, de l’autre, la protection de notre planète – qui est vitale. Au cours de la dernière décennie, la consommation énergétique du secteur numérique a augmenté très fortement, représentant désormais entre 6% et 10 % de la consommation mondiale d’électricité, qui est trèsintense en carbone à l’échelle planétaire.
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Emmanuel Macron s’est encore récemment érigé en défenseur de la préférence européenne pour les véhicules électriques[14]. D’autres initiatives sur les semi-conducteurs ou l’hydrogène sont tout en haut de l’agenda politique pour une vraie souveraineté européenne. Toutes ces initiatives ont en commun de s’appuyer sur des solutions Cloud et ne seront véritablement autonomes que si elles reposent sur un Cloud réellement européen ... des députés européens ont pris position cet été en faveur d’un «Buy European Tech
Act»[15], des fournisseurs européens de technologie Cloud se sont organisés au sein
d’Euclidia[16]
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[1] https://www.gartner.com/en/newsroom/press-releases/2022-06-02-gartner-says-worldwide-iaas-public-cloud-services-market-grew-41-percent-in-2021
[2] La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a rendu le 16 juillet 2020 un arrêt majeur, dit « Schrems II », invalidant le régime de transferts de données entre l’Union européenne et les États-Unis (Privacy shield). Les conséquences de cet arrêt sont nombreuses pour les organismes qui souhaitent transférer des données.
[3] https://ec.europa.eu/docsroom/documents/48878
[4] https://english.ncsc.nl/latest/weblog/weblog/2022/how-the-cloud-act-works-in-data-storage-in-europe
[5] Source Eurostat
[6] Source Forrester
[7] https://www.techtarget.com/searchcio/feature/Biden-wants-review-of-IT-exemption-in-Buy-American-law
[8] https://www.data-infrastructure.eu/GAIAX/Navigation/EN/Home/home.html
[9] https://www.datacenterdynamics.com/en/news/politician-asks-irish-water-to-clamp-down-on-wasteful-data-centers/
[10] https://www.datacenterdynamics.com/en/news/thames-water-launches-data-center-water-probe-in-london-slough-amid-drought/?utm_source=dlvr.it&utm_medium=twitter
[11] https://www.techzine.eu/news/infrastructure/85915/microsoft-data-center-guzzles-scarce-water-supply-amidst-heatwave/
[12] https://idc-a.org/news/industry/Will-water-be-the-next-Big-Headache-for-large-scale-data-centers-/504ccba5-96b9-439e-972c-ffb0e027ea78
[13] https://www.politico.eu/article/grand-duchy-roars-at-google-data-center-luxembourg/
[14] https://www.lesechos.fr/politique-societe/emmanuel-macron-president/exclusif-emmanuel-macron-il-faut-une-politique-massive-pour-reindustrialiser-leurope-1870009
[15] https://stephanieyoncourtin.eu/posts/7awtYhKMpPVheOeINLaTRs/les-echos-i-opinion-numerique-il-faut-instaurer-un-buy-european-tech-act
[16] https://www.euclidia.eu/
Ndlr : Ce n'est pas gagné... Il le sait, alors, quel est son but ? ACT
Les plans de l'avenir en commun
Sommaire
- Introduction de Jean-Luc Mélenchon
- Une formation privatisée et un service public de recherche affaibli
2.1. L’enseignement professionnel a été sabordé
2.2. L’impasse du tout-apprentissage
2.2.1. Un système de formation continue marchandisé
2.2.2. La formation continue victime du court-termisme
2.3. Le service public de recherche affaibli - Notre stratégie
- Comment qualifier et produire les savoirs utiles à la bifurcation écologique ?
4.1. Définir les besoins de qualification pour répondre à la bifurcation écologique
4.2. Rétablir le cadre national des diplômes
Définir les besoins de formation en lien avec la bifurcation écologique
Adapter le contenu des formations aux métiers de demain
Organiser la coopération entre acteurs publics pour qualifier tout le monde
4.3. Un service public de l’enseignement et de la formation professionnels pour qualifier tout le monde
Développer des centres polytechniques professionnels sur tout le territoire
Rétablir un enseignement professionnel de haut niveau
Sortir l’enseignement et la formation professionnels des mains du marché
Garantir le droit à la formation pour toutes et tous
4.4. Favoriser la production et le transfert des connaissances finalisées
Adapter le service public de la recherche finalisée et le transfert à la bifurcation écologique
Refonder le service public de la recherche scientifique - Combien ça coûte, combien ça rapporte
Connu / tg du 19/08/22 16:44
Histoires économiques Clés : immigration recherche Économie
... Dijon ... Essayons d’être juste et de rappeler que Jean-Luc Mélenchon n’a rien dit de farfelu ou révolutionnaire. La réflexion sur l’armement apparent de la police est engagée dans de nombreux pays, notamment l’Allemagne ou les pays scandinaves, dans le cadre d’une réflexion plus large sur la doctrine du maintien de l’ordre. Ce qui évidemment n’a rien à voir avec des attaques menées par la pègre tchétchène, à l’arme lourde type Kalashnikov, et qui, de toute façon, ne peuvent être traitées par des forces de polices classiques, aussi armées soient elles.
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Pourquoi un tel rejet systématique, alors que la présidente du Rassemblement National semble traitée avec plus de mansuétude ? Il y a bien longtemps qu’on ne s’étrangle plus d’indignation sur ses propos outranciers, alors que la moindre déclaration de Jean Luc Mélenchon est analysée, triturée, contestée, moquée.
Pourquoi ces indignations à géométrie variable quand la première raconte a peu près n’importe quoi
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propension à utiliser Marine Le Pen pour disqualifier Jean-Luc Mélenchon. est non seulement malsaine mais elle est dangereuse car elle donne chaque jour un peu plus de corps et de respectabilité à un mouvement, qui malgré le ripolinage de sa façade, reste profondément axé sur la préférence nationale et tout son cortège d’oripeaux.
Connu / https://twitter.com/francoisedegois/status/1273126676797546499
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francoise degois @francoisedegois
Le mauvais procès permanent fait à #Melenchon et la prime a #Le Pen. Analyse sur @NosLendemains #ViolencesPolicieres #soignants #Dijon
Le mauvais procès permanent fait à Melenchon et la prime à Le Pen - Nos Lendemains
Les ricaneurs sont à la fête. Ils s’en donnent même à cœur joie. Depuis quelques jours, alors que les images ultra violentes de Dijon et des commandos
7:33 AM · 17 juin 2020·547 Retweets 761 J'aime
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... La verbigération est une sorte de dérèglement qui conduit la personne concernée à répéter comme en boucle une formule toute faite à tout propos et davantage encore hors de propos. Dans le cas d’Emmanuel Macron, ce jour-là, ce fut « très profondément ». ... tribune signée par Martin Bouygues. Elle est remarquable en ceci qu’elle sort des pleurnicheries anti-fiscales et anti-sociales habituelles des tenants du MEDEF. Martin Bouygues pose deux questions que je crois incontournables. La première concerne sa prise de conscience de la pénurie à venir des travailleurs qualifiés disponibles. La qualification est un bien qui va devenir plus difficile a trouver. La seconde concerne la part d’intéressement que le travail doit prendre à ses propres réussites dans le cadre d’une entreprise capitaliste. Ici, il prône le développement de la participation comme voie d’accès au partage de la richesse produite ... le programme « L’Avenir en commun » ne prévoit pas la nationalisation de toutes les entreprises. Notre attention dans ce domaine est plutôt fixée en amont sur le système bancaire et financier d’où part l’arbitrage sur le financement des investissements. Dialoguer avec un capitaliste n’est pas adhérer au capitalisme, pas davantage que faire des compromis n’est se vouer à la compromission. Ensuite reconnaître à Martin Bouygues le talent d’avoir su faire mieux que d’hériter et d’avoir pérennisé le numéro un du bâtiment, c’est seulement reconnaître un fait remarquable. Un fait qui touche à l’intérêt général du pays au moment où nous prévoyons de faire un immense bond en avant dans le domaine de la construction du logement, et du logement social sous toutes ses formes. ... ’il existe encore en France un patronat qui n’est pas dans la main de la logique conceptuelle dominante. Un patronat indemne de l’infection qui a tué tous les secteurs productifs et dont Macron est le porte-voix : les financiaristes. ... Il paie ses impôts en France (comme Dassault le faisait, soit dit par parenthèse). Notre méfiance anti-capitaliste peut donc s’accommoder de réalisme jusqu’au point où la discussion avec lui devient possible. ... construire une convergence, en amont de la production, sur les objectifs concrets de formation technique avancée pour une production écologiquement responsable. Sinon la « règle verte » (ne plus prendre à la nature davantage que ce qu’elle peut reconstituer) est un slogan creux et nous des fantaisistes. ... Bouygues prône l’intéressement des salariés aux bénéfices par le truchement de l’actionnariat des salariés. Il se targue d’avoir pour deuxième actionnaire son personnel à hauteur de 19% du capital.
Ce système n’est pas le notre. Parce qu’il répartit la richesse par le biais des dividendes. Les conséquences néfastes sont nombreuses. Distribuer par les dividendes c’est pousser à les augmenter, ce qui n’est possible qu’au détriment des salaires en temps normal. Appauvrir le salarié pour cajoler l’actionnaire n’est bon pour aucun actionniare s’il est son propre salarié. Ensuite les sommes versées en dividendes ne paient pas toutes les cotisations sociales. Or nous en avons besoin pour maintenir à flot nos assurances sociales en général qui constituent le socle de la redistribution la plus efficace en France. Et la garantie d’un niveau de santé publique qui est aussi une protection de la production que réalisent les salariés soignés et secourus quand il le faut. C’est pourquoi nous croyons à l’augmentation de salaires et non à la participation comme mode le plus simple et le plus socialement productif pour la société toute entière. Je crois aussi qu’un bon salaire et un temps de travail favorable sont des incitations à rester dans son entreprise bien plus efficaces que la perspective de lointains, fugaces et imprévisibles dividendes. Martin Bouygues devrait y penser. La cote d’une entreprise auprès de ses salariés est faite de ces renommées là : la paye, le temps de travail (et la pénibilité d’une façon générale) et la sécurité de l’emploi. Et parfois s’y ajoutent la mobilité dans l’emploi et entre les sites. ...
La démocratie en confettis
Le mouvement des « gilets jaunes » a pris un contenu révolutionnaire dans la mesure où il a posé la question de l’exercice du pouvoir politique. C’est ce qu’exprime l’appel à la démission du président de la République qui retentit chaque semaine dans les rues de façon si peu courante dans notre pays. Mais c’est aussi la montée des revendications d’extensions démocratiques. La réponse d’Emmanuel Macron est à coté de la plaque. Il n’a pas pris la mesure du fait que sa stratégie du pourrissement a un coût pour lui. Elle augmente le niveau auquel se règlent les questions posées. Il croit habile de refiler en douce des bricolages institutionnels issus du projet de révision constitutionnelle que nous avons vu échouer à l’Assemblée nationale en juillet 2018. Rien de neuf. Absolument rien. Dans ce qu’il propose, rien ne redonne le pouvoir si peu que ce soit au peuple. Au contraire, si ses projets cette fois réussissent, ils accompagneront et accéléreront la dérive autoritaire du régime.
Il n’y aura pas de référendum d’initiative citoyenne. Même au niveau local, Macron refuse le RIC. C’est la principale information de cette allocution présidentielle. La macronie a décidé de camper sur ses positions de mépris et de peur face à la question du besoin d’intervention populaire dans le fonctionnement des institutions.