Dans le désert
Agronome spécialiste des agricultures dites innovantes, auteur de plusieurs ouvrages, dont « Éloge du ver de terre, tome 2 » (Le jardin vivant, 2023), Christophe Gatineau regrette que le gouvernement réponde à la demande de moratoire sur le développement des mégabassines par le bruit des bulldozers et des pelleteuses.
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Le Convoi de l’eau est une manifestation itinérante qui s’est déroulée du 18 au 26 août 2023. Organisée par deux ONG, Bassines non merci et Les Soulèvements de la Terre ainsi qu’un syndicat agricole, La Confédération paysanne, cette manifestation a rassemblé un millier de participants, principalement des cyclistes. Ils sont partis d’un champ des environs de Sainte-Soline pour rejoindre le Champ-de-Mars à Paris
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Un peu d’histoire
A la suite de la sécheresse de l’été 2019, le gouvernement a autorisé la création d'une soixantaine de mégabassines. Le ministre de l'Agriculture justifie ainsi sa décision sur le plateau de Cnews : « On ne va pas regarder la pluie tomber du ciel pendant six mois et la chercher les six autres mois de l’année. » Un argument dérisoire, mais fondateur des mégabassines. Il s’agit de la théorie des hivers pluvieux, une théorie qui tombe à l’eau s’il pleut au printemps et tombée en désuétude depuis l’intensification du cycle de l’eau.
En effet, le 12 juin de la même année, une étude internationale concluait que le cycle de l'eau, tel que nous l'avions toujours connu, n'existe plus. L'activité humaine a altéré son cycle de la même manière qu'elle a altéré le climat. À titre d’exemple, on consomme entre 3 et 5 litres d’eau potable pour évacuer 0,3 litre d’urine composé à 95 % d’eau en Occident ! Et en France, on consomme l’équivalent de 3 mégabassines d’eau potable par jour pour uriner et déféquer dedans.
Pour enfoncer le clou, le 15 mars 2023, Michèle Rousseau, PDG du BRGM, l’établissement public en charge d’expertiser l’impact des mégabassines sur la ressource eau, a déclaré lors d’une audition devant les parlementaires que leurs études étaient surinterprétées. En d'autres termes, qu’on en exagère le contenu, car elle a expliqué que les chercheurs du BRGM avaient oublié de prendre en compte l’impact du réchauffement climatique et des activités humaines dans leurs expertises.
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Le ministre a juste omis de dire que l’eau n’est pas retenue, mais pompée dans des nappes dont le niveau est toujours plus bas que prêt à déborder.
Un état de confusion
Mais là où l’État devient « schizophrène », c’est qu’il continue à faire supprimer des retenues datant parfois de plusieurs siècles au nom de la continuité écologique des cours d’eau (décret n°2007-1760 du 14/12/2007). D'un côté, l'État paie pour supprimer, et de l'autre, il paie pour créer des "étangs" artificiels remplis avec de l'eau potable... Comprenne qui pourra.
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Ajoutons à cet état de confusion qu’en 2019, le gouvernement a assoupli la législation en diminuant le niveau minimum des rivières pour augmenter celui des retenues (décret n° 2019-827). Et en 2018, c'était la carte des cours d'eau qui avait subi une sévère cure d’amaigrissement avec la suppression de quelques milliers de ruisseaux. Mais les supprimer des cartes ne veut pas dire qu’ils n’existent plus, c’est juste les exclure de la législation afin de pouvoir les assécher ou les polluer sans crainte.
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L'agriculture a besoin d’eau, mais elle a aussi besoin, comme l’ensemble des citoyens, de solutions durables et de consensus scientifiques robustes.
Pourquoi perdre son temps à vouloir sauver les vers de terre, puisque le samedi 12 décembre, lors de l’émission Climat, chaud devant sur France Inter, la directrice de la multinationale gazière, ENGIE, a dit que toute la nourriture des vers de terre aura été réaffectée en 2050 à quelques espèces de bactéries méthanogènes ! En échange, 100 % du gaz français sera vert et renouvelable.
Bien entendu, elle ne l’a pas dit aussi crûment, et personne ne lui a opposé cette note de l’INRAE https://www6.inrae.fr/valor-pro/TELECHARGER/SOERE-PRO-Assemblees-Generales/Travaux-2019/Effet-de-l-epandage-de-digestats-sur-les-populations-de-vers-de-terre publié le 20 avril dernier : “La mortalité de vers de terre retrouvés à la surface immédiatement après épandage de digestats de méthanisation est un phénomène qui pose question…“
100 % du gaz sera écolo, mais sans nourriture, les vers de terre vont donc mourir, entraînant avec eux toute la vie des sols, leurs prédateurs et les prédateurs de leurs prédateurs. Mathieu Vidard et Camille Crosnier, les 2 journalistes animateurs qui lui faisaient face, ont acquiescé.
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La méthanisation agricole consiste à produire de l’électricité, du gaz ou du carburant à partir des fumiers d’élevages hors sol et de plantes cultivées à cette fin. En consommant ces matières organiques, des bactéries spécialisées (méthanogènes) produisent du méthane et, les « cacas » de leur digestion, une boue vendue à l’opinion publique comme un engrais. Le tout emballé au nom de la transition écologique et de l’économie circulaire. Et d’une bonne dose d’idéologie.
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La méthanisation agricole, une énergie pas mieux que le charbon
On impose aujourd’hui aux Français la méthanisation comme on leur a imposé le nucléaire,
2 énergies en apparence « propres ». Antinucléaire convaincu, si on me demandait de choisir entre l’une et l’autre, je choisirais le nucléaire, car avec cette technologie, le pire n’est pas totalement certain.
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la CIVE est la culture intermédiaire à vocation énergétique, et elle consomme aujourd’hui des sols nourriciers, des pesticides et des engrais chimiques. Et on appelle ça de l’agro-écologie.
Outre de contribuer à la dégradation du tissu rural en réduisant le nombre de fermes, et d’accroître la dépendance de l’agriculture française aux firmes, la plus grande menace qui pèse aujourd’hui sur le devenir de l’humanité, ce n’est pas l’artificialisation des sols, même si c’est grave, mais que ces sols pour nous nourrir, nous chauffer, nous habiller soient détournés pour produire des bio-carburants, du bio-gaz et de la bio-électricité, participant ainsi à accélérer l’épuisement des ressources nutritives terrestres. Extrait de Sauver le ver de terre, l’un des premiers marqueurs de la biodiversité http://www.lejardinvivant.fr/2020/09/20/livre-sauver-le-ver-de-terre-l-un-des-premiers-marqueurs-de-la-biodiversite/
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Connu / https://twitter.com/gatineau_ch/status/1343429858668531714 -> "
Julien Delalande @JulienDelalande · 39 min En réponse à @gatineau_ch @DenisCheissoux et 3 autres personnes @LaTacfi @mathieuvidard @CSNM9 Collectif Scientifique National Méthanisation raisonnée, @ademe
Des #pointsDeVigilance avaient été mis en évidence par un travail collectif mené par Enercoop, Énergie Partagée et Terre de liens / @nWassociation
et #Solagro
https://my.framasoft.org/u/ind1ju/?M7QBvg
https://decrypterlenergie.org/la-methanisation-est-elle-synonyme-dintensification-de-lagriculture-et-de-pollutions #Méthanisation #Agriculture #CIVE #ProductionDeMéthane #Écologie
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Ndlr : qui est derrière ce site ? Pas d'infos :-( (hors Christophe Gatineau, Cultivateur, agronome, et auteur de l’Éloge du ver de terre et de l’Éloge de l'abeille publiés chez Flammarion. Rédacteur du blog http://lejardinvivant.fr) ACT