Immeuble végétalisé. ©Getty - Jackyenjoyphotography
À quoi ressemblera la société idéale de demain ? - Jeudi 5 octobre 2023 / Grand bien vous fasse ! - France inter
Urbanisme, vivre ensemble, écologie... Comment les Françaises et les Français voient demain ?
Coup de projecteur sur la société idéale de demain, aux yeux des Français. Avec la Fondation Jean-Jaurès, Sopra Steria et Ipsos, nous nous intéresserons aux lieux de vie, aux mobilités, aux relations familiales, au sentiment d’appartenance à une communauté, au travail et au temps libre, à la réussite et à l’argent, aux rythmes de vie, aux modes de consommation…
Nous verrons ce qui rassemble encore les Français dans une société de plus en plus morcelée, archipelisée comme dirait Jérôme Fourquet. Nous vous révélerons également à quoi ressemblerait la société idéale de demain, vue de la France du passé, de la France matérialiste, ou encore de la France techno-autoritaire, selon cette étude révélée en exclusivité ce matin.
La société de demain pour demain ?
Jérémie Peltier est codirecteur de la Fondation Jean-Jaurès, qui publie avec Ipsos, la CFDT, Sopra Steria, une vaste étude "La société idéale de demain aux yeux des Français". Ils ont demandé à 8 700 personnes constituant un échantillon national représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus quelle était leur société idéale dans les années qui viennent. En exclusivité dans cette émission, sont livrés les principaux enseignements de cette enquête.
Calme et apaisement
Ce qui a beaucoup frappé Jérémie Peltier et ce qui apparaît de façon assez transverse dans l'enquête, c'est le désir d'apaisement, le désir de quiétude. En tout cas une demande très forte, en effet, d'apaisement, de quiétude, de tranquillité. Un exemple apparaît quand est demandé le critère le plus important dans une habitation idéale. Le premier critère, c'est le calme et la tranquillité de la vie.
Le codirecteur de la Fondation Jean-Jaurès parle aussi d'une envie de prendre ses distances avec le reste de la population : "Quand vous demandez aux gens : quel est votre idéal aussi en termes de lieux de vie ? C'est une maison isolée, une maison individuelle isolée. Ça veut dire isolée du reste de la population, de ses voisins, des gens qui sont extérieurs à notre espace d'ultra-proximité. Un élément qui est très important quand vous leur demandez les critères importants dans cette maison individuelle isolée, c'est l'isolation sonore."
Ralentir le rythme de la vie
La société idéale changerait le rythme de nos vies au travail, dans nos vies quotidiennes avec notre famille, le rythme de nos loisirs, etc. Jérémie Peltier explique qu'il y a une demande globalement de faire baisser le rythme au même titre que l'idée générale, c'est de faire baisser la température, c'est de faire baisser la tonalité un peu anxiogène de la société. L'idée aussi très importante serait de calmer, de ralentir le rythme de vie.
Il ajoute : "Sur les questions de l'égalité femmes-hommes, les gens disent que ça avance trop lentement. Il faut que ça aille plus vite. Sur les questions d'évolution des mœurs, les gens disent que ça avance trop lentement, il faut que ça aille plus vite. Par contre, quand vous leur demandez les rythmes de vie d'une façon générale, et notamment la cadence au travail, les rythmes de votre vie au quotidien, là les gens vous disent que tout va trop vite, ça va beaucoup trop vite. Et donc là, dans ma vie, j'aspire à ralentir."
Une forme hybride de travail
Dans l'étude de la Fondation Jean-Jaurès, la question de la place du travail dans nos vies a été posée. Les Français interrogés réclament davantage de souplesse. Les Français sont attachés au lieu de travail unique classique pour 37 %. Ils sont 32 % à souhaiter alterner télétravail et présentiel, et 12 % seulement souhaitent ne faire que du télétravail à l'avenir.
Changer régulièrement de métier
Jérémie Peltier constate une envie de stabilité professionnelle. "Par contre, ce qu'ils demandent, c'est que dans une société rêvée, on leur offre la possibilité de changer régulièrement de métier, d'avoir souvent de nouvelles responsabilités et c'est ça qui est intéressant. Il ne faut pas se tromper entre le désir de changer d'entreprise tous les ans, l'espèce de bougisme dont on pourrait croire que l'ensemble des jeunes seraient touchés et en fait le désir noble, louable, vertueux, de changer régulièrement de métier, de poste, etc. Et donc vous pouvez changer régulièrement de métier, de postes, de responsabilités au sein de la même entreprise."
Consommer mieux
La question de la consommation serait vraiment partagée au sein de la société française. La moitié de la société française dit que demain dans une société idéale, il faudrait un certain nombre de règles éthiques, de règles environnementales pour ne pas consommer avec toute la liberté que l'on a aujourd'hui.
Le mode d'achat idéal pour ces Français interrogés par la Fondation Jean-Jaurès, pour 52 %, c'est l'achat dans des petits commerces spécialisés, pour 26 % l'achat des grandes surfaces et pour 52 % l'achat sur des plateformes Internet comme Amazon ou eBay.
Les invités
- Jérémie Peltier est co-directeur général de la Fondation Jean-Jaurès. Il est également directeur de la collection « Suspension » aux Éditions de l’Aube et chroniqueur pour Marianne et Ernest Magazine.
Livre : La fête est finie ? - l’Observatoire 2021 - Olivier Marin est journaliste rédacteur en chef spécialisé en immobilier et logement au groupe Figaro (Immobilier, Immoneuf, Propriétés).
Livre : L'urbanisme de demain - Apogée septembre 2023 - Jean Viard est directeur de recherche CNRS à Sciences-Po Paris (CEVIPOF), sociologue et fondateur des Éditions de l'Aube.
Livre : Un juste regard - L’Aube janvier 2023 - Guénaëlle Gault est Directrice générale chez L'ObSoCo (L’Observatoire Société et Consommation). Son expertise porte particulièrement sur l’analyse des modes de vie, du changement social et de la consommation. Elle enseigne à Sciences Po Paris et à l'Université de Paris Cité.
Tr: ... les gens veulent travailler autrement ... ya encore un idéal de voyage ... la famille est devenue une tribu ... ya un mouvement, une concertation, des inventions, des lieux, une résidence intergénérationnelle ... ya encore 30% des fr centrés sur la voiture individuelle ... Camille Poux-Jalaguier
Attaché(e) de production : un monde plus écologique, plus égalitaire, respect. Plus de sobriété, mais c'est encore utopique. Habitat participatif ... Fr Habitat Participatif ... la consommation était la religion du 21ème siècle. Devient politique. ... idéal démocratique partagé encore, avec plus de démocratie directe ... Étude à lire >fin octobre ACT
L'usine Cycle Terre fabrique des blocs de terre crue. Elle est basée à Sevran, en Seine-Saint-Denis - Schnepp Renou
Si la terre crue a été délaissée peu à peu, au fil des ans, au profit du béton dans la construction, ce matériau ancestral est remis au goût du jour. Il est de plus en plus utilisé. Pourquoi ?
Parce qu’il répond aux enjeux environnementaux. Parce qu’il est 100 % naturel. Écologique, recyclable, durable. En phase avec nouvelle réglementation environnementale, la RE 2020. On voit sortir des sols, de plus en plus de constructions en terre crue. Bâtiments pour des logements, des écoles, des bureaux. C’est vrai que l’utilisation de la terre crue ne date pas d’hier : plutôt depuis des millénaires - muraille de Chine, villes impériales au Maroc, quelques centre villes, des maisons... en France, le béton est passé par là. On a dessiné béton, on a construit béton... Et pourtant, dans la construction, la terre crue a des qualités indéniables. Elodie Wallers, architecte, spécialiste de la terre crue :
« La terre crue apporte un confort d’été. C’est-à-dire qu’elle a la capacité d’avoir un déphasage thermique, donc elle n’est pas isolante. Elle a une inertie thermique, elle vient capturer de la chaleur pour la restituer ensuite. »
Elle régule l’humidité de l’air ambiant, pas de résonance acoustique, une très bonne résistance au feu... et elle est aussi esthétique voire sensuelle, à la vue et au toucher, la terre crue a de nombreux atouts.
La terre crue qui pourrait représenter une solution d’avenir pour la construction. Une initiative récente a été mise en place en région parisienne ?
C’est une première. Une usine fabrique des blocs de terre crue. L’usine s’appelle Cycle terre. Elle est basée à Sevran, en Seine-Saint-Denis. La matière première constituée de gravier, de sable, vient du chantier du futur métro du Grand Paris.
Le développeur urbain Quartus, (qui est impliqué avec de nombreux partenaires dans Cycle Terre) croit fortement au développement – en filière courte - de ce matériau pour bâtir autrement. Géraldine Ajax directrice de la marque Quartus :
« C’est aussi un projet qui répond au désir de trouver des solutions nouvelles aux enjeux climatiques et de bien-être. On est tous conscient qu’il faut construire différemment. Nous, notre rôle c’est d’apporter des solutions et de ne pas être dans le constat des enjeux de réchauffement climatiques. De ce point de vue là, la fabrique Cycle Terre répond à cet enjeu de pouvoir proposer de nouvelles solutions. »
Qu’est-ce qui est produit dans cette usine Cycle Terre ?
Des blocs de terre comprimés de 10 kilos qui ressemblent à de grosses briques. Pour faire des murs dans des logements, des bureaux, des collèges, des équipements publics. On peut mixer avec du bois, du chanvre, de la paille. A l’usine Cycle Terre, l’objectif est de produire 600.000 blocs chaque année. Et recycler jusqu’à 10 000 tonnes de terres par an. Fabriquer du mortier, de l’enduit. Pour bâtir des milliers de logements en Ile-de-France. Il y a aussi des commandes pour la future Arena de Paris (Porte de la Chapelle). Des projets à Rosny-sous-Bois, Montfermeil, Meulan, Tremblay... ce modèle de filière locale pourrait être dupliqué.
Quels sont les freins, les désavantages ?
C’est son coût. Environ 30 % plus cher à produire que le béton. A cause du prix de sa main d’œuvre. Son savoir-faire s’est perdu depuis des dizaines de décennies. Pour relancer la filière, il y a des centres dédiés comme en région lyonnaise qui forme, des artisans, des maçons mais également des architectes à apprendre ces techniques. Il faudrait multiplier ce type de centre. Voir aussi amaco
Il faudrait produire à grande échelle ?
On pourrait déjà transformer en ressources ce qui est considéré comme des déchets. En réemployant des terres de chantiers au lieu de les stocker, on pourrait construire des millions de mètres carrés. Les enjeux sont à la fois politiques, économiques. Reste donc à impulser un dynamique, accélérer le développement de la filière et donc produire ce matériau à grande échelle.
A ce moment, on pourrait envisager, qu’il est possible – aussi - de faire la ville de demain, avec les matériaux d’hier.
Clés : Société Arts – Divertissements Arts visuels Architecture Urbanisme Logement - Habitation
L'équipe Olivier Marin Production et Journaliste