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L’homme, dès qu’il aperçoit les objets qui l’entourent, les considère de prime abord dans leurs rapports avec lui-même, et il a raison d’en agir ainsi; car toute sa destinée dépend du plaisir ou du déplaisir qu’ils lui causent, de l’attraction ou de la répulsion qu’ils exercent sur lui, de leur utilité ou de leurs dangers à son égard. Cette manière si naturelle d’envisager et d’apprécier les choses paraît aussi facile que nécessaire, et cependant elle expose l’homme à mille erreurs qui l’humilient, et remplissent sa vie d’amertume.
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Mon intention est de rassembler toutes les observations faites dans cette science, de répéter et de varier autant que possible toutes les expériences, de les rendre assez faciles pour qu’elles soient à la portée du plus grand nombre; puis de formuler des propositions qui résumeront les observations du second degré, et de les rattacher enfin à quelque principe général. Si parfois l’esprit ou l’imagination, toujours prompts et impatients, me font devancer l’observation, alors la méthode elle-même m’indique dans quelle direction se trouve le point auquel je dois les ramener.
Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832)
Traduction française par Ch. Fr. Martins, Œuvres d’histoire naturelle de Goethe, 1837.
Titre original : Der Versuch als Vermittler von Objekt und Subjekt, 1792.