Dans 80 % des cas, les mesures de compensation ne permettent pas d’éviter une perte de biodiversité. C’est ce que montre une étude scientifique menée sur 24 projets d’infrastructures en Occitanie et dans les Hauts-de-France.
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les sites étudiés ont impacté en tout 2.451 hectares, alors que les zones de compensation ne totalisent que 577 hectares. « Par ailleurs, soulèvent les auteurs, la surface totale des sites de compensation est la somme de beaucoup de petits sites alors que les zones impactées sont plutôt des parcelles d’un seul tenant. (…) La compensation doit encourager la biodiversité, et devrait choisir de grandes zones. Au lieu de cela, elle est mise en place sur une myriade de petits sites, ce qui rend encore plus compliquée l’obtention de gains de biodiversité. »
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la loi de 2016 sur la biodiversité dit que si la compensation n’est pas satisfaisante, le projet ne peut être réalisé en l’état. Beaucoup de projets auraient dû être bloqués. Il aurait dû y avoir un tri entre les projets réellement d’intérêt public et les autres. Notre rôle est de pointer cette incohérence des politiques publiques. »
La balle est donc dans le camps des décideurs. D’autant plus que les résultats de cette étude sont en voie d’être confirmés ailleurs en France. « Nos collègues de l’agence régionale de la biodiversité en Île-de-France ont reproduit notre étude, et vont bientôt la publier : ils ont obtenu les mêmes résultats, dans les mêmes proportions », assure Fanny Guillet.
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Source : Marie Astier pour Reporterre