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Forêts Incendies
Accuser les écologistes dans l’incendie de la forêt usagère de Gironde, comme le font certains internautes, est une « aberration », défend l’auteur de cette tribune. Au contraire, son statut unique a permis de la préserver.
Paul Devin est président de l’Institut de recherches de la FSU. Originaire d’Arcachon, il connaît bien la forêt de La Teste-de-Buch, son histoire et les luttes de défense dont elle a été l’objet.
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témoin de plus de deux mille ans d’interactions entre nature et activités humaines. Le paysage singulier des reliefs boisés de cette forêt, la variété de ses espèces d’arbres, les vestiges de l’ancienne activité résinière, la richesse de sa biodiversité en faisaient un lieu exceptionnel.
Cette richesse naturelle était liée au statut de forêt usagère [1] [une forêt originelle qui se régénère naturellement depuis des siècles ; ici sur 3 650 hectares], qui empêchait une exploitation économique de la forêt, puisque si les parcelles et le droit d’exploitation de la résine relevaient de la propriété privée, les arbres étaient propriété collective des « usagers », c’est-à-dire des habitants des communes voisines [Aux XIXe et XXe siècles, les habitants ont obtenu des droits d’usage permettant notamment de prélever du bois pour leurs besoins propres ; désormais « les ayant Pins » sont les propriétaires de parcelles]. Un tel statut avait permis de faire perdurer une régénération naturelle dans une région où le massif forestier, destiné à la production de bois, est produit par plantation ou semis.
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Ceux qui profitent du drame de l’incendie de la forêt usagère de La Teste pour se livrer à un écolo-bashing violent
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Ceux qui profitent du drame de l’incendie de la forêt usagère de La Teste pour se livrer à un écolo-bashing violent
Notes
[1] L’historien Robert Aufan, dans La Forêt usagère de La Teste-de-Buch, précise : « Son statut, unique en France, remonte au Moyen Age, il a permis que se perpétue une forêt « jardinée » qui, régie par des règles particulières, échappe encore au code forestier malgré toutes les tentatives des administrations et d’une partie de ses utilisateurs. » En résulte une « originalité botanique » : par « la richesse de son sous-bois, elle s’oppose à la monotonie des forêts dunaires modernes plantées par l’Homme et des forêts du plateau landais ».
[2] ZNIEFF : Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique ; SIC : Sites d’importance communautaire.