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L’engagement dans les luttes du présent peut nécessiter de se tourner vers le passé, pour se le réapproprier. Alexis Corbière en a récemment donné un exemple en publiant un livre d’histoire, Jacobins ! Les inventeurs de la République (éd. Perrin), au sujet duquel Julien Théry l’a rencontré. Depuis les années 1980, la « gauche de gouvernement » et la droite n’ont cessé de faire progresser dans les esprits une légende noire de la Révolution française en s’efforçant de discréditer le nom de « jacobin ». En utilisant ce nom comme une insulte, presque équivalente à « stalinien », il s’agit de rejeter comme illégitime et dangereux ce qui fut pourtant le premier projet de la Révolution française, dont nous sommes les héritiers : le souci de l’égalité. Alexis Corbière rappelle que l’opposition habituelle entre les « jacobins », partisans de l’intransigeance autour de Robespierre, et les « girondins » plus libéraux autour de Brissot, est essentiellement une invention de la IIIe République destinée à distinguer artificiellement une « bonne » Révolution, bourgeoise, d’une mauvaise, dogmatique et terroriste. En promouvant l’idée d’un « pacte girondin » pendant la campagne de 2017 et depuis son élection à la présidence de la République, Emmanuel Macron s’efforce de faire accepter la radicalisation des inégalités… tout en tentant d’imposer son idée explicitement monarchique des institutions françaises.
Pour montrer en quoi le jacobinisme doit au contraire demeurer une source d’inspiration politique dans les combats du présent, parce que ses valeurs sont celles de la gauche, Alexis Corbière a choisi de présenter une gallerie de portraits représentatifs de la richesse de cette tradition politique. À travers les itinéraires de neuf personnages emblématiques se dessinent les enjeux, on-ne-peut-plus contemporains, de la Révolution française. Avec des passage obligés, comme les biographies de Robespierre, Danton ou Saint-Just, et des figures beaucoup moins connues, comme celles de Pauline Léon, citoyenne révolutionnaire, de Jean-Baptiste Belley, premier député noir, ou encore de John Oswald, Écossais végétarien et défenseur de la cause animale, mort en combattant la contre-révolution vendéenne. •••