Rédaction 7 ans
Une interview de P. Canaud de web86.info pour Centre Presse
http://www.centre-presse.fr/article-583921-oui-a-la-pluralite-de-l-info.html
13/02/2018 04:58
Des proches de Mélenchon ont lancé Le Media, une chaîne d’info sur internet. Comment le jugez-vous?
Pascal Canaud: ... on assume notre choix politique de gauche, oui. Je ne crois pas à la neutralité, mais je dis oui à la pluralité de l’info. Cela dit, « web86.info », c’est un site d’information militante non professionnel. ...
Recueilli par Philippe Bonnet
158.664 signatures (255.862 au 24/7)
A M. Le Président de l’ARCOM et les membres du collège
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le pluralisme et la qualité de l’information ne sont pas respectés ... 34 interventions ont été recensées en deux ans pour signaler des faits de désinformation, de racisme, de sexisme, d’incitation à la haine, de non-respect du pluralisme, d’un manque « d'honnêteté dans l’information » ou encore en raison de la prépondérance du temps de parole accordé à l’extrême droite en période électorale.
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Depuis 2015 et le rachat d’iTélé (ancêtre de CNews) par Vincent Bolloré, le nombre de journalistes employés par la chaîne a baissé de 17,5 %. En réduisant drastiquement et délibérément le temps d’antenne consacré à l’information, et en faisant la part belle à l’expression d’une opinion, sans aucun respect du pluralisme, CNews est devenue une chaîne d’opinion et ne peut plus être considérée comme une chaîne d’information comme l’indique sa convention avec l’Arcom.
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Cette pétition a également été publiée sur le site du journal l'Humanité sous la forme d'une lettre ouverte de Latifa Oukhouir, ex-journaliste et directrice du mouvement et Sophie Taillé-Polian, députée Générations du Val-de-Marne, vice-présidente du groupe Écologiste-Nupes.
Info en continu Depuis ce vendredi, la webtélé d’extrême gauche Le Média est devenue une chaîne de télévision classique et compte bien tordre le cou à la concentration des médias et concurrencer les chaînes d’info en continu
L.Be.
Les micros de Cnews et BFMTV. Illustration — NICOLAS MESSYASZ/SIPA
- Le Média a eu l’autorisation de l’Arcom (ex-CSA) de devenir une chaîne de télévision à part entière sur les téléviseurs connectés et les box Internet. Par contre, elle n’est pas sur la TNT.
- L’idée est de concurrencer les grandes chaînes d’information en continu, LCI, BFMTV ou CNews, en luttant contre la concentration des médias.
- Pour l’heure, deux des opérateurs privés – SFR et Bouygues – refusent de donner un canal de diffusion à la chaîne d’extrême gauche.
« Ce qui garantit un espace public sain, c’est le pluralisme », insiste Théophile Kouamouo, actuel rédacteur en chef du Média. Lancée en janvier 2018 par des proches de La France insoumise, la webtélé d’extrême gauche a débarqué – en toute discrétion – sur le petit écran ce vendredi, devenant une chaîne de télévision à part entière. Elle est désormais accessible sur le canal 350 de la Freebox. Les trois autres opérateurs français privés (Orange, Bouygues et SFR) traînent des pieds pour lui offrir une place, en dépit du feu vert de l’Arcom (ex-CSA), l’autorité régulatrice de l’audiovisuel. Les deux plus réticents étant Bouygues et SFR, eux-mêmes respectivement propriétaires de LCI et BFMTV.
Se hisser au niveau des mastodontes de l’info en continu n’est pas si simple, surtout avec une quinzaine de journalistes. Mais Le Média se réjouit de réaliser son rêve. C’est « une victoire pour la presse indépendante », écrit la chaîne pour accompagner sa campagne de financement participatif sur la plateforme KissKissBankBank. « Nous appelons à renforcer le nombre de sociétaires pour être en mesure de produire assez. A chaque créneau de la journée, représenter une alternative, c’est beaucoup d’argent », concède Théophile Kouamouo.
Un média engagé
L’enjeu est de taille : deux tiers des Français regardent la télévision sur les box, rappelle-t-il. Pour pouvoir atteindre ces téléspectateurs, Le Média s’est engagé dans une bataille de l’opinion via une pétition, intitulée « Pour le pluralisme à la télévision » qui affichait 12.700 signatures ce mardi. Il compte bien faire plier les opérateurs les plus réticents à lui trouver un canal de diffusion. « Aujourd’hui, l’écosystème de l’audiovisuel a été formaté pour que BFMTV et CNews donnent le la de la hiérarchisation de l’information, poursuit l’ancien correspondant du Monde en Côte d’Ivoire. On n’a pas les moyens de ces grosses chaînes, mais on veut aller sur le même terrain. Nous pensons qu’un soir de manifestation, de crise politique ou d’élection, le citoyen doit pouvoir zapper entre les différentes chaînes d’information. »
Sur ce point, François Jost, sémiologue et spécialiste des médias, s’étonne un peu. « Alors qu’à l’origine, Le Média revendiquait une certaine déontologie du journalisme qui devait couper avec la pratique des grandes chaînes, il passe à une télévision d’opinion. Ce qui justifie son existence, c’est presque CNews. Son ennemi n’est plus le service public comme c’était le cas, mais la télévision de Vincent Bolloré. » Pourtant, Le Média se défend d’être une chaîne militante. « Nous n’allons pas donner la parole à des personnalités avec lesquelles nous sommes d’accord, mais nous sommes un média engagé qui part d’un point de vue », précise Théophile Kouamouo. Pour lui, parler de neutralité est hypocrite. Elle est « impossible à atteindre en raison des biais naturels et parce que les entreprises de presse sont contrôlées par des intérêts privés ».
Conserver un regard neutre sur les faits ne doit pas être un gros mot, pour François Jost. Au contraire. « Quand on soutient la déontologie, on déteste généralement qu’on confonde commentaires et faits », note le sociologue des médias. « Le pluralisme doit être interne à une chaîne, ce n’est pas une chaîne de droite contre une chaîne de gauche », critique-t-il. La notion de pluralisme est d’ailleurs dans le cahier des charges de la chaîne d’information en continu. « Elle veille à l’expression pluraliste des courants de pensée et d’opinion et constitue à ce titre un lieu d’exercice et de diffusion de la démocratie », peut-on lire dans le décret publié en 2002. Le Média souhaite donner un espace « aux paroles minorisées », mais il y aura de la place pour le contradictoire.
Le sujet brûlant de la concentration des médias
L’arrivée d’une chaîne d’information « indépendante » et marquée très à gauche va-t-elle renverser le PAF ? « L’impact sera efficace le jour où dans ce pays on sera capable de voter des lois qui protègent de la concentration et du monopole, juge Noël Mamère, qui a collaboré avec Le Média à sa création en 2018 avant de le quitter quelques mois plus tard à l’heure du limogeage de la présentatrice Aude Rossigneux. On est confrontés à des gouvernements, en particulier celui-ci, qui est d’une grande permissivité avec un certain nombre de capitaines d’industrie qui investissent dans les médias pour renforcer leur capacité d’influence. »
La question de la concentration des médias s’est imposée comme un sujet brûlant au mois de juin dernier. Le Journal du Dimanche a été secoué par une grève historique de la rédaction, pendant quarante jours, contre la nomination à sa tête fin juin de Geoffroy Lejeune, ancien directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles, marqué à l’extrême droite. Cette arrivée a été attribuée par de nombreux observateurs à Vincent Bolloré, milliardaire aux opinions réputées ultra-conservatrices.
Son groupe Vivendi, qui détient Canal+ et ses chaînes (dont CNews et C8), est en train d’absorber Lagardère, propriétaire du JDD, de Paris Match et d’Europe 1. Les trois titres étant chacun en train d’opérer un virage éditorial marqué à droite. Le Média va-t-il changer le game du pluralisme ? Encore faudrait-il qu’il récupère un canal sur toutes les box.
Médias
«QG, le média libre»: Aude Lancelin lance sa webTV militante après avoir quitté Le Média
Médias
Le site «Le Média» lance son mensuel papier «99%»
Clés : Entertainment ; Médias ; Télévision ; Vincent Bolloré ; CNews ; BFM TV ; La France insoumise (LFI) ; LCI
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- Denis Robert, journaliste et ecrivain francais. 13/09/20 | REORGANISATION « Le Média » demande à Denis Robert de renoncer à diriger la rédaction
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109 commentaires 51 partages
Commentaire de Pierrick Louin. il y a 6 jours
Etre indépendant ne veux pas dire être neutre par contre être dépendant de milliardaires maintenant ça veut souvent dire de droite voire d'extrême droite. C'est assez facile à vérifier.
Heureusement, il existe des patrons comme Xavier Niel et Matthieu Pigasse, qui ont une déontologie de respect de la liberté de la presse. Sans doute ce qui explique que seul Free a naturellement permis la diffusion du Média sur sa box. Pour l'heure, le refus des 3 autres opérateurs - Bouygues, Orange et SFR - d'en faire autant est signifiant.
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Petition · POUR LE VRAI PLURALISME DES MÉDIAS AUDIOVISUELS, CONTRE LA CENSURE PAR LES BOX INTERNET !
5 390 Signatures (13 446 au 26/10/23)
Lancée le 16 octobre 2023 par LE MÉDIA
Adressée à Bouygues Télécom (opérateur de télécommunications français) et
Nos médias traditionnels sont en crise, et c’est d’abord une crise de confiance. Dans ce contexte, un grand nombre de citoyens s’engagent, notamment dans le soutien à des médias indépendants de nouvelle génération, libérés des pressions actionnariales ou de la férule des pouvoirs. Des médias dynamiques qui incarnent un pluralisme qu’il faut protéger à tout prix et partout.
... “l’ancien monde” a encore le pouvoir de les entraver. Un exemple. Le 12 juillet dernier, Le Média obtenait le conventionnement de l'ARCOM, le régulateur de l'audiovisuel français (ex-CSA), l’autorisant à devenir une chaîne de télévision émettant depuis les box internet et les télés connectées. ... alors que l’Etat autorise notre mutation en chaîne de télévision à part entière, certains opérateurs de box internet nous refusent encore le droit de diffuser. L’un d’entre eux n’a même pas pris la peine de nous répondre. ...
Connue / https://twitter.com/HMaler/status/1714196210980897049
"
Le Média a reposté Henri Maler @HMaler · 6h
Pour le vrai pluralisme des médias audiovisuels contre la censure par les box internet : je signe !
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Connu / https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?1lMvQA
... une des caractéristiques du Fédiverse tient aux différentes couches logicielles et applications qui la constituent et qui peuvent virtuellement être utilisées par n’importe qui et dans n’importe quel but. Cela signifie qu’il est possible de créer une communauté en ligne qui peut se connecter au reste du Fédiverse mais qui opère selon ses propres règles, sa propre ligne de conduite, son propre mode d’organisation et sa propre idéologie
...
chaque communauté est capable de se définir elle-même non plus uniquement par un langage mémétique, un intérêt, une perspective commune, mais aussi par ses relations aux autres, en se différenciant. Une telle spécificité peut faire ressembler le Fédiverse à un assemblage d’infrastructures qui suivrait les principes du pluralisme agonistique. Le pluralisme agonistique, ou agonisme, a d’abord été conçu par Ernesto Laclau et Chantal Mouffe, qui l’ont par la suite développé en une théorie politique. Pour Mouffe, à l’intérieur d’un ordre hégémonique unique, le consensus politique est impossible. Une négativité radicale est inévitable dans un système où la diversité se limite à des groupes antagonistes14.
La thèse de Mouffe s’attaque aux systèmes démocratiques où les politiques qui seraient en dehors de ce que le consensus libéral juge acceptable sont systématiquement exclues.
Le pari fait par l’agonisme est qu’en créant un système dans lequel un pluralisme d’hégémonies est permis, il devienne possible de passer d’une conception de l’autre en tant qu’ennemi à une conception de l’autre en tant qu’adversaire politique. Pour que cela se produise, il faut permettre à différentes idéologies de se matérialiser par le biais de différents canaux et plateformes. Une condition préalable importante est que l’objectif du consensus politique doit être abandonné et remplacé par un consensus conflictuel, dans lequel la reconnaissance de l’autre devient l’élément de base des nouvelles relations, même si cela signifie, par exemple, accepter des points de vue non occidentaux sur la démocratie, la laïcité, les communautés et l’individu.
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avec la présence apparemment irréconciliable de factions d’extrême gauche et d’extrême droite dans l’univers de la fédération, les réalités de l’antagonisme seront très difficiles à résoudre ... Mastodon a été confronté à la neutralité des licences FLOSS. D’autres projets du Fédiverse, tels que les clients de téléphonie mobile FediLab et Tusky, ont également été confrontés au même problème, peut-être même plus, car la motivation directe des développeurs de Gab pour passer aux logiciels du Fédiverse était de contourner leur interdiction des app stores d’Apple et de Google pour violation de leurs conditions de service. En s’appuyant sur les clients génériques de logiciels libres du Fédiverse, Gab pourrait échapper à de telles interdictions à l’avenir, et aussi forger des alliances avec d’autres instances idéologiquement compatibles sur le Fédiverse15.
Dans le cadre d’une stratégie antifasciste plus large visant à dé-plateformer et à bloquer Gab sur le Fédiverse, des appels ont été lancés aux développeurs de logiciels pour qu’ils ajoutent du code qui empêcherait d’utiliser leurs clients pour se connecter aux serveurs Gab. Cela a donné lieu à des débats approfondis sur la nature des logiciels libres et open source, sur l’efficacité de telles mesures quant aux modifications du code source public, étant donné qu’elles peuvent être facilement annulées, et sur le positionnement politique des développeurs et mainteneurs de logiciels.
Au cœur de ce conflit se trouve la question de la neutralité du code, du réseau et des protocoles. Un client doit-il – ou même peut-il – être neutre ? Le fait de redoubler de neutralité signifie-t-il que les mainteneurs tolèrent l’idéologie d’extrême-droite ? Que signifie bloquer ou ne pas bloquer une autre instance ?
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La tolérance et la liberté d’expression sont devenues des sujets explosifs après près de deux décennies de manipulation politique et de filtrage au sein des médias sociaux des grandes entreprises ; quand on voit que les plateformes et autres forums de discussion populaires n’ont pas réussi à résoudre ces problèmes, on n’est guère enclin à espérer en des expérimentations futures.
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il se pourrait que le Fédiverse crée au mieux une forme d’agonisme bâtard par le biais de la pilarisation. En d’autres termes, nous pourrions assister à une situation dans laquelle des instances ne formeraient de grandes agrégations agonistes-sans-agonisme qu’entre des communautés et des logiciels compatibles tant sur le plan idéologique que technique, seule une minorité d’entre elles étant capable et désireuse de faire le pont avec des systèmes radicalement opposés. Quelle que soit l’issue, cette question de l’agonisme et de la politique en général est cruciale pour la culture du réseau et de l’informatique. Dans le contexte des systèmes post-politiques occidentaux et de la manière dont ils prennent forme sur le net, un sentiment de déclin de l’esprit partisan et de l’action militante politique a donné l’illusion, ou plutôt la désillusion, qu’il n’y a plus de boussole politique. Si le Fédiverse nous apprend quelque chose, c’est que le réseau et les composants de logiciel libres de son infrastructure n’ont jamais été aussi politisés qu’aujourd’hui. Les positions politiques qui sont générées et hébergées sur le Fédiverse ne sont pas insignifiantes, mais sont clairement articulées. De plus, comme le montre la prolifération de célébrités politiques et de politiciens utilisant activement les médias sociaux, une nouvelle forme de démocratie représentative émerge, dans laquelle le langage mémétique des cultures post-numériques se déplace effectivement dans le monde de la politique électorale et inversement16.
Le débat sur la transformation du mouvement qui a propulsé notre candidat à la présidentielle à près de 22% est lancé. Dans un entretien à Regards (1), Manuel Bompard en évoque le sens, que je partage totalement : la France Insoumise, « fer de lance de la Nupes », doit constituer « une force politique organisée capable de mener la bataille idéologique, de soutenir les mobilisations de la société, de favoriser les dynamiques d’auto-organisation populaire et de former les générations militantes de demain ».
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L’enjeu : un nouvel écosystème politique
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Il nous faut dégager l’équilibre qui permet de garder de la réactivité, une capacité à prendre des initiatives rapidement, tout en assurant une meilleure collégialité aux décisions et une place plus grande à l’échelon local.
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La méthode : consensus et pluralisme
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Une direction collégiale identifiée, des moyens pour l’action locale
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une direction identifiée qui pourrait combiner trois niveaux de légitimité : les élus, les Groupes d’Action, les forces du mouvement social et culturel
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si les GA constituent des regroupements à échelle humaine, ils interagissent souvent dans des territoires où existe une vie politique, où se déploie un mouvement social : il est nécessaire que la FI existe aussi à cette échelle, celle d’une ville, d’une agglomération, d’un « pays », d’un département voire d’une région
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L’articulation avec la Nupes
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Je veux insister aussi sur le Parlement de la Nupes. Nous avons collectivement besoin d’un tel poumon, de cette ouverture sur la société.
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Pour l’emporter dans la course de vitesse engagée avec la macronie et l’extrême droite, il faut emporter la dynamique dans la société (3). Ce n’est donc pas simplement un compromis entre les forces existantes que nous devons trouver mais une proposition politique et des incarnations qui parlent au « peuple de gauche » et à tous ceux qui, écœurés de la politique et aujourd’hui abstentionnistes, sont sensibles aux idées émancipatrices. Comment le faire sans s’ouvrir, et donc sans ouvrir nos cadres d’invention et d’action ? L’heure est venue de franchir cette nouvelle étape.
1 - Voir l’interview de Manuel Bompard dans Regards « Une force d’alternative prête à gouverner demain » : http://www.regards.fr/actu/article/manuel-bompard-une-force-d-alternative-prete-a-gouverner-demain
2 - Voir la tribune de Cédric Durand et Razmig Keucheyan dans Libération : https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/la-nupes-doit-faire-entrer-le-mouvement-social-au-parlement-20220624_RPPF4AMNX5AQ5HCSMSRX5GUEJM/
3 - Voir mon texte « Consolider la Nupes » : https://blogs.mediapart.fr/clementine-autain/blog/120722/consolider-la-nupes
Connue / tg 22/8/22 08:07
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Partenaire des Suds depuis sa création, Mediapart est présent sur le festival depuis 13 ans. Edwy Plenel et Elias Sanbar, lundi 12 juillet aux Alyscamps, ont ouvert le festival autour de la Palestine !
Tr.: ... palestine, terre sainte ...l'antériorité vaut droit d'occupation exclusive ... perte mais pas défaite ... l'archéologie devient un cheval de bataille d'expulsion ... combat pour la souveraineté qui est de pluralité ... / monarchies d'exclusion ... esthétique ... un engagement n'est pas une étude de marché. Je ne supporte pas l'injustice, ma misère. Nous avons été en accord avec nous-mêmes. Euphorie pas sacrifice."Dictionnaire amoureux de la palestine".
Le Fediverse est un réseau social multiforme qui repose sur une fédération de serveurs interconnectés. C’est un phénomène assez jeune encore, mais dont la croissance suscite déjà l’intérêt et des questionnements. Parmi les travaux d’analyse qui s’efforcent de prendre une distance critique, nous vous proposons « Sept thèses sur le Fediverse et le devenir du logiciel libre ».
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traduction de Seven Theses on the Fediverse and the becoming of FLOSS https://monoskop.org/images/c/cc/Mansoux_Aymeric_Abbing_Roel_Roscam_2020_Seven_Theses_on_the_Fediverse_and_the_Becoming_of_FLOSS.pdf
Référence : Aymeric Mansoux et Roel Roscam Abbing, « Seven Theses on the Fediverse and the becoming of FLOSS », dans Kristoffer Gansing et Inga Luchs (éds.), The Eternal Network. The Ends and Becomings of Network Culture, Institute of Network Cultures, Amsterdam, 2020, p. 124-140. En ligne.
Traduction Framalang : Claire, dodosan, goofy, jums, Macrico, Mannik, mo, roptat, tykayn, wisi_eu.
SOMMAIRE
Préambule – À la rencontre du Fédiverse
- Le Fédiverse, de la guerre des mèmes à celle des réseaux https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?GXR4lA
- Le Fédiverse en tant que critique permanente de l’ouverture https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?qpHg3Q
- Le Fédiverse comme lieu du pluralisme agoniste en ligne https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?ntMk-Q
- Le Fédiverse, transition entre une vision technique et une perception sociale de la protection de la vie privée https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?fi__mA
- Le Fédiverse, pour en finir avec la collecte de données et la main-d’œuvre gratuite https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?nc9N-A
- Le Fédiverse, avènement d’un nouveau type d’usage https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?Va4psA
- Le Fédiverse : la fin des logiciels libres et open source tels que nous les connaissons https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?A9aAcw
Notes à https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?2fwl4Q
Classé dans : Contributopia, Dégooglisons Internet, Fédération, Internet et société, Libres Logiciels
Clés : Abbing, Fédération, Fediverse, Framalang, Internet, Mansoux, mastodon, Traduction
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Qu’ils soient motivés par l’éthique ou l’économie, les logiciels libres et les logiciels open source partagent l’idéal selon lequel leur position est supérieure à celle des logiciels fermés et aux modes de production propriétaires. Toutefois, dans les deux cas, le moteur libéral à la base de ces perspectives éthiques et économiques est rarement remis en question. Il est profondément enraciné dans un contexte occidental qui, au cours des dernières décennies, a favorisé la liberté comme le conçoivent les libéraux et les libertariens aux dépens de l’égalité et du social.
Remettre en question ce principe est une étape cruciale, car cela ouvrirait des discussions sur d’autres façons d’aborder l’écriture, la diffusion et la disponibilité du code source. Par extension, cela mettrait fin à la prétention selon laquelle ces pratiques seraient soit apolitiques, soit universelles, soit neutres.
Malheureusement, de telles discussions ont été difficiles à faire émerger pour des raisons qui vont au-delà de la nature dogmatique des agendas des logiciels libres et open source. En fait, elles ont été inconcevables car l’un des aspects les plus importants des FLOSS est qu’ils ont été conçus comme étant de nature non discriminatoire. Par « non discriminatoire », nous entendons les licences FLOSS qui permettent à quiconque d’utiliser le code source des FLOSS à n’importe quelle fin.
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plus récemment, la croyance en une dépolitisation, ou sa stratégie, ont commencé à souffrir de plusieurs manières.
Tout d’abord, l’apparition de ce nouveau type d’usager a entraîné une nouvelle remise en cause des modèles archétypaux de gouvernance des projets de FLOSS, comme celui du « dictateur bienveillant ». En conséquence, plusieurs projets FLOSS de longue date ont été poussés à créer des structures de compte-rendu et à migrer vers des formes de gouvernance orientées vers la communauté, telles que les coopératives ou les associations.
Deuxièmement, les licences tendent maintenant à être combinées avec d’autres documents textuels tels que les accords de transfert de droits d’auteur, les conditions de service et les codes de conduite. Ces documents sont utilisés pour façonner la communauté, rendre leur cohérence idéologique plus claire et tenter d’empêcher manipulations et malentendus autour de notions vagues comme l’ouverture, la transparence et la liberté.
Troisièmement, la forte coloration politique du code source remet en question la conception actuelle des FLOSS. Comme indiqué précédemment, certains de ces efforts sont motivés par le désir d’éviter la censure et le contrôle des plateformes sociales des entreprises, tandis que d’autres cherchent explicitement à développer des logiciels à usage antifasciste. Ces objectifs interrogent non seulement l’universalité et l’utilité globale des grandes plateformes de médias sociaux, ils questionnent également la supposée universalité et la neutralité des logiciels
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le Fédiverse devient progressivement le système le plus pertinent pour l’articulation de nouvelles formes de la critique des FLOSS
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En l’état, la culture FLOSS ressemble à une collection rapiécée de pièces irréconciliables provenant d’un autre temps et il est urgent de réévaluer nombre de ses caractéristiques qui étaient considérées comme acquises.
Si nous pouvons accepter le sacrilège nécessaire de penser au logiciel libre sans le logiciel libre, il reste à voir ce qui pourrait combler le vide laissé par son absence.
Connu /? Retrouvé / https://framapiaf.org/@pylapp/109299546465055331
*Ndlr : cette dernière phrase m'est ~incompréhensible. Questionner, approfondir ACT
Pour visionner tous les paragraphes indexés d'un coup : https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?searchterm=le-fediverse-et-lavenir-des-reseaux-decentralises&searchtags=#A9aAcw
La Convention citoyenne pour le climat démarrera ses travaux en octobre et les 150 citoyennes et citoyens qui la composeront seront tirés au sort dès la mi-août. Méthodologie du tirage au sort, calendrier, gouvernance… Découvrez-en les contours et son fonctionnement.
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principes dictés ci-dessous :
Neutralité : des auditions d’experts d’opinions divergentes et un comité de gouvernance composé de personnalités de la société civile intermédiaire et de citoyens.
Indépendance : un comité de gouvernance avec une maîtrise totale du processus, trois garants nommés par les trois chambres de la République. Le Président de la République n’a aucun droit de regard.
Pédagogie : une transmission de l’information et de la connaissance de façon pédagogique.
Accessibilité: une médiatisation pour rendre tout le processus visible et accessible à tous, inclusif vis-à-vis des oubliés du Grand Débat, des précaires, des minorités.
Modernité : une expérimentation démocratique pour répondre aux défis environnementaux actuels.
Incarnation citoyenne : un panel de citoyens représentatif de la diversité de la population, qui inclut les publics invisibles, les oubliés de la démocratie.
Qui seront les 150 citoyennes et citoyens ?
Les citoyennes et citoyens seront tirés au sort dès la mi-août 2019, sur la base des listes téléphoniques (85 % de portables et 15 % de fixes) et non des listes électorales pour toucher l’ensemble de la population française.
Il est également indispensable que cette Convention citoyenne soit représentative de la diversité de la société française, contrairement aux citoyens ayant participé à la consultation du Grand débat national (voir les résultats de l’Observatoire des débats sur le sujet).
Les critères seront basés sur :
Le sexe (52% de femmes et 48% d’hommes)
L’âge (des mineurs, de 16 ou 17 ans, pourraient également participer)
Le niveau de diplôme, corrigé par la profession et catégorie socio-professionnelle (près de 28% des participants seront soit sans diplôme ou titulaires du brevet des collèges)
La zone géographique (4 personnes seront issues des Outre-mer)
Un minimum de deux places seront réservées pour les personnes de grande pauvreté (SDF), qui n’ont pas forcément de téléphone.
Les citoyens qui auront été choisi seront couverts d’un demi-anonymat. Par soucis de transparence vis-à-vis du profil sociologique de chacun, tout le monde aura accès au prénom, à l’âge, à la ville et à la photo des membres y siégeant.
...
Clés : Citizen Democracy Convention Citoyenne Démocratie Participative Assemblée
Connu / https://twitter.com/OpenGovFr/status/1164094695611539456
" Démocratie Ouverte @OpenGovFr · 12h "
Ndlr :
- concernant la neutralité, la définition donnée correspond plus au pluralisme !
Comment vivre dans des villes privatisées, où notre attention est contrôlée et sollicitée en permanence, et nos corps pistés à chaque instant ? Le dernier roman d’Alain Damasio, dont l’action se déroule en 2040, explore ce monde possible, avec justesse, de manière sensible et réaliste. Il nous invite à sortir d’urgence de nos « techno-cocons », à expérimenter de nouvelles manières d’être au monde et de résister, pour reprendre le contrôle sur nos vies. Attention, entretien décapant.
Photo (une) : Alain Damasio en visite sur la Zad de à Notre-Dame-des-Landes, dans l’ancienne bibliothèque du Taslu, celle qui était accessible aux handicapés / © ValK
2040, en France. Dans une société ultra-libérale où les villes ont été rachetées par des multinationales, où l’attention de chacun est sans cesse captée et sollicitée au risque de rendre fou, on découvre l’existence des Furtifs, des créatures à la vitalité hors norme, qui vivent dans l’angle mort de la vision humaine. Toujours en métamorphose, elles métabolisent les éléments sur leur passage, transformant l’espace dans lequel elles vivent – et les gens qui croisent leur route. Dans ce monde qui ressemble au nôtre dans ce qu’il peut produire de pire, Lorca Varèse, sociologue pour communes autogérées, et sa femme Sahar, proferrante dans la rue pour les enfants que l’éducation nationale a abandonné, partent à la recherche de leur fille disparue, et à la rencontre de ces créatures.
Avec Les Furtifs (La Volte, 2019), Alain Damasio signe une critique fine et acerbe du capitalisme cognitif, de notre capacité d’auto-aliénation, du confort de nos techno-cocons où l’on se sent si protégés. Avec un langage créatif qui se renouvelle sans cesse, il trace des lignes de fuite possibles, des modes de résistance, dans une grande fresque magique, magnifique et émouvante, qui invite à changer radicalement notre regard sur le monde et sur le vivant.
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Basta ! : Que pourraient incarner ces drôles de créatures, les « Furtifs », dans la société d’aujourd’hui ?
Alain Damasio : Ce sont des poches de liberté, des brèches dans un monde de plus en plus contrôlé, pas seulement par les multinationales ou les gouvernements, mais aussi par nous-mêmes : un père demandant à sa fille d’être « ami » sur Facebook pour voir ce qu’elle y poste, un enfant qui regarde l’historique de navigation de ses parents, un patron employant un hacker pour regarder quel salarié il embauche, ou réciproquement le salarié qui « googlise » le futur patron avant un entretien d’embauche… Nous sommes tous dans ces logiques de panoptique, où nous essayons d’avoir un maximum d’informations.
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Le philosophe Byung-Chul Han l’explique très bien : le stade avancé du pouvoir libéral actuel, c’est de permettre aux gens de maximiser leur auto-aliénation. L’aérodynamique du pouvoir est géniale : les gens viennent eux-mêmes prendre dans l’armurerie proposée par les GAFA.
... Bernard Stiegler, quand il parle des psychopouvoirs ... Lorsque les gens vivent un manque affectif et émotionnel, cela génère des forces réactives assez mauvaises. Le transhumanisme vient se connecter à cela, comme toutes les religions avant lui. C’est un mouvement para-religieux très fort ... la prophétie, le moment où les machines vont faire advenir l’intelligence artificielle (IA) ... Le mythe de « l’IA toute-puissante » vient répondre à un bordel que nous avons créé : aujourd’hui, la technostructure est tellement dense que personne ne comprend ce que font réellement les IA, même ceux qui en créent la boîte noire. Et aucun être humain n’est évidemment capable de traiter les données du « big data ». On crée des systèmes qui échappent complètement à l’être humain, que personne n’arrive à maîtriser. C’est une dépossession. Une fois que ça a bien purulé et bien enflé, qu’on est noyé sous tout ça, intervient le mythe. Les mythes sont des symptômes.
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comprendre comment le vivant s’interconnecte et comment nous sommes en symbiose avec lui. C’est aussi renouer avec les « ancestralités animales », qui sont consubstantielles à ce que nous sommes, et communes à plein d’espèces.
L’humain est habité par des affects, des percepts et des concepts. ... Tout ce que je décris dans mon livre est déjà là, c’est simplement hypertrophié. ... rendre furtives nos existences
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Aujourd’hui, on est en « démocrature » – c’est-à-dire avec des éléments de démocratie et des éléments de dictature, mais globalement plutôt en démocratie
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Conseil pour le maintien des occupations (CMDO)
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Les Gilets Jaunes, heureusement, ont renouvelé le mode « manifestation », qui était complètement exsangue. Ne plus déposer les trajets de manifestation en préfecture pour les rendre imprévisibles pour la police, et investir les ronds-points, c’est un coup de génie, franchement ! C’est très intuitif : un rond-point est à la fois le carrefour de tout, et en même temps c’est un symbole de l’horreur des zones péri-urbaines. ... Acter qu’ils ne voulaient pas de représentants ... Je crois que la solution, c’est l’auto-organisation
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revenir à de l’action directe, assumer une part de violence et « d’irruptivité ». La limite, c’est la mort, car je défends le vivant. Mais, à tous ces gens qui vivent dans une espèce de forteresse absolue, il faut faire retrouver un sentiment de vulnérabilité, leur faire ressentir cette violence systémique qu’ils exercent du haut vers le bas et dont ils ne voient jamais le retour…
Je ne fais pas de la lutte violente une valeur en soi. C’est conjoncturel. Mais la négociation ne suffit pas, les manifs ne changent rien : on en est à X semaines de manif des Gilets jaunes, que faut-il faire ? Macron ne bougera pas d’un iota, il s’abrite derrière la Constitution. Pendant cinq ans, il va tout massacrer : les retraites, les hôpitaux, l’éducation. Il s’en fout.
Propos recueillis par Barnabé Binctin et Agnès Rousseaux
Tags Altermondialisme ; Politique ; Surveillance et biométrie ; ZAD
Ndlr :
- Pourquoi se priver de la "carte" politique élective s'il est acté que Macron ne bougera pas en s'appuyant sur la constitution ? Ne faut-il pas AU CONTRAIRE JOUER TOUTES NOS CARTES y compris l'élection et le changement de constitution ?
L’heure est à l’urgence économique, sociale, écologique et politique, et à la résistance dans un contexte dégradé comme rarement. Contrairement aux analyses de certains, la crise est sans doute beaucoup moins celle du politique que celle des organisations existantes, et elle affecte aussi les syndicats de salariés et d’étudiants... Aussi les résistances à venir devront être unitaires, indépendantes, pluralistes et démocratiques ou elles ne seront pas.
95 commentaires - 80 recommandés - Olivier Le Cour Grandmaison Université d'Evry-Val d'Essonne, sciences politiques et philosophie politique
« Je crois que nous devrons faire face, dans les années à venir, à des épreuves très difficiles : renforcement considérable du contrôle social (...), immigrés traités comme du bétail, espaces de liberté réduits comme une peau de chagrin. Voilà ce qu’on nous prépare. » Félix Guattari, 1980.
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La petite hirondelle Raphaël Glucksmann n’a pas fait le printemps socialiste ... Quant aux dirigeants de la France insoumise, enivrés par leurs succès aux dernières élections présidentielles et législatives, ils ont engagé leur parti dans une voie solitaire, sectaire et autoritaire. Ces deux dernières caractéristiques allant souvent de pair ce qu’ils ont confirmé avec constance sous la houlette de celui qui a cru que son charisme en faisait un homme providentiel, capable de sauver le « peuple », de s’imposer comme le seul adversaire légitime et efficace d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen, et de fonder une Sixième République ... déjà ce travers, fort courant dans la vie publique et qui a déjà fait de nombreuses victimes, semble gagner ceux qui croient être les grands vainqueurs du jour : Europe Écologie Les Verts dont le porte-parole, Julien Bayou, déclare doctement : il n’y a plus que « trois forces en France : l’extrême-droite, les conservateurs et nous. » Même ivresse, mêmes affirmations péremptoires et mêmes prétentions exorbitantes qui ravalent les autres formations politiques au rang de piétaille. ... Aux critiques des méthodes, des orientations et des folles ambitions hégémoniques de Jean-Luc Mélenchon, ses zélotes ont opposé et opposent encore morgue, railleries et accusations diverses au motif que leurs auteur-e-s feraient le jeu de leurs adversaires et nuiraient à l’unité du mouvement ... En avril, inquiet peut-être d’une déroute un moment entrevue, Jean-Luc Mélenchon en appelait à la mise en place d’une fédération populaire ...
Dossier
Les entretiens de 2018
Entretien
Chantal Mouffe : “Il est temps de construire une nouvelle frontière politique”
Chantal Mouffe en 2018 © Édouard Caupeil
À force d’affirmer qu’“il n’y a pas d’alternative”, les peuples se fatigueront de la démocratie. C’est l’avertissement lancée par Chantal Mouffe, bien avant que n’émergent les régimes autoritaires de Trump, Poutine ou Erdogan. Et la philosophe belge, inspiratrice de Podemos et de la France insoumise, d’y opposer un “populisme de gauche” – le titre de son livre à paraître à la rentrée. Nous sommes allés nous confronter à celle qui fait du conflit l’essence même du politique.
Chantal Mouffe
Philosophe belge, elle a développé le concept de « démocratie radicale » et est l’une des inspiratrices des mouvements Syriza, Podemos et Nuit Debout. Coauteure de Hégémonie et Stratégie socialiste (Les Solitaires intempestifs, 2009), elle vient de publier L’Illusion du consensus (Albin Michel).
Publié dans
n°122
Septembre 2018
Tags
Chantal Mouffe, Populisme, Démocratie, Podemos, Agonistique
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Pour qu’il y ait une lutte agonistique, il faut qu’il y ait ce que j’appelle un « consensus conflictuel ». Tout échange implique qu’on soit d’accord sur ce sur quoi l’on va discuter. En démocratie, on reconnaît que les principes éthico-politiques sont la liberté et l’égalité pour tous. Le dissensus porte sur la définition et l’extension de ces principes. Dans le cas du Rassemblement national, c’est surtout le « pour tous » qui pose problème. Marine Le Pen prétend défendre les principes républicains, sauf qu’elle ajoute « oui, mais seulement pour les Français ». Pour autant, je ne pense pas qu’on puisse faire d’elle une antirépublicaine. Si c’était le cas, on ne devrait pas lui permettre de se présenter aux élections. En tout cas, je suis convaincue que l’on doit s’adresser à ses électeurs pour essayer de les orienter vers un projet populiste de radicalisation de la démocratie. Au lieu de considérer qu’ils sont perdus pour la gauche.
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l’agonisme – du mot agôn qui, en grec, veut dire « lutte », « compétition »…
Oui, l’agonisme confronte des opposants qui savent qu’ils ne pourront jamais se mettre d’accord et luttent pour imposer leur hégémonie. Cela dit, ils se ne considèrent pas pour autant comme des ennemis à abattre mais comme des adversaires qui se reconnaissent le droit de défendre leurs idées. Dans une démocratie vivante, il y a, par exemple, des positions irréconciliables entre défenseurs de la liberté et défenseurs de l’égalité, mais on peut mettre en forme ce conflit grâce à des institutions qui permettent l’expression du pluralisme.