C’est l’une de plus grandes multinationales au monde, et aussi l’une de moins connues. Procter & Gamble, colosse américain spécialisé dans les produits ménagers, est implanté dans plus de 30 pays (dont la France) et ses produits remplissent les rayons des supermarchés autour du globe. “P&G” est également spécialiste dans un autre domaine : celui de l’optimisation fiscale, soit l’ensemble de ces pratiques qui permettent aux grands et petits groupes d’esquiver les impôts via les paradis fiscaux.
Grâce à une série de montages fiscaux et juridiques, la branche française de P&G réussit à transférer chaque année des sommes faramineuses vers la Suisse, puis, grâce à des prêts dans l’ordre de 15 milliards d’euros, à en transférer encore plus vers les Etats-Unis, où se trouve le siège de la multinationale.
Ce faisant, la multinationale non seulement évite de payer une partie des impôts dont elle devrait s'acquitter, mais surtout, réduit considérablement le montant de la participation dûe à ses salariés français - ce dispositif qui prévoit qu’une partie des bénéfices réalisés soit reversée aux travailleurs.
L’optimisation fiscale est un sujet dont on parle souvent, mais qui ne semble pas nous concerner vraiment. Des milliards virtuels, des montages fiscaux absconds, des prête-nom : tout cela apparaît comme quelque chose d’abstrait, lointain. Pourtant, comme on le montre dans cette enquête, elle s’immisce directement dans nos fiches de paye, dans nos poches, dans nos vies : et ça, il n’y a rien de plus concret.