En pleine invasion de l'Ukraine par la Russie, de nombreux internautes soutiennent qu'"un document officiel de 1991, récemment déclassifié", prouverait la rupture par l'OTAN d'un "accord écrit" avec les Soviétiques promettant de ne pas élargir l'alliance politico-militaire au-delà des frontières de l'Allemagne réunifiée. Mais il n'existe aucune trace d'une telle promesse manuscrite contraignante, réfutent des chercheurs interrogés par l'AFP. Si des archives ont bien mis en avant des garanties orales données dans ce sens lors de discussions bilatérales entre les Soviétiques et plusieurs interlocuteurs occidentaux, celles-ci n'engageaient pas formellement l'Alliance, dont les politiques sont adoptées d'un commun accord par tous ses membres.
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Les experts interrogés par l'AFP confirment, unanimement, qu'aucun "accord écrit contraignant" n'a jamais été signé pour interdire à l'OTAN de s'élargir vers l'Est.
Amélie Zima, auteure d'une thèse sur l'élargissement de l'OTAN aux pays d'Europe centrale souligne que si tel avait été le cas, "l'article 10 du traité, qui existe depuis 1949, aurait dû être modifié en conséquence".
Le vrai débat porte en réalité sur la possibilité que des dirigeants d'Etats membres de l'OTAN aient pu donner des engagements verbaux dans ce sens, pour rassurer les Soviétiques et permettre la réunification de l'Allemagne ainsi que son adhésion dans l'Alliance nord-atlantique.
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Pour la chercheuse, ce "story-telling de Vladimir Poutine sur tous les engagements de sécurité conduit dans les années 1990 " est utilisé aujourd'hui pour "légitimer un coup de force de la Russie en Ukraine", alors que les deux camps se livrent "une véritable guerre de l'information".