Le Cri de Gaïa - Par Youness Bousenna , publié le 11 février 2021
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l’atypique carrière de ce philosophe, sociologue et anthropologue, en a fait la figure d’autorité de la pensée française en écologie
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l’Anthropocène n’induit-il pas un rapport au temps contradictoire, entre l’urgence de l’action politique et la lenteur – à l’échelle humaine – des processus du vivant ?
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importance de l’encyclique du pape François sur l’écologie, Laudato Si’ (2015), qui associe le cri de la Terre au cri des pauvres. Aucun marxiste n’aurait eu le culot de relier ces deux réalités dans une même pensée. Cette injonction prophétique du pape mérite d’être creusée.
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Au XXIe siècle, nous découvrons aussi une nouvelle Terre, et il nous faut à notre tour tout changer. Ce travail immense est actuellement accompli par des philosophes, des scientifiques, des artistes, des citoyens. Malgré la crise que nous vivons, j’observe un niveau de sérieux et une qualité dans ces travaux qui sont tout à fait nouveaux... et enthousiasmants.
Notes
(1) Zone critique : couche externe de la Terre où sont réunies les conditions d’habitabilité du vivant.
(2) Gaïa : nom donné à une hypothèse scientifique initialement formulée en 1970 par James Lovelock et Lynn Margulis désignant l’ensemble des vivants et les interactions par lesquelles ils créent, tel un vaste organisme, des conditions propices à la perpétuation de la vie.
(3) Les travaux de ce groupe de travail de la Commission internationale de stratigraphie (ICS) de l’Union internationale des sciences géologiques (IUGS) visent à déterminer si l’anthropocène constitue une nouvelle époque géologique succédant à l’holocène.
(4) Holobionte : nous ne vivrions pas sans les milliers de microbes (bactéries, levures…) composant nos microbiotes – intestinal, mais aussi cutané, buccal ou vaginal. Holobionte (du grec holos, le « tout », et bios, la « vie ») désigne cet ensemble formé par le macro-organisme qu’est un individu et tous ces êtres vivants minuscules qui le composent.
(5) Grande accélération : appellation donnée à la période débutant par la reconstruction de l’après-Seconde Guerre mondiale et correspondant à une pression humaine d’une intensité inédite sur l’environnement.
Livres
- Où suis-je ? Leçons du confinement à l’usage des terrestres, La Découverte, 2021.
Conçu comme une « métaphysique du déconfinement », le dernier livre de Bruno Latour utilise l’expérience du Covid-19 comme une métaphore de notre grand confinement sur Gaïa, et poursuit son travail de cartographie politique entamé dans Où atterrir ? afin de cerner les clivages autour de l’habitabilité de la Terre. - Où atterrir ? Comment s’orienter en politique, La Découverte, 2017.
Convaincu que la question climatique est la boussole pour comprendre les enjeux politiques de notre temps, Bruno Latour analyse à travers ce prisme l’élection de Donald Trump en 2016 et la crise des migrants, et tente, au-delà, de cartographier les nouveaux clivages fondamentaux. - Face à Gaïa. Huit conférences sur le nouveau régime climatique, La Découverte, 2015.
Cette œuvre maîtresse de la pensée écologique de Bruno Latour développe les implications philosophiques de ce qu’il nomme « nouveau régime climatique », soit l’interaction nouvelle entre l’histoire humaine et celle de la Terre – ou « géohistoire » – au cœur de l’Anthropocène. - Nous n’avons jamais été modernes. Essai d’anthropologie symétrique, La Découverte, 1991.
Bruno Latour s’en prend à la grande séparation opérée par la modernité entre ce qui relève de la nature d’un côté et de la société de l’autre, montrant que cette distinction « officielle » bute sur certains hybrides dépendant des deux régimes et que seule une « anthropologie symétrique » pourra lever ces contradictions. - Politiques de la nature. Comment faire entrer les sciences en démocratie, La Découverte, 1999.
La modernité a laissé les choses de la nature aux scientifiques et le sort des choses humaines à la politique. C’est à ce partage auquel Bruno Latour s’attaque ici en tentant de trouver les modalités concrètes pour réintégrer la « nature » et les sciences dans le champ de la délibération commune. - Le Cri de Gaïa. Penser la Terre avec Bruno Latour, sous la direction de Frédérique Aït‑Touati et Emanuele Coccia La Découverte, 2021.
Construit autour de l’œuvre de Bruno Latour et en particulier de Face à Gaïa, cet ouvrage collectif réunit les réflexions de 10 intellectuels, parmi lesquels Vinciane Despret, Baptiste Morizot, Nastassja Martin ou encore Sébastien Dutreuil.
Ndlr : des éléments pour penser la médiation de l'urgence ACT
URL courte pour la Médiation de l'Urgence dans le domaine politique :
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L'émission populaire est de retour et a installé ses micros en plein coeur de l'évènement politique de la rentrée : les #AMFIS2022 !
Manuel Bompard, Aurélie Trouvé, Adrien Quatennens, Emma Fourreau (coanimatrice des jeunes insoumis)... et plein d'autres intervenants se sont succédés pendant une heure afin de parler de l'actualité politique et sociale, et de quels outils nous disposons pour lutter contre le saccage social et écologique orchestré par Macron et surtout, pour gouverner le pays demain.
Tr.: ... Razmig Keucheyan, sociologue et membre du parlement de la Nupes ... construire une hégémonie culturelle dans une coconstruction (A.Trouvé) ...
Ndlr : qui dit coconstruction dit médiation.. contacter A.Trouvé. ACT
5 minutes
C'est le phénomène cinéma des fêtes : le film "Don't Look Up" (sur Netflix). L'histoire de scientifiques qui découvrent qu'une comète géante se dirige droit vers la Terre, mais personne ne prend au sérieux la catastrophe à venir ! Le parallèle avec les spécialistes du climat est évident et voulu.
Photo Léonardo DiCaprio et Jennifer Lawrence © Niko Tavernise / Netflix
... Valérie Masson-Delmotte ... co-présidente du GIEC ... le cynisme des puissants et la folie médiatique ... Peter Kalmus, climatologue de la NASA, dans une tribune publiée dans Le Guardian, intitulée "Don't Look Up capte la folie que je vois tous les jours".
D'autres chercheurs sont un petit peu moins emballés par le film, comme par exemple le sociologue Stéfan Aykut, de l'Université de Hambourg, spécialiste des politiques climatiques : "Comme métaphore pour le problème climatique, il fonctionne moyennement parce que la comète, finalement, il suffit de prendre une décision à un moment donné pour la stopper. Or, pour le climat, c'est des centaines de décisions, sur des longues années. Il me semble que l'image de l'astéroïde gomme un peu cette diversité sociétale qu'il faut mobiliser pour vraiment faire face au changement climatique."
Écouter la science, c'est une base, mais ce n'est pas une solution. Il faut construire des alliances, dit le chercheur, qui rend tout de même hommage au film : "Il faut plus de films comme ça parce que finalement, ça nous fait discuter. Et c'est ce qui est important."
Ce film titille aussi certains scientifiques, les vrais, quant au cri que bon nombre s'empêchent de pousser.
Are you fucking kidding me ?
"C'est le truc que je n'arrive pas à dire confesse Valérie Masson-Delmotte, quand je suis devant des gens qui manifestent une indifférence totale ou un déni total. On voit bien qu'ils ne captent pas les choses ou qu'ils font exprès de ne pas les capter."
Ndlr: "construire des alliances" selon le sociologue Stéfan Aykut, n'est-ce pas convoquer la médiation ? questionner, contacter? (dans le cadre de la médiation de l'urgence) ACT
Les documentaires
Engagés, impressionnistes, sensibles, subjectifs… les documentaires diffusés par Le Média donnent à voir la vie comme elle va et comme elle ne va pas. Des documentaires que nous voudrions diffuser en plus grand nombre, et que nous avons aussi vocation à co-produire.
Clés : Déconfinement : urgence pour les femmes victimes de violences
Le coronavirus a rendu visible ce que nous ne voulions plus voir, les violences notamment, et elles sont nombreuses.
Les violences symboliques, les violences économiques, les violences policières, mais il y a aussi celles qui ont lieu au sein même de nos foyers.
Les violences faites aux femmes, ces violences qui laissent des traces, visibles puis indélébiles. Il y a les bleus sur les corps, mais aussi les bleus à l’âme et au coeur.
Des coups, des mots qui entrent dans les organismes comme un virus, pour ne jamais repartir. Contre ce virus là, pas de gestes barrières, pas d’immunité collective ni de masques de protection.
Si le confinement a permis d’enrayer la propagation du coronavirus, il a aussi accentué la progression de cette autre maladie, bien plus profonde, de notre société. Avec les mesures de confinement, les cas de violence, de menaces et de harcèlement dans les familles et les couples derrière les portes closes ont augmenté de 32 %. 44 % d’interventions en plus pour différends familiaux par rapport à la même période l’année dernière.
Avec le déconfinement, toutes les structures qui viennent en aide aux femmes victimes de violences se sont retrouvées submergées par les demandes. La Maison des femmes de Saint Denis en fait partie.
Depuis le déconfinement, elle gère une situation d'urgence tous les 2 jours nécessitant une mise à l'abri, parfois avec enfants et fourniture de colis alimentaires, contre 2 par mois en temps normal, c’est pourquoi elle appelle aujourd’hui aux dons : 90 000€ pour recruter deux postes supplémentaire de psychologue et assistant.e sociale.
=> https://www.helloasso.com/associations/la-maison-des-femmes/collectes/les-violences-s-intensifient-les-besoins-aussi
La Maison des Femmes de Saint Denis est un lieu unique en France.
Créée par la gynécologue et obstétricienne Ghada Hatem, cette maison accueille les femmes victimes de violences (viols, excisions, violences conjugales...).
Un refuge qui leur offre un chemin pour se reconstruire, une écoute et des soins adaptés. Psychologues, chirurgiens, conseillères conjugales, assistant.es sociales, policier.es, sexologues, sage femmes, ostéopathes….
Tou.te.s travaillent ensemble dans un seul but : aider ces femmes à reprendre vie.
Ce reportage, réalisé par Paloma Moritz et produit par Spicee, a été fait il y a deux ans, pour faire connaitre cette initiative mais aussi convaincre chacun et chacune de la soutenir pour appréhender différemment ce problème de société.
Nous avons tenu à le diffuser à nouveau alors que La Maison des femmes est en situation d’urgence. Il vous raconte une histoire d’héroïnes, pas de roman, ni de film, ni de BD… des héroïnes du quotidien.
Des femmes qui bravent leurs peurs pour pousser la porte de cette maison. La Maison des Femmes a besoin de vous pour continuer à exister et se développer et démultiplier son impact.
Soutenez-les, partagez cette information et soyez des héros ·ïnes ! Même avec 5€, vous pouvez aider à changer la vie des femmes victimes de violences…
Un grand merci au média Spicee de nous avoir cédé gracieusement le documentaire sur la maison des femmes.
Spicee est un média français, indépendant sur abonnement qui produit et diffuse des docs engagés sur des thématiques telles que Le monde de demain, la place des femmes, la lutte contre la désinformation et le complotisme et des parcours inspirants qui montrent que l’on peut réaliser ses rêves et faire bouger les lignes en agissant.
Et pour l'occasion et pour fêter ses 5 ans, Spicee vous propose une promo Anniversaire. L’abonnement est à -40% soit 30 euros l’année avec le code promo : 5ANS sur ce lien https://bit.ly/2AQmOOR
Pour aller plus loin :
- https://www.lefigaro.fr/economie/le-scan-eco/2017/11/24/29001-20171124ARTFIG00108-les-violences-conjugales-couteraient-36-milliards-d-euros-par-an.php
- https://www.gouvernement.fr/sites/default/files/document/document/2019/11/dossier_de_presse_-_cloture_du_grenelle_contre_les_violences_conjugales_-_25.11.2019.pdf
Connu / https://twitter.com/LeMediaTV/status/1274401630730010625
"
Le Média @LeMediaTV · 7h
Avec le déconfinement, toutes les structures qui viennent en aide aux #femmes victimes de #violences se sont retrouvées submergées par les demandes. - 0 - 17 - 21
"
Transcription : ... à 14mn le sexologue ACT
personne ne veille à ce que la MdF soit DUPLIQUÉE PARTOUT ACT
... besoin d'accompagnement humain nous aider à soigner ACT
... ya actuellement 4 projets que moi je connais qui sont suffisament lancés pour que je sois sûre qu'ils vont aboutir à Paris, Strasbourg, à Plaisir, à Brive. On les a accompagnés donc on est très heureux. Et ce qui nous fait plus plaisir c'est que des jeunes médecins demandent à passer 6 mois avec nous dans leur parcours, afin de reproduire notre modèle. Notre lobbying auprès du gouv / mission d'intérêt général / 1 structure par région à minima : 3è pj accueil 24/24 pour les violences sexuelles car on est très conscients du fait qu'une femme victime d'un viol va avoir tendance à aller aux urgences gynécologiques, qu'elles viennent chez nous qu'on fasse les prélèvements et que la police se déplace pour prendre les plaintes ACT++
/DISpense du secret médical à double tranchant. Si risque de mise en danger oui. Débattre en équipe pour peser le risque serait mieux + éthique.
Q: le levier la parentalité, l'avortement, accompagner, pédagogie éducation non-violente à l'égalité, au respect à la sexualité, traquer le sexisme, mieux répartir la charge mentale,
=> informer sur fin particip + valoriser le pj +++ ACT
1 IRIS - Institut de Recherche Interdisciplinaire sur les enjeux Sociaux - sciences sociales, politique, santé
Résumé :Les mal-nommés risques psychosociaux au travail traduisent l’expression du mépris de la norme fondamentale absolue et matrice des droits de l’Homme : la dignité de l’être humain. Figure de la souffrance au travail, les conditions et les organisations du travail indécentes (au sens de l’ONU) conduisent à la réification du genre humain considéré comme un moyen de production au détriment de ses droits fondamentaux, tels que le droit à la santé au travail. Menaces à la santé publique s’affranchissant des règles de droit fondant l’ordre social, les risques psychosociaux au travail, dont les conséquences des atteintes à la santé physique et mentale des travailleurs se répercutent sur la société tout entière, brisent le contrat social liant les individus à l’État. Les obligations juridiques posées par les textes internationaux, européens et français, imposent à l’État et aux entreprises d’exercer une prévention active et pas seulement réactive. L’État, garant et protecteur du respect de la dignité et des droits humains, peut utiliser ses prérogatives de puissance publique pour mieux protéger la santé des travailleurs. La sociovigilance s’impose alors comme une nouvelle vigilance issue de la sécurité sanitaire du travail. Conjuguée à la création d’une autorité indépendante en charge des questions de santé au travail, la sociovigilance s’accompagne d’une nouvelle proposition d’organisation de la prévention des risques professionnels en France.
Mots-clés : risques psychosociaux au travail, stress, harcèlement moral, harcèlement sexuel, violences, discrimination, droits fondamentaux, dignité, conditions de travail, santé mentale, santé publique, vigilance sanitaire, sécurité sanitaire, autorité indépendante, droit de la santé et de la sécurité au travail, sociovigilance, prévention
Type de document : Thèse
Domaine : Sciences de l'Homme et Société / Droit
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Littérature citée [1386 références]
https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-02063105
Contributeur : Nina Tarhouny nina.tarhouny@gmail.com
Soumis le : dimanche 10 mars 2019 - 18:48:21 - Dernière modification le : samedi 15 février 2020 - 01:47:56 - Archivage à long terme le : mardi 11 juin 2019 - 13:55:25
Pour citer :
Nina Tarhouny. Les risques psychosociaux au travail : droit et prévention d’une problématique de
santé publique. Droit. Université paris 13, 2018. Français. tel-02063105
->
https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-02063105/document
Connue / https://twitter.com/istnf/status/1230148002955825153
"
Jean-Marc Le Hunsec a retweeté ISTNF Santé-Travail @istnf · 2h
👏 👏 👏 Nina.Tarhouny @NinaRPS · 1h
Ma thèse publiée chez l'Harmattan :D https://editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=65232
Au plaisir de vous retrouver à la séance de présentation le 25 mars ! 2 rt
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Un enjeu central
L’industrie est le cœur de la production de richesse d’un pays
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Un défaut grave de culture industrielle dans le parti
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un désintérêt et un manque d’expertise autour de ces enjeux dans le parti. Cette perte d’expertise est dramatique car elle est la porte ouverte à toutes sortes d’utopies faciles d’accès, qui donnent l’impression de fournir une culture dans ce domaine à peu de frais
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fascination autour des imprimantes 3D, des Fablab, de la société du « tous producteurs », de certaines visions proudhoniennes de l’économie, des graves sous-estimations des défis énergétiques… Il faut dire que les philosophes et les sociologues, spécialisés dans la narration de certaines utopies technologistes, ne manquent pas : Besnier, Rifkin, Morin, Stiegler … pseudo-visionnaires qui ont pour point commun de ne pas comprendre grand-chose aux réalités industrielles et au monde de la recherche, pour ne s’y être jamais vraiment frotté, et pour tout dire, n’y avoir jamais travaillé et n’ayant jamais réalisé le moindre projet concret. Et ce sont, hélas, les livres de chevet de beaucoup de dirigeants à gauche, qui s’imaginent ainsi être à la pointe de l’avant-gardisme avec ce genre d’idées.
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liste des « égarements » les plus fréquemment rencontrés sur le sujet : un premier pas serait en effet de déconstruire les visions simplistes et erronées autour de la production et de l’industrie.
La paillasse de laboratoire et la grande échelle
Ce qui fonctionne sur une paillasse de laboratoire ne fonctionne pas forcément à grande échelle. Ainsi en est-il par exemple des utopies sur la « société hydrogène » et la production d’énergie décentralisée qui nous permettraient, selon certains, de nous passer des grandes unités de productions
La pile à combustible existe, la voiture à hydrogène existe, et ce depuis plusieurs dizaines d’années, mais si cela ne se généralise pas, ce n’est pas parce qu il y aurait un complot contre cette technologie fomenté par les industriels de l’automobile par exemple, mais tout simplement parce que c’est très cher et d’un rendement médiocre, et que les chercheurs du monde entier ne trouvent tout simplement pas de solution pour qu’il en soit autrement. Le domaine de l’énergie est d’ailleurs un des secteurs les plus propices à ces visions qui font fi des ordres de grandeurs et de l’état réel des technologies à plus ou moins long terme. ... dernier livre de Rifkin
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Notre penchant pour la science fiction et le sensationnel
On pourrait aussi citer le délire autour de l’homme augmenté et du transhumanisme. C’est la première chose qui nous vient à l’idée lorsqu’on évoque les progrès de la robotique appliquée à l’homme sous forme de prothèses évoluées. Mais l’écrasante majorité des chercheurs en robotique, dans ce domaine précis, cherchent tout simplement à améliorer le quotidien de personnes qui ont perdu un membre et sont gravement handicapées, ou bien ils cherchent par exemple à fabriquer un cœur artificiel le plus fiable possible: non pas pour créer de nouvelles émotions artificielles, dans un délire puéril de film de science fiction, mais plus prosaïquement pour prolonger la vie de milliers de personnes.
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fréquenter vraiment les chercheurs de cette discipline et s’y intéresser sincèrement, débattre avec eux, quitte à écrire des livres moins sensationnels. Peut-être aussi faire un stage de découverte pour s’immerger dans le monde de la recherche et de l’industrie ... contrevérités
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Une utopie technologiste emblématique : les Fablab
L’avenir serait aux fablab et aux associations de quartier de type « do it yourself » (faites-le vous-même), le tout sous couvert d’une aspiration à l’ émancipation de chacun, enfin libre de produire soi-même la poignée de porte cassée de son logement dans son Fablab de quartier, plutôt que d’aller l’acheter à Castorama, acte très aliénant il va sans dire, et selon son désir bien sûr et pour l’usage voulu: ça c’est pour le volet « émancipation »…
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vision naïve du monde qui nous entoure, car elle sous-estime le haut niveau de technicité des objets les plus banals qui nous entourent et les problèmes ardus qu’ont dû résoudre nos ingénieurs et techniciens pour produire des objets avec des cahiers des charges de plus en plus exigeants. En termes de résistance des matériaux, de fiabilité, de normes sanitaires, de sécurité et avec la nécessité de les produire à des centaines de milliers d’exemplaires avec le même niveau de qualité : autant dire que ce n‘est pas à la portée du bricoleur du dimanche ne serait-ce que pour fabriquer un « simple » pédalier de vélo, un stylo-bic ou même un pot de yaourt… Faut il rappeler qu’on a justement inventé la division du travail pour cela, des normes, des métiers très pointus, qui interdisent toute utopie de ce genre à moins d’accepter un recul de civilisation sans précédent avec un retour à l’artisanat.
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avec le questionnement des Fablab on rejoue le débat autour du passage de l’artisanat à l’ère moderne de l’efficacité industrielle
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Appréhender le « temps industriel »
Le temps industriel est un temps long : déployer une technologie, développer une filière, fiabiliser un produit, de l’Airbus A380, au réacteur EPR, en passant par le TGV, ou le dernier moteur à combustion qui sera produit par millions, c’est long et n’est pas souvent compatible avec certaines incantations et impatiences exprimées par des idéologues (surtout âpres au gain et profit immédiats) qui proposent de remplacer des secteurs entiers par des filières qui ne sont pas mûres et ne dépassent même pas le stade de la paillasse de laboratoire ou du prototype. Ces discours « de la table rase » ont des effets catastrophiques car mettant sous pression des industries entières sommées constamment de justifier de leur utilité, devant sans cesse s’excuser d’exister, provoquant ainsi de graves crises des vocations (la meilleure façon de tuer une filière : envoyer le signal qu’on n’investira plus dans ce domaine, vous videz alors les écoles d’ingénieurs). Comment s’étonner que les facultés de sciences se vident de façon aussi dramatique ? Faut il rappeler qu’il faut 5-6 générations d’effort, de travail, pour développer une filière industrielle d’excellence dans un pays, mais seulement 5 à 10 ans pour la détruire ?
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Ce n’est pas faire preuve d’avant-gardisme de prôner le « nouveau » systématiquement et de vouloir tout remplacer avec une nouvelle idée tous les 2 ans
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Un oubli fréquent : le support matériel de la « révolution numérique »
C’est une figure de style au parti : quand on parle de révolution numérique , on parle de bla-bla-car, d’Uber, de Waze, on parle des Gafa, on explique qu’il y a d’immenses potentialités avec les « communs » grâce aux logiciels libres…avec des formules favorites « un autre internet est possible ! si on se donnait les moyens d’une maitrise publique » etc etc ..mais dans ces Rdv et colloques, journées d’étude, on évite soigneusement d’inviter un syndicaliste d’Orange, ou d’Alcatel (maintenant racheté par Nokia), ou un ingénieur des télécom, de l’industrie informatique ou des nouvelles technologies : il n’y a de place que pour les hackers, ou les militants du logiciel libre . C’est symptomatique d’un parti qui n’a plus les moyens d’appréhender le cœur des évolutions profondes dans des pans entiers de l’économie faute de salariés y travaillant, mais plus grave encore, faute même de réelle volonté de comprendre ce qui s’y joue.
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comprendre que les « données » et leurs traitements sont une dimension essentielle, mais que les « tuyaux » les transportant et ceux qui les fabriquent, sont tout aussi importants. De grands mouvements se font dans le monde impitoyable du capitalisme, pour récupérer des brevets et des savoir-faire précieux de cette industrie
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L’économie immatérielle est de plus en plus ….matérielle.
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Le « pétrole de demain » ce sera… le pétrole !
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pour maintenir toutes ces technologies en fonctionnement, ce seront surtout les matières premières et d’énergie qui manqueront cruellement demain à l’Humanité. On fera des guerres de plus en plus dures pour acquérir les dernières ressources pétrolières, car cette ressource restera indispensable dans certaines applications. Et il en va de même pour toutes les matières premières : y compris un minerai aussi banal que le cuivre !
La matière reste essentielle
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pour faire un réacteur EPR, il y a des années de calcul, de conceptions, d’essais, de prototypages, avec des logiciels puissants, du travail impliquant des dizaines d’équipes, des milliers d’ingénieurs et de chercheurs, où le numérique va effectivement jouer un grand rôle. Mais une fois le projet stabilisé, il faut le réaliser concrètement, cela implique de savoir couler du béton de qualité, de produire et souder de l’acier de haute qualité, sur place de s’assurer de la qualité de la réalisation en conformité avec les plans, affiner les systèmes électro-mécaniques, l’électricité de haute puissance etc etc… et savoir faire travailler des dizaines d’entreprises à la fois, effectuer tous les contrôles…. et tout cela devra être répété pour des dizaines de réacteurs (si on part sur l ‘hypothèse d’un renouvellement du parc nucléaire en France), et même sur des centaines d’exemplaires, si on vise un objectif de déploiement mondial
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valable pour les grands projets industriels
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Le PCF doit renouer avec le monde du travail, loin des illusions technologistes
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La France est-elle condamnée à être un pays parsemé de ronds-points et de centres commerciaux sans usine avec des « job à la con » (jobs qu’on retrouve dans ces même centres commerciaux) ?
Doit-on condamner toute une génération à des métiers absurdes et dévalorisants, et devenir, comme le prédisait Condoleezza Rice, un grand parc d’attraction Dysneyland pour riches touristes du monde entier ?
Doit-on pointer le problème de la désindustrialisation, juste durant les analyses de lendemain d’élections pour déplorer le vote massif pour le FN dans les territoires périphériques, ceux frappés le plus durement par la désindustrialisation, et l’oublier quelques semaines plus tard, jusqu’à la prochaine élection ?
Un parti communiste, digne de ce nom, doit avoir ce sujet comme une des préoccupations centrales, au cœur de son projet.
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Il y a bien des initiatives comme celle de la commission économique et tout le travail autour d’Alstom et maintenant autour de la SNCF et la reprise de sa dette ... devraient être démultipliées et avec des moyens et un soutien politique d’une toute autre ampleur.
Il faut changer d’état d’esprit, renoncer aux utopies faciles, technologistes, et retrouver le chemin du dialogue avec les syndicalistes, les professionnels, osons même un « gros mot » : avec les experts de ces domaines. C’est un chemin plus difficile, mais c’est le seul valable si on veut que la gauche, notre parti en particulier, retrouve force et crédibilité.
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Auteur :
Ancien élève de l'Ecole normale supérieure de Cachan et de l'INSA de Lyon, je suis professeur agrégé de génie civil et j'enseigne dans des lycées et centres de formation en Ile de France. En 2013, je deviens rédacteur en chef de Progressistes, nouvelle revue que je lance avec l'aide et le soutien de plusieurs personnalités du monde scientifique et du travail. J'anime régulièrement des débats publics sur les enjeux d'énergie et d'environnement à la demande de collectivités, d'associations, de partis politiques et de syndicats. Ce blog permet un accès aisé à mes différentes textes ainsi qu'aux diaporamas présentés pendant mes conférences.
Mon livre "Environnement et énergie" est édité aux éditions du Temps des Cerises (mai 2016).
contact : bellal.amar2@gmail.com
Ndlr : ce billet suscite un questionnement fructueux. Je ne suis pas forcément d'accord avec tous ses items (sur le nucléaire notamment) mais confronter nos points de vue est vital. Comment faire advenir des espaces de confrontation non-violente de ces controverses ou conflits, que ce soit à l'intérieur des Partis politiques comme ici avec le Parti Communiste, ou plus généralement dans la société ? ACT
Concernant l'industrie, la recherche et l'ingénierie sont des expertises incontestables. Mais au service de quels modes de vie, de quelle société, de quelle idéologie, de quelle civilisation, ET AVEC QUELLE DÉMOCRATIE ? ACT
Conclusion : la médiation généraliste articulant conflits et projets est stratégique. VALORISER ACT