C’est un critère de plus en plus scruté lors des vagues de chaleur : la température humide, qui mesure la température de l’air ambiant combinée au taux d’humidité. A partir de certains seuils, le corps humain lâche. Ces températures humides extrêmes sont de plus en plus fréquentes.
Et il est parfois nécessaire et même inévitable de lutter... contre la chaleur. Nos petits corps sont mis à rude épreuve quand le thermomètre s’affole, et à ceux qui seraient passés à côté je vous signale qu’une partie de l’Asie souffre en ce moment d’une vague de chaleur inédite, les Philippines, la Thaïlande, le Vietnam, le Cambodge, le Bengladesh, la Birmanie, l’Inde, il y a plus de 45° par endroits, une habitante disait dans les journaux « il fait chaud à en mourir » et c’est vrai. Savez-vous par exemple que si vous êtes exposé à une température de 35° dans une zone très humide, 100% d’humidité, pendant 6h, vous y passez ?
C’est ce qu’on appelle la « température humide », le « wet bulb » en anglais, dont on retrouve les origines dans l’US Navy, en 1956 précisément, comme me l’a expliqué la physicienne de l’atmosphère au CNRS Sarah Saffiedine : « Le terme « wet bulb temperature » a commencé à être vraiment utilisé par l’armée aux États Unis suite à plusieurs décès et maladies qui ont touché l’armée navale américaine dont la côte Est proche de l’Équateur. C’est là où on trouve les premiers essais d’utiliser la température humide comme un indice de confort thermique qui peut prédire les coups de chaleur e, activité en extérieur »
... quand l’air est sec, on peut transpirer et donc refroidir notre température interne, puisqu’on évacue la chaleur, alors que quand il fait humide, ben ça ne ventile pas. Donc on peut tomber en hyperthermie, c’est-à-dire que la t° de notre corps dépasse la normale, comme quand on a de la fièvre. Et la barre des 35°/100 d’humidité 6h, ou – variante – 38° 80% d’humidité, ou encore 41° 60% d’humidité, elle pourrait non seulement en fait être + basse, certaines études commencent à parler d’un danger mortel à 31° et 60% d’humidité, mais surtout, elle est plus fréquente, ces événements de t° humide extrême ont été multipliés par 2 depuis 40 ans. Et ça ne va évidemment pas aller en s’arrangeant avec le réchauffement climatique. Cathy Clerbaux est elle aussi physicienne de l’atmosphère au CNRS :
« Comme la température augmente, des zones du globe vont être de plus en plus chaude et comme la température augmente la vapeur d’eau il y a plus d’évaporation aussi. Des endroits combinent à la fois des températures élevées et une concentration en vapeur d’eau qui est assez élevée et humide. On pense qu’en 2050, si on fait des projections de la température, dans certaines régions du globe comme l’Asie du Sud, le golfe persique, tout ce qui est autour de la mer rouge, il va y avoir plusieurs jours par an où justement ces températures vont être difficiles à supporter parce qu’elles combineront à la fois température élevée et niveau d’humidité élevé aussi »
Voilà des zones à risque clairement identifiées, avec un critère un peu contre-intuitif, c’est qu’il pourrait être plus difficile à vivre en bord de mer, où il y a plus de vapeur d’eau et donc d’humidité, que dans les terres, les chercheuses citent l’Arabie Saoudite par exemple. Sarah Saffiedine prévient également que ce n’est que le début :
« Aujourd’hui on voit qu’il y a de temps en temps des extrêmes mais ces extrêmes seront la norme dans le futur. Dans cette norme du futur il y aura aussi des extrêmes. On ne sait pas encore vraiment. Chaque année il y a une canicule qui est plus extrême que celle de l’année d’avant. Il y aura peut-être des événements très extrêmes de chaleur, ça pourrait avoir des effets catastrophiques »
Des régions inhabitables, et même si l’Europe par exemple est moins concernée puisque le climat est tempéré et non tropical, elle est aussi surveillée. L’enjeu est d’anticiper, partout :
« La finalité est de regarder comment le corps humain supporte les variations de différents paramètres avec l’idée que si les températures autour du globe augmentent, comment les personnes qui vivent dans des pays qui combinent à la fois chaleur et humidité vont pouvoir supporter ça ? »
Et là c’est un travail à mener aussi avec la médecine bien sûr, les recherches en fait sont encore assez nouvelles, mais l’enjeu est grand, avec comme toujours dans ce monde qui change, la nécessité de s’adapter, et donc de penser aussi les choses politiquement, à une échelle locale, nationale, globale. En attendant, donc, les corps et les gens n’arrêteront pas de lutter, pour simplement pouvoir continuer à vivre.
L'équipe Camille Crosnier Production Suzanne Pacaud Stagiaire
Connu / https://twitter.com/cassouman40/status/1538272492724305920
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Christophe Cassou @cassouman40 · 2h
D'ailleurs le WWA dans son toolkit pour les journalistes indique bien que "chaque vague de chaleur dans le monde est désormais +forte et +susceptible de se produire en raison du changement climatique"!
11/.https://worldweatherattribution.org/reporting-extreme-weather-and-climate-change-a-guide-for-journalists/
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Durée de lecture : 8 minutes - Climat
« Les vagues de chaleur augmentent en intensité et en fréquence à cause du dérèglement climatique », selon un rapport scientifique. Et leur force, notamment aux États-Unis, surprend même les chercheurs. Qui préviennent qu’aucune zone géographique ne sera épargnée.
...
C’est pourquoi, tout en exhortant les gouvernants à réduire les émissions de gaz à effet de serre, les chercheurs du WWA ont souligné l’importance de l’adaptation. « Il faut des plans locaux de prévention et d’action face aux vagues de chaleur, car beaucoup de gens ne savent pas comment se comporter quand le mercure grimpe, a précisé M. van Aalst. Il faudrait notamment augmenter le nombre d’espaces verts. Une meilleure sensibilisation, des systèmes d’alerte précoces, mais aussi la disponibilité de “cooling centers” [2] sont également essentiels. »
Notes
[1] Ce groupement de chercheurs international cherche à faire le lien entre événements climatiques extrêmes et changement climatique. Si chaque événement séparément ne peut pas être lié directement au changement climatique, il est possible de montrer qu’il augmente leur fréquence.
[2] Les cooling centers sont des lieux d’accueil au frais, éventuellement climatisés.
Connu / https://twitter.com/cmoreldarleux/status/1414113955153334272
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corinne morel darleux @cmoreldarleux
« Il se peut que nous ayons franchi un seuil dans le système climatique où une petite quantité de réchauffement supplémentaire fait augmenter de manière importante les températures extrêmes ». L'hypothèse glaçante du World Weather Attribution (WWA), par @llavocat
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Reporterre @Reporterre · 10 juil.
Amérique du nord, Maghreb, Scandinavie, Moyen Orient : « Il est possible que nous connaissions déjà des extrêmes de chaleur qu’on avait prévus uniquement pour des étapes plus avancées du réchauffement climatique. »
https://reporterre.net/Il-faut-s-attendre-a-des-vagues-de-chaleur-hors-du-commun-partout-dans-le-monde
8:46 AM · 11 juil. 2021· - 153 Retweets 4 Tweets cités 203 J'aime
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Actualité Environnement
TORONTO – Les coûts annuels pour contrer les pires conséquences des changements climatiques au niveau municipal s’élèvent à 5,3 milliards $, selon une étude dévoilée jeudi par la Fédération canadienne des municipalités (FCM) et le Bureau d'assurance du Canada (BAC).
... 0,26 % du produit intérieur brut du Canada ...
Dans l’ordre, les inondations, l’érosion et la fonte du pergélisol constituent les risques climatiques qui engendrent les dépenses les plus élevées. ... les coûts financiers et émotionnels ne cessent d'augmenter, a mentionné le président et chef de la direction du BAC, Don Forgeron ... Les gouvernements doivent collaborer au financement des infrastructures résilientes nécessaires pour protéger les Canadiens des inondations, des grands vents et des feux de forêt.»
Au Québec et en Ontario, les inondations, les tempêtes de verglas et de vent, ainsi que les vagues de chaleur sont les phénomènes qui menacent le plus les infrastructures actuelles.
L’étude note que d’autres recherches ont montré que pour un dollar investi en mesure d’atténuation, six dollars sont épargnés en dommages futurs. ... l’amélioration des infrastructures comme la construction de digues, l’augmentation de la capacité de traitement des eaux ou l’utilisation de matériaux de construction résistants au feu.
Les mesures d’atténuation s'appuient aussi sur le renforcement des systèmes naturels comme les zones humides et les forêts. Enfin, des politiques et un cadre juridique mieux adaptés, par exemple l’interdiction de construire dans des zones à risque, constituent un autre axe pour contrer les effets négatifs du réchauffement de la planète.
La température moyenne annuelle au Canada a augmenté de 1,7 °C depuis 1948, selon cette étude.