Cité par 23 Volume 31, Numéro 1 Février 2016 , pp. 72-85
Joséphine Peigné (a1), Marion Casagrande (a1), Vincent Payet (a1), Christophe David (a1) ...
DOI: https://doi.org/10.1017/S1742170514000477
Publié en ligne par Cambridge University Press: 20 Janvier 2015
Auteur principal
Corresponding author: jpeigne@isara.fr, http://www.isara.fr
Résumé
The interest of organic farmers in adopting conservation agriculture principles, including minimal soil disturbance, permanent soil cover and crop rotation has been growing since the early 2000s. However, currently there is no network for organic farmers practicing conservation agriculture, and a lack of knowledge on how organic farmers implement conservation agriculture in practice. Consequently, few technical references are available for organic farmers when they start applying conservation agriculture practices, in particular on controlling weeds without the use of herbicides. The main objectives of this study were: (1) to explore the diversity of conservation agriculture techniques (i.e., reduced tillage, no-tillage and green manures) practiced among European farmers, and (2) to identify farmers’ main strategies for implementing conservation agriculture and the agronomic and environmental factors that determine these strategies. Strategies were identified by analyzing survey results on: (1) the type and degree of use of conservation agriculture practices by farmers, and (2) the effects it produces in terms of soil disturbance and soil cover (low, medium and high). We carried out a survey of 159 European organic farmers and collected 125 data sets on management of winter-sown crops. Among the conservation agriculture practices, reduced tillage was used by 89%, no-tillage by 27% and green manure by 74% of the 159 interviewed farmers. Green manures were more frequently used in northern Europe than in the south (below 45°N). Most of the farmers used crop rotations, with a mean duration of 6 years. A wide diversity of conservation agriculture practices were used, with farmers rarely using all three techniques (no-till, reduced till and green manures) within one system. The range of practices was grouped into five strategies ranging from intensive non-inversion tillage without soil cover to very innovative techniques with no-tillage and intercrops. The five strategies for conservation agriculture could be grouped into two larger categories based on weed control approach: (1) intensification of the mechanical work without soil inversion or (2) biological regulation of weeds with cover crops. The diversity of strategies identified in this study shows that organic farmers use innovative approaches to implement conservation agriculture without herbicides. This study's findings will help organic farmers to experiment with innovative practices based on conservation agriculture principles and also benefit conventional farmers who use conservation agriculture practices and would like to reduce or eliminate the use of herbicides.
Agriculteur au Pays Basque, Félix Noblia expérimente une agriculture ambitieuse, celle de la conservation des sols en bio, depuis deux ans. Discussion avec ce paysan-chercheur sur cette révolution en cours.
...
malgré l’apport d’engrais minéraux, certaines plantes ne poussaient plus sur mes parcelles. Je me suis alors progressivement intéressé à mes sols au gré de rencontres et de discussions avec des collègues agriculteurs, comme Frédéric Thomas, ou des chercheurs comme Lucien Séguy. J’ai alors compris l’importance de restaurer la vie biologique des sols pour construire des systèmes agronomiques durablement productifs.
... abandonner le labour notamment parce que j’avais des terrains très en pente et donc fortement sensibles à l’érosion ... ne pas travailler le sol et réussir la gestion de ces « mauvaises herbes ». La réalité est qu’il y a encore eu très peu de recherche et d’expérimentations sur la conciliation entre l’agriculture biologique et l’agriculture de conservation. Il est en effet très compliqué pour les agriculteurs d’assumer économiquement les risques associés à l’expérimentation de l’agriculture biologique de conservation des sols, qui est une technique incroyablement complexe
...
En agriculture de conservation bio, il faut que le sol soit au maximum occupé par des plantes que l’on a choisies, sinon ce seront d’autres, indésirables, qui prendront la place. On va par exemple compter sur le paillage, c’est-à-dire la couverture du sol par les résidus de plantes. Ce paillage va jouer un effet écran et empêcher la germination des graines de plantes indésirées présentes dans le sol. Autre technique : le « relay-cropping ». Cela consiste à insérer dans une culture, avant même sa récolte, celle qui lui succèdera. ... semer des cultures en association, par exemple un blé et un trèfle ... présence d’un élevage grâce auquel je suis sûr de valoriser économiquement ma récolte
...
le glyphosate rentre essentiellement dans notre alimentation non pas par les agriculteurs, qui, faut-il le rappeler, ne l’épandent jamais sur les cultures récoltées en France, mais par l’importation d’OGM. Ces OGM, venus notamment d’Amérique du Sud, vont ensuite nourrir une grande partie du bétail français ... utilisé avec parcimonie dans des systèmes d’agriculture de conservation des sols contribue à la construction d’un système d’avenir qui permettra de s’en passer un jour. Il est plus important de basculer la ferme France en agriculture de conservation des sols qu’en système « zéro-glypho » ... on pourrait multiplier son prix par dix et utiliser l’argent ainsi récolté pour la recherche et le développement d’alternatives.
... comment pourrait-on accompagner ... ?
lever les freins matériels et psychologiques ... aider massivement les exploitations à investir dans le matériel adapté ... travailler sur la sélection de plantes de couverture des sols qui sont capables de séquestrer de grandes quantités de carbone afin de les stocker durablement dans le sol et non dans l’atmosphère ... orienter davantage les élevages vers le pâturage ... inciter les consommateurs à manger moins de viande, mais de meilleure qualité à des prix plus élevés ... développer considérablement les réseaux de partages d’informations entre agriculteurs ...
Aller plus loin
- Frédéric Thomas : « Pour la première fois dans l’humanité, on peut produire de manière conséquente en régénérant les sols » https://grainesdemane.fr/frederic-thomas-pour-la-premiere-fois-dans-lhumanite-on-peut-produire-de-maniere-consequente-en-regenerant-les-sols/
- Sarah Singla : « Développons des sols fertiles en remplaçant le métal par le végétal » https://grainesdemane.fr/sarah-singla/
- « Agriculture du vivant » : il se passe quelque chose ! https://grainesdemane.fr/agriculture-du-vivant-il-se-passe-quelque-chose/
Auteur Mathieu Marguerie
Ingénieur agronome spécialisé en productions végétales, je m’intéresse à la diversité de l’agriculture sous toutes ses formes. Je travaille actuellement au développement de l’agriculture biologique.