C’est la nouvelle star de l’énergie : l’hydrogène. Depuis la rentrée, le gouvernement ne cesse de vanter ses mérites pour décarboner industries et transports. D’ici 2030, 7,2 milliards d’euros seront investis - mais est-ce vraiment la solution miracle ?
...
"Hydrogène vert", parce que les 70 millions de tonnes d'hydrogène produites actuellement chaque année dans le monde ne sont pas du tout propres (l'hydrogène, je le rappelle, n'est pas du tout une source d'énergie : c'est un vecteur, qu'il faut donc fabriquer, comme l'électricité).
L'hydrogène est issu en majorité du gaz et du charbon. Autrement dit, c'est un sous produit des énergies fossiles. Donc, avant de tous carburer à l'hydrogène, il va falloir le rendre vert, effectivement, et c'est là que les choses se corsent. Le petit astérisque en bas de la feuille sur lequel le gouvernement s'étend un peu moins, au regret de Frédéric Beaune, astrophysicien à Toulouse, qui vient de signer avec ses collègues de l'Atelier d'écologie Politique une tribune pour "dénoncer des effets d'annonce aguicheurs, et nous, désenfumer", je cite "sur l'hydrogène"
C'est pas sérieux du tout, on nous promet une solution en mettant sous le tapis le plus gros problème qui est la production d'hydrogène
...
Hydrogène auquel deux milliards d'euros sont consacrés dans le plan de relance : le budget a été multiplié par 20. D'ici dix ans, 7,2 milliards et la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, vante cette révolution à venir dans un petit clip.
Ça ne fait pas rêver notre scientifique Guillaume Carbou, qui se défend, cela dit, d'être rabat-joie : "On est extrêmement inquiets de voir que les décideurs politiques, la communication commerciale sur le sujet ne soient pas explicites sur ces enjeux-là et sur ce que ça représente réellement pour la société. Ça peut être très bien, l'hydrogène, il n'y a aucun souci, mais il faut que soit très, très clair qu'il ne soit pas présenté comme une solution miracle parce que ça n'en est pas une."
Encore moins quand, dans le fond, il s'agit de trouver une alternative énergétique par la technologie pour continuer à vivre comme on le fait, c'est à dire sans remettre en cause nos modes de vie.