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Cette figure-là, comme celles des résistants socialistes et communistes, fait partie de notre patrimoine mémoriel commun. Elle n’appartient pas à un camp politique. Après, il y a les politiques menées par De Gaulle Président de la République. Sur ce plan, c’est sûrement à la droite de faire l’inventaire. J’observe que beaucoup se sont réclamés du « gaullisme » tout en démantelant l’État planificateur, en s’alignant sur les positions internationales des États-Unis ou laissant vendre à des capitaux étrangers des fleurons industriels quand ils étaient au pouvoir. De Gaulle, n’a jamais adhéré à l’idée de la main invisible du marché. Le libéralisme est un produit d’importation en France. À l’heure actuelle la politique des insoumis est plus proche de la pratique gaulliste sur ces questions que des gens qui se réclament du Général.
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L’autre certitude que je partage avec De Gaulle concerne la place particulière de l’État en France. Depuis dix ans, je remets en circulation le mot « planification » dans le débat politique. Ses détracteurs convoquent aussitôt le souvenir de l’Union soviétique et du Gosplan pour le décrédibiliser. Mais en France, la planification est une invention gaullienne! Il met en place le commissariat général au plan après la seconde guerre mondiale pour diriger la reconstruction. Pendant ses mandats, il a fait du plan l’instrument principal de sa politique économique. Dans une allocution en 1961, il disait « il faut que le plan devienne une institution essentielle, plus puissante dans ses moyens d’action (…) Il faut que cela soit, pour tous les Français, une ardente obligation ». Il était bien éloigné des couplets sur le marché, la concurrence libre et non faussée et les autres mantras ridicules des liquidateurs actuels.
D’autre part, il a été partie prenante à l’application du programme des Jours Heureux à la Libération, même si la paternité en revient d’abord au Parti communiste. Dans ses mémoires, il déclare que la propriété publique nationale est la « seule en mesure de développer comme il faut » le secteur de l’énergie. Sur la finance, qu’il fallait « assurer le monopole du crédit afin que son activité ne soit pas à la merci du monopole financier ». Et sur la condition ouvrière : « il n’y a pas de progrès véritable si ceux qui le font de leurs mains ne doivent pas y trouver leur compte ». Je pourrais réciter ces mots sans rougir.
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