Invitée de France Info lundi matin, jour anniversaire de la catastrophe nucléaire de Fukushima, la ministre de l'Ecologie et de l'Energie a vanté les mérites du nucléaire, "énergie décarbonée". Delphine Batho a par ailleurs affirmé que le renoncement de l'Allemagne au nucléaire avait fait "monter ses émissions de CO2". Vrai ou faux ?
Faux.
Car le nucléaire, ce ne sont pas que les centrales, c'est toute une filière : il faut extraire l'uranium, l'enrichir, le transporter, construire les centrales — et la fabrication du béton produit énormément de gaz carbonique.
Un ancien cadre de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Daniel Weisser, a compilé 103 études rédigées dans le monde entier, sur l'empreinte carbone des différentes énergies. En moyenne, chaque kilowatt/heure d'électricité nucléaire produit rejette 66 grammes de CO2 dans l'atmosphère. C'est beaucoup moins que les centrales à gaz naturel (près de 500 gr) ou les centrales à charbon (autour d'un kilo). Mais cela reste deux fois plus que l'énergie solaire (32 gr) ou les éoliennes offshore (9 gr).
Parler d'énergie "décarbonée" est donc un abus de langage, un greenwahsing entretenu par Delphine Batho mais initié par Nicolas Sarbozy en 2007. Si on ne "verdit" pas le nucléaire, on exportera moins facilement nos centrales atomiques. Et on n'atteindra pas notre objectif de 23 % d'énergies renouvelables à l'horizon 2020.
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Enfin, concernant la tendance générale des pouvoirs politiques à "verdir" l'énergie nucléaire, nous n'évoquons ici — car c'est le sujet de cette interview — que les gaz à effet de serre. Il ne faut pas oublier l'ensemble des éléments polluants utilisés par la filière nucléaire, et ce qu'elle laisse commé héritage aux générations futures : rappelons que de l'uranium usagé reste dangereux durant plusieurs centaines de milliers d'années.