...
Constater le fossé entre les luttes sociales et l’espace politique fait peur. Je ne vois pas d’autre solution que produire du neuf pour être attractifs. Et cela ne se fait pas en allant chercher l’hégémonie à tout prix sur les classes populaires. Ça se fait à travers un projet unificateur de rayonnement entre les différentes sensibilités. La crise politique, c’est aussi la crise des médiations. Sans médiations, on est toujours dans une adresse d’une figure au peuple, et donc aux classes populaires. Or, cela ne permet pas la conscientisation et l’auto-organisation.
...
À propos du défaut de médiations évoqué par Elsa Faucillon, que répondez-vous ?
É. C. : Le mouvement ouvrier tel qu’il s’était structuré est mort. L’utilité historique de la social-démocratie, qui était de trouver un compromis entre travail et capital, s’est échouée dans la conversion au néolibéralisme. Les partis communistes aussi ont été un échec du XXe siècle. Du coup, il faut reconstruire autre chose. LFI, avec son développement rapide, offrait une opportunité à saisir, celle d’un mouvement citoyen, avec ses imperfections mais qui permettait le rassemblement de manière plus efficace que le Front de gauche.
Dans cette période de recul, il ne faut pas négliger les acquis institutionnels et militants de notre force. La porte était ouverte, les organisations existantes ont fait le choix de rester dans leur coin. Le « big bang » proposé par Clémentine, elle l’avait déjà proposé il y a quatre ans avec l’idée de « front commun », et là on retrouve à nouveau les mêmes signatures que pour tous ces genres d’appel auxquels j’ai participé moi aussi pendant ces années… Franchement, ce n’est pas l’urgence.
...