Mots-clés Jérusalem-Est Netanyahou procès - 22 commentaires
Le procès que le premier ministre israélien voulait à tout prix éviter s’ouvre dimanche après-midi à Jérusalem. Poursuivi dans trois dossiers pour corruption, fraude et abus de confiance, il risque jusqu’à dix ans de prison. Mais rien, dans la loi ne l’empêche de rester au pouvoir, et de réaliser ses projets d’annexion.
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Son cynisme manœuvrier – aidé par l’absence de convictions de l’intéressé – l’ont débarrassé de son seul rival politique, Benny Gantz, devenu son otage volontaire. Mais Netanyahou sait que ce procès pèsera lourd sur son destin politique. Peut-être d’abord par ce qu’il révèle de sa véritable personnalité. Et du mélange troublant, dans son comportement quotidien entre son intérêt personnel et celui de l’État.
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Pendant une période de cinq ans, de 2012 à 2017, les malversations en cause auraient rapporté à Shaul Elovitch, actionnaire majoritaire du principal groupe israélien de télécommunications, Bezeq, près de 500 millions de dollars.
Selon l’acte d’accusation, le premier ministre, qui détenait aussi à l’époque le portefeuille des télécommunications, aurait facilité en 2015, la fusion de Bezeq avec le réseau de télévision par satellite Yes. Fusion qui aurait littéralement fait exploser le montant des dividendes encaissées par Elovitch et sa famille. En échange, le populaire site d’information Walla, également contrôlé par Elovitch, aurait accepté de soutenir la politique et la personne de Netanyahou tout en multipliant critiques et attaques contre ses opposants. Selon les enquêteurs, qui avaient déjà proposé en 2018 de mettre le premier ministre en examen pour cette affaire, il multipliait, comme sa femme, Sara, les interventions auprès de la rédaction de Walla, pour obtenir des couvertures favorables de ses initiatives, et dénigrer l’action ou la personnalité de ses opposants. Le tout avec le feu vert d’Elovitch et de sa femme Iris.
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À ces trois dossiers, déjà accablants, qui ont conduit, pour la première fois dans l’histoire d’Israël, un premier ministre en exercice sur le banc des accusés, aurait pu – ou dû ? – s’ajouter un quatrième, « le dossier 3000 » ou « l’affaire des sous-marins allemands ». Dans cette affaire sur laquelle une enquête se poursuit officiellement depuis février 2017, Netanyahou est soupçonné de liens financiers directs ou indirects avec une firme métallurgique américaine qui fournit en métaux spéciaux le chantier naval allemand ThyssenKrupp, constructeur des sous-marins de haute technologie livrés à la marine israélienne.
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Au moment où le premier d’Israël annonce que le moment est venu d’annexer une partie au moins de la Cisjordanie, en violation flagrante du droit international, son procès qui s’ouvre dimanche à Jérusalem, illustre peut-être la persistance en Israël d’une justice décente. Mais se trouvera-t-il dans la salle d’audience du tribunal de district de la rue Salah ed-Din (Saladin), en plein cœur de Jérusalem-Est, à deux pas de la Maison d’Orient, qui fut le siège officieux de l’OLP avant d’être fermée par Ariel Sharon en 2001, une voix pour rappeler qu’aucune capitale, sur la planète, à l’exception peut-être de Washington, depuis Trump, ne considère cette partie de la ville comme appartenant à Israël ?