Gauche(s) Entretien
Ancienne chargée de campagne aux Amis de la Terre, l’activiste pour le climat Alma Dufour rejoint le parlement de l’Union populaire, en soutien à la campagne de Jean-Luc Mélenchon. Elle explique les raisons de son passage du mouvement social au militantisme politique.
C’est une « transition express ». Le 20 janvier, Alma Dufour s’acquittait de son dernier rendez-vous au nom de l’association des Amis de la Terre, en tant qu’experte de l’économie circulaire, avec Yannick Jadot et son équipe. Elle quitte aujourd’hui le militantisme associatif pour rejoindre le parlement de l’Union populaire (UP), organe de la campagne de Jean-Luc Mélenchon dirigé par l’ex-porte-parole d’Attac, Aurélie Trouvé, qui vise à renforcer les liens entre mouvements sociaux et politique.
Pour la militante de 31 ans, organisatrice avec d’autres des marches pour le climat – un mouvement qui se tient pour l’instant à distance de la présidentielle –, « on n’a pas le choix, il faut croire aux urnes » pour espérer transformer le réel. Elle souhaite d’ailleurs être candidate aux législatives en juin prochain pour l’Union populaire.
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J’étais persuadée que le rapport de force se construisait dehors, par les mouvements sociaux, et je pense que c’est toujours essentiel. Mais s’il n’y a pas de débouché politique à ces mouvements sociaux, on n’avance pas sur le climat. Ce manque de débouché devient même dangereux démocratiquement.
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Pendant le mouvement des « gilets jaunes », je me suis fait tirer dessus à coup de flashball à deux reprises. Pour la première fois de ma vie, j’ai eu vraiment peur
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constaté le recul des libertés publiques depuis cinq ans ... Il n’y a plus de débat démocratique réel dans ce pays ... je souhaite m’engager pour l’Union populaire dans la 4e circonscription de Seine-Maritime, dans la banlieue industrielle de Rouen. C’est à côté de l’usine Lubrizol, dans un endroit où il y avait un projet Amazon contre lequel on a lutté, et où il y a l’usine de la Chapelle-Darblay, qui fait du recyclage et qui risque de fermer. Il y a de gros enjeux de relocalisation industrielle sur ce territoire, il y a un taux de chômage important. C’est un territoire qui représente ma vision de l’écologie : qui parle des classes populaires, du travail, de l’emploi, de la réappropriation de l’écologie par les travailleurs et travailleuses.
C’est ce que je faisais avec la lutte anti-Amazon et avec le collectif « Plus jamais ça » [qui regroupe plusieurs syndicats et associations dont la CGT, Attac, Greenpeace, Oxfam, les Amis de la Terre... – ndlr]. Être candidate sur cette ligne à Rouen me paraît être la chose la plus cohérente que je puisse faire dans la suite de mon travail militant.
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la dynamique est du côté de l’Union populaire, et il faut l’accompagner. L’urgence est là. On a dix ans pour agir pour le climat. Les cinq prochaines années seront déterminantes. Même si on n’est pas sûr·es de gagner, il faut tout donner. Quand on est activiste, on donne tout pour les causes.
Et puis, il y a la ligne politique. La ligne de l’Union populaire a toujours été la mienne. Je fais partie des gens qui pensent que pour lutter contre le changement climatique, il faut changer les règles du jeu de l’économie de façon claire et frontale. Pour moi, il y a deux partis écolos aujourd’hui en France : LFI et EELV. Mais l’un a une dynamique, et davantage de clarté sur sa ligne économique.
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trois grands piliers de l’écologie populaire : c’est l’écologie qui donne de l’emploi aux gens, via la relocalisation et l’économie circulaire ; c’est l’écologie juste et équitable, au sens où on ne met pas tout le monde au même degré de responsabilité face à la transition écologique, à laquelle chacun et chacune doit contribuer à la hauteur de ses moyens ; enfin, c’est une écologie obligée de rompre avec les logiques productivistes qui ont cours depuis cinquante ans.
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