Les mégafeux en Australie sont aussi la conséquence de la disparition de certaines pratiques aborigènes. En pratiquant de petits feux maîtrisés, ils savaient prévenir les grands feux. Mais la colonisation a tout bouleversé, nous explique l’anthropologue Barbara Glowczewski.
Barbara Glowczewski est anthropologue, spécialiste des Aborigènes d’Australie. Elle fait partie du laboratoire d’Anthropologie sociale du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) http://las.ehess.fr/index.php?1716. Elle est l’autrice d’une dizaine de livres sur l’Australie, dont Rêves en colère (Plon, Terre Humaine) et Guerriers pour la paix (Indigène). Elle a mené ses recherches notamment auprès des Warlpiri de Lajamanu dans le désert central australien. Elle est par ailleurs membre du comité de Terre en commun https://encommun.eco/.
...
les Aborigènes pratiquaient une sorte d’aménagement du territoire comparable à celle des bocages européens. C’est cela que les premiers colons ont vu et dessiné.
Ces paysages résultent d’un véritable nettoyage. Les petites forêts devaient être nettoyées, débroussaillées à l’intérieur, mais étaient surtout séparées par de grands espaces sans arbres, ce qui permettait de créer des limites empêchant le feu de se propager.
... La manière dont ils pratiquaient cet entretien, a au contraire maintenu une certaine fertilité, comme l’a montré l’anthropologue aborigène Marcia Langton [1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Marcia_Langton.
...
[1] « Burning Questions : Emerging environmental issues for indigenous peoples in northern Australia », Paperback, 1998
[2] Cette thèse est soutenue par l’écrivain Bruce Pascoe dans Dark Emu : Black seeds : agriculture or accident ?, publié en 2014 par l’éditeur aborigène Magabala Books
[3] « Ces feux sont d’une telle intensité qu’ils génèrent leur propre climat. Par exemple ils augmentent la vitesse des vents et peuvent même déclencher la foudre », expliquait-elle à Reporterre.