Le confinement a jeté une lumière crue sur la précarité vécue par des Français et sur la fragilité des services publics dont on vantait auparavant la qualité. Ces éléments, l’économiste Thomas Porcher les avait décrits dans son dernier livre Les délaissés (Fayard, 2020), retenu parmi les premières sélections pour trois prix (prix de l’écrit social, du livre d’économie et le prix lycéen lire l’économie).
Selon lui, le triptyque mondialisation-financiarisation-austérité a dégradé le niveau de vie de tous, du banlieusard à l’agriculteur en passant par le gilet jaune.
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Aujourd’hui, le vrai souci, c’est la dette privée. Mais personne n’en parle. Or, elle pourrait entraîner une crise boursière si l’activité ne repart pas rapidement.
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J’ai suivi de très loin les municipales. Je me concentre plutôt sur mes travaux et mes livres. J’ai d’ailleurs cofondé l’année dernière un centre de recherche sur l’énergie et le climat, le Crecc (center of research for energy and climate change) avec Khaled Guesmi et d’autres.
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Honnêtement, on n’a pas attendu la Convention citoyenne pour le climat pour savoir que la rénovation des bâtiments était un chantier important et qu’il fallait le faire à un rythme plus élevé qu’actuellement. Déjà, le Grenelle de l’environnement avait pour cible de rénover 400 000 habitations par an, François Hollande en avait promis 500 000. Or, dans les faits, il y a en toujours deux fois moins et c’est souvent les ménages les plus aisés qui font les travaux.
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Encore faut-il que, quand le politique interroge les Français, il les écoute et qu’il ne s’en serve pas de faire-valoir pour se gargariser d’avoir fait participer des citoyens, alors que le programme était déjà bien établi avant.
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La politique est devenue un spectacle. On va avoir droit à de belles phrases, mais rien ne va changer. On voit déjà que sur la santé, ce ne sera finalement pas « un plan massif » comme l’avait promis Emmanuel Macron, que les salariés des supermarchés ont été rapidement oubliés, que la réforme des retraites doit être menée… Pour le moment, le monde d’après c’est le monde d’avant en pire.
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Les délaissés, au-delà de leurs différences géographique, culturelle ou sociale, doivent en prendre conscience et remettre en cause ce système. La lutte doit être verticale pour une meilleure répartition des richesses. S’ils ne font rien, ils trinqueront tous comme cela a été le cas après la crise de 2008.
Propos recueillis par Jean-Christophe Catalon - 20 Commentaires