A l’occasion de ses dix ans, l’Observatoire International de la Gratuité et ses 5000 coopérateurs lancent une grande campagne en faveur de la gratuité des services publics. Cette campagne, menée en trois temps, devrait permettre de mettre la gratuité au cœur des prochaines élections municipales : l’OIG publie, le 5 septembre, sous la signature de son directeur Paul Ariès, le livre-Manifeste Gratuité vs capitalisme (Editions Larousse), véritable bible des expériences de gratuité, une pétition nationale en faveur de la gratuité suivra en octobre, cette campagne débouchera sur la tenue à Lyon, début 2019, du IIe Forum international de la gratuité des services publics en présence de dirigeants des forces des gauches et de l’écologie, des collectifs luttant pour la gratuité et en partenariat avec des mouvements comme l’OMOS, l’ACU, Le Grand soir !
Défendre et étendre la sphère de la gratuité est au cœur d’une stratégie d’émancipation à la hauteur de la crise systémique, une façon de renouer avec la perspective éco-socialiste à partir de nos territoires.
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trois grands principes.
1) Premier principe : la gratuité n’a pas vocation à demeurer une exception face au marché. La gratuité ne relève pas de ce qui assure la survie et que le capitalisme n’assume pas. La gratuité de l’eau vitale, comme le propose la Fondation France-Libertés - Danielle Mitterrand est essentielle mais chaque collectivité peut décider de commencer sa longue marche vers une civilisation de la gratuité par d’autres choix. Nous appelons à constituer des îlots de gratuité qui deviendront des archipels puis des continents et enfin un nouveau monde accueillant bientôt dix milliards d’humains.
2) Deuxième principe : si tous les domaines de l’existence peuvent devenir gratuits, tout ne peut être gratuit dans chacun des domaines, c’est pourquoi nous proposons un nouveau paradigme « gratuité du bon usage face au renchérissement du mésusage ». Un exemple : pourquoi payer son eau le même prix pour faire son ménage et remplir sa piscine ? Ce qui vaut pour l’eau vaut naturellement pour l’ensemble des services publics et des biens communs !
3) Troisième principe : ce long chemin vers une civilisation de la gratuité ne consiste pas à rendre gratuits les services et produits existants mais à profiter du passage à la gratuité pour transformer ces produits et services et leur donner une valeur-ajoutée sociale, écologique et démocratique. La gratuité des cantines scolaires, comme en Suède, est ainsi la condition pour avancer vers une alimentation relocalisée, en harmonie avec les saisons, moins gourmande en eau, moins carnée, bio, etc. La gratuité des médiathèques multiplie, certes, le nombre d’abonnés, notamment au sein des milieux populaires, mais se traduit par une diminution du nombre de livres/DVD empruntés. Cette mutation très rapide est le signe que les adhérents des médiathèques gratuites ne sont déjà plus des consommateurs (en voulant pour leur argent) mais des usagers davantage maîtres de leurs usages.
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La menace d’effondrement écologique oblige à passer d’une gratuité d’accompagnement du système (cette gratuité pour les seuls « naufragés » qui ne va jamais sans condescendance ni flicage) à une gratuité d’émancipation. Ce qui est beau avec l’école publique c’est qu’on ne demande pas à l’enfant s’il est gosse de pauvres ou de riches, pourquoi ce qui reste encore vrai pour l’école ou la santé ne pourrait-il pas l’être pour les autres piliers de l’existence comme le logement ou l’alimentation ?
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La gratuité est du côté du Grand désir de vivre (Gilles Deleuze). La gratuité n’est pas une machine à réprimer des besoins mais à satisfaire des droits !