5 mois plus tard dachary Médiateur 15 juil.
Pour cela, le forum " Remarques et retours sur les contenus du module 1 " devrait suffire dans la plupart des cas. Si ça ne suffit pas, on pourra ouvrir des “wikiscussion” sur le forum chatons.
Je suis en train de suivre 1.2 Internet, ça fonctionne comment ? 1 et je réalise que j’aimerais y trouver de quoi répondre à la perplexité qui habite les personnes non techniques à l’idée que (par exemple) Nextcloud puisse être auto-hébergé. Cela fait des mois que je tente en vain de trouver une explication qui fasse mouche, rien à faire.
Je dis à une amie utilisons Nextcloud pour échapper à Google drive, j’en ai un, je t’invite. Je fais donc un compte, je configure son mobile pour que ses photos soient sauvegardées dessus, on regarde ensemble l’interface web, elle essaye par elle même sur son laptop. Le tour est joué, ça demande zéro maintenance, super illustration par la pratique.
Lorsque cette personne partage sa bonne expérience quelque mois plus tard, une dissonance cognitive se manifeste toujours: le modèle mental associé à Nextcloud est le même que celui de Google, ce sont des services en ligne concurrents et donc implicitement centralisés. C’est en contradiction avec ce que j’ai expliqué: Nextcloud est un logiciel que j’ai moi même installé, comme de nombreuses autres personnes. Mais mon explication est oubliée (et sûrement inaudible / incomprise au moment ou je l’exprime).
Concrètement cette personne revient donc vers moi assez perplexe et dit: j’ai voulu montrer à John comment utiliser Nextcloud mais je n’ai pas trouvé comment créer un compte sur https://nextcloud.com. Et toutes les variantes qui tournent autour de l’idée qu’il existe un service Nextcloud tout comme il existe un service Google drive et que mon instance auto hébergée entretiendrait donc nécessairement un lien de dépendance avec cette instance unique. Mes explications sur le fait que le logiciel tourne sur des machines qui sont sous mon contrôle semblent revenir sans cesse a l’idée que je les fais tourner sur mon laptop, comme on peut faire tourner un navigateur sur son laptop, ou bien un client Dropbox.
Je vois bien que la confusion se niche dans la distinction trop technique mais essentielle qui existe entre:
Un logiciel et un service en ligne
Un service centralisé et un service auto-hébergé
Un logiciel qui permet d’accéder à un service en ligne et un logiciel qui fait tourner un service en ligne
Une machine personnelle et un serveur hébergé
Est-ce que ça évoque quelque chose a quelqu’un ?
...
pyg Membre de CHATONS 6j
Le sujet m’intéresse aussi (on y travaille à Framasoft, et ça sera probablement au coeur de nos missions de l’année 2021).
A cette complexité cognitive s’ajoute potentiellement celle des outils fédérés.
On a tenté plusieurs approches :
les articles blog : (au hasard) https://framablog.org/2018/05/23/comment-reparer-les-medias-sociaux-et-faire-encore-mieux/ - https://framablog.org/2019/03/07/la-fee-diverse-deploie-ses-ailes/ - et + largement https://framablog.org/tag/activitypub/
les articles presse : https://www.nextinpact.com/article/28202/106357-peertube-youtube-decentralise-passe-en-beta-publique https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/12/27/chez-framasoft-des-chatons-pour-sortir-des-gafa_6024230_4408996.html (et + largement https://wiki.framasoft.org/speakabout )
les vidéos animées : https://framatube.org/videos/watch/9c9de5e8-0a1e-484a-b099-e80766180a6d
le soutien à d’autres projets comme https://joinfediverse.org/
des travaux techniques https://frama.link/ActivityPubTech ou + philosophiques https://frama.link/ActivityPubPhilo
le co-financement d’une thèse (qui a débutée… cette semaine, on vous en reparlera)
etc
(et, vraiment, cette liste est très, très loin d’être exhaustive)
Bref, on a beaucoup investi (en temps, argent, énergie).
Mais on est d’accord que, même sans parler du fediverse, le simple fait de rendre “palpable” que « Le cloud, c’est l’ordinateur de quelqu’un d’autre » demeure complexe.
Ca fait longtemps que j’aimerai arriver à dépasser cette complexité, qui est pour moi due à différents facteurs :
globalement, les libristes sont mauvais en communication (y a évidemment des exceptions, c’est une généralité, mais je pense qu’elle est fondée)
comme nous “comprenons” bien comment fonctionne internet, nous avons tendance à partir bille en tête sur les problématiques (la centralisation, la surveillance, la publicité, la dépendance, l’aliénation, etc), avant même de refaire la pédagogie de base (« Il se passe quoi quand je tape “Facebook.com” dans mon navigateur ? »). Y a eu des initiatives, hein (qui se souvient de OVEI « On vous explique Internet » ? ). Mais franchement, on est encore à la ramasse. On trouve des “trucs” sur le web qui explique ça plus ou moins bien (au pif je viens de tomber sur https://www.youtube.com/watch?v=9UMvyfT4V_Y ou https://www.youtube.com/watch?v=_zLURXYF6ag ), mais du coup, nous, libristes, on a pas vraiment de contenu libre rapidement compréhensible (non, les 6H de confs de B. Bayart, même si c’est super, c’est pas “rapidement compréhensible”).
Enfin, un point que je ne néglige pas, mais qui ne doit pas faire qu’on se cache derrière notre petit doigt, c’est qu’on doit faire face à un mouvement, une vague, un tsunami même : celui de la prolétarisation des internautes par les GAFAM. Le business model des GAFAM n’est en effet possible que si une composante, un socle est solide : les internautes ne doivent pas comprendre comment ça marche ! Que ça soit une page web (sinon je sais que je peux masquer des éléments ou utiliser un bloqueur de pub), la surveillance numérique (sinon, je peux prendre des contre mesures), ou plus simplement le réseau internet (sinon, je serai en capacité de m’interroger sur l’ultrapuissance des GAFAM/BATX/NATU). Pour moi, c’est un point très important et qu’on a tendance à négliger : ces boites dépensent des milliards (littéralement) pour implanter et faire croitre l’idée que “le numérique c’est compliqué, et qu’il faut le laisser à des gens sérieux”. Et comme ce ton paternaliste ne plait pas, c’est devenu “le numérique, grâce à Google/Apple/Facebook/etc, c’est magique”. Rien que le terme de “cloud” est pour moi très révélateur : c’est au dessus de toi, tu ne peux pas les toucher les nuages, c’est… juste là.
Donc, pour pouvoir “faciliter la compréhension de la décentralisation”, il faut arriver à mon avis à jouer sur ces 3 tableaux en même temps :
avoir une vraie stratégie de communication (en essayant malgré tout de ne pas reprendre bêtement le trio cognitif, affectif, conatif du marketing communicationnel, je pense qu’on vaut mieux que ça). Et ça, pour moi, ça veut dire s’entourer de gens qui savent faire, donc hors milieu du libre. Et donc d’avoir un peu de thunes pour financer ça.
il faut qu’on déconstruise un peu de “qui on est”, et ça c’est compliqué. Doit y avoir sur ce forum +80% de mecs, blancs, éduqués. Avec une bonne proportion d’ingés. Ca nous a formaté. Notamment sur les questions techniques (“je vois un problème, je cherche une solution”). Typiquement, je pense qu’on est carrément nuls sur les questions d’empathie : “Je vois que tu as un problème, au lieu de te proposer une solution, ben je vais juste te dire que je suis là pour t’écouter si tu veux en parler”. Juste ça. On va pas se mentir, y a déjà les trois quarts des mecs qui me lisent qui se disent “ben ok, mais une fois que j’ai écouté la personne, je vais lui proposer des solutions. C’est bien non ?”. Ben non, ça c’est notre formatage, notre éducation. Et ça nuit fortement à notre capacité à porter des messages. Vraiment. Nous sommes qui nous sommes et je ne demande à personne de changer. Mais par contre on peut se regarder dans le miroir et reconnaître nos biais.
Sur le tsunami communicationnel (propagandiste ?) des GAFAM, je n’ai pas d’autres pistes que celle de l’éducation populaire (y en a sans doute d’autres, mais c’est la seule valable que j’ai trouvée). Se poser le cul sur une chaise, ouvrir ses chakras, et travailler l’esprit critique. Collectivement.
Frontalement, on ne peut pas lutter contre leurs milliards. Il n’y a donc que dans les marges qu’on peut travailler. Mais ces marges sont inexplorées et à mon avis bien plus grandes que ce que l’on pense. Contourner la montagne plutôt que taper dedans. Honnêtement, je ne sais pas.
Bref, désolé pour le côté un peu lyrique de l’intervention. Le TL;DR; c’est
on (les chatons) a conscience du problème
on (Framasoft et d’autres) a essayé pas mal de choses
difficile d’estimer le succès ou l’échec des ces “choses”, parce qu’il faut voir qu’en face on a des putains de buldozers géants. Mais ça ne veut pas dire qu’avec nos sabots et nos coupe-ongles on a servi a rien.
si on veut aller plus loin, il faut explorer d’autres stratégies, et se donner les moyens de les mettre en oeuvre.
Je vous ai bien avancé, hein :stuck_out_tongue:
Connu / https://twitter.com/JohanRicher/status/1319247912631750656
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@pyg@framapiaf.org a retweeté Johan Richer @JohanRicher · 8h
GAFAM vs reste du monde : pourquoi la communication sur l'auto-hébergement et les services web décentralisés a du mal à passer ?
Face à ces bulldozers numériques, @pyg propose une voie simple : un peu d'humilité et beaucoup d'éducation populaire ! A lire Index pointant vers la droite
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